L’Initiative de Résurgence du mouvement Abolitionniste (IRA) accuse le président mauritanien, Mohamed Ould Abdel Aziz, de faire obstacle au fonctionnement de la justice à travers le blocage de plusieurs dossiers dénonçant des pratiques esclavagistes et de garantir l’impunité en faveur d’officiers accusés d’avoir une responsabilité dans les exécutions extra-judiciaires de militaires négro-africains en 1990 et 1991, dans une déclaration rendue publique mardi soir.
« Des centaines de dossiers portant sur des pratiques de l’esclavage introduits par l’IRA et SOS Esclaves dorment encore dans les tiroirs des tribunaux à cause des injonctions du général empêchant les juridictions nationales de convoquer et d’entendre les présumés esclavagistes », peut-on y lire.
Une attitude du pouvoir qu’il tente de justifier par « un souci de préservation de l’unité nationale et de la cohésion sociale, comme si l’une et l’autre sont intrinsèquement liées à la nécessité de perpétuer les pratiques esclavagistes », s’insurge l’ONG.
L’organisation, qui note une volonté de continuité dans le discours d’investiture du président Mohamed Ould Abdel Aziz, prononcé le samedi 02 août dernier, se demande alors si c’est une telle politique que compte poursuivre le chef de l’Etat mauritanien au cours des 5 prochaines années.
Le mouvement rappelle par ailleurs les conditions d’organisation de l’élection présidentielle du 21 juin 2014 marquée par « toutes les formes de violation : usage des deniers publics à des fins partisanes, achats de consciences, implication abusive de l’administration et des forces armées et de sécurité, instrumentation des tribus, bourrage des urnes et mise en scène d’une Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI) dépourvue de tout crédit ».
« Les menaces du général ne bloqueront la roue de la lutte pacifique », avertissent les amis de Biram Ould Dah Ould Abeid.
En dépit d’une abolition formelle en 1981, une criminalisation par une loi adoptée en 2007 et une interdiction à travers la constitution au cours des dernières années, l’esclavage reste un sujet hautement polémique entre le pouvoir en Mauritanie, qui reconnaît des séquelles, et les associations antiesclavagistes, dénonçant une pratique massive et permanente dans certaines zones, couverte par « l’impunité ».