Au beau vieux temps de la belle époque de la vraie école, même les plus médiocres des élèves distinguaient entre année bissextile, année ordinaire et année commerciale. Les 366 jours. Les 365 jours. Les 360 jours. Il y avait une technique pour le savoir. Il y avait un calcul à faire, pour savoir si les jours du mois de Février sont 29 ou 28. Il y avait une technique à faire pour savoir quel mois fait 30 jours et quel mois en fait 31. C’était le bon vieux temps. Bon. Passons. Une année, c’est, en tout cas, plus de trois cents soixante jours. Une journée pour l’arbre. Une journée pour les droits de l’homme. Une journée pour le SIDA. Une journée pour la drépanocytose. Une journée pour l’asthme. Une journée pour les forces armées. Une journée pour la malaria. Une journée pour l’enfant. Une journée pour la transparence. Une journée pour l’esclavage. Une journée pour ZIKA. Et, j’allais oublier la cerise, une journée pour la femme. Les autres jours de l’année – je suppose : toutes les autres journées qui restent – ce sont des jours de l’homme. Il en fait ce qu’il veut. En use et en abuse. Va où il veut. Se promène. Casse tout sur son passage en promettant d’être très sage le jour de la journée de la femme. Sans laquelle il n’est rien. Imaginez un monde sans femmes. Ça va être quoi, un monde sans femmes ? Y aura pas de couscous. Pas de yassa. Pas de soupou kandié. Pas d’encens made in Bamako, Dakar ou Dubaï. Pas de melehfas. Probablement pas de jupes ni de henné. Probablement, puisque c’est pas facile, pour un homme, de se transformer en femme. Ça existait, pourtant : les Ahmed lemreya (Ahmed la femelle). Une vieille version des homosexuels. Enfin, bref, tout ça, c’est toujours pas l’égalité. Les femmes, les épidémies, les arbres, les droits et autres n’ont que quelques jours sur les plus de trois cents que comptent l’année. Les hommes, tout le reste. Il faudrait diviser la poire en deux : au moins cent cinquante journées de la femme et cent cinquante journées de l’homme. Les autres pour les maladies, les animaux et autres arbres, droits, principes et valeurs. Vous savez, cette histoire d’homme et de femme, si l’on met de côté la religion, c’est comme poule et œuf. Sans homme, pas de femme. Sans femme, pas d’homme. Et l’on ne s’en sort pas. C’est le mélange. Derrière chaque grand homme, il y a une femme, nous dit-on. Qui lui chuchote à l’oreille de faire un coup d’Etat ou de ne pas le faire. De faire ou de ne pas faire. On peut donc paraphraser en disant que, depuis quelques temps, derrière chaque grande décision (bonne ou mauvaise), il y a une femme. Ce sont elles qui gouvernent. Qui gèrent. Qui montent. Qui descendent. Chez nous, la femme est le pantalon de son homme. Ce qui suppose que lui, il est sa jupe. Chez nous, pas besoin de lui instituer une journée. Elle a tout le temps pour elle. Pour marcher là où elle va. Dire ce qu’elle veut. Faire la bêtise qu’elle veut. On vous dira toujours que c’est une femme. Florilège : mais c’est une femme… Laisse ça, c’est une femme… Ha, ha, ça, c’est une femme ! Pardonne-moi. Ne dis pas ça, c’est une femme… La femme, c’est notre maman, notre épouse, notre sœur. C’est une opinion de femme. Pour dire de ne pas faire. Ce n’est pas gentil, de la part des hommes, d’affubler la femme. Et attendre son jour de l’an, pour lui demander pardon. Les femmes existent depuis les indépendances en Mauritanie. Je parle pas d’avant. Les femmes d’avant, c’était pas comme maintenant. Elles sont rectifiées depuis quelques années. Avant ça, c’est pas comme aujourd’hui. Le gavage. Les grosses rondeurs. Les fesses même. Imaginez les femmes sans ça. C’est juste bon pour les strapontins. Les acquérir. Les remplir. Les mériter. Sans les femmes, rien ne peut marcher. Avec elles, tout va s’arrêter. Paraphraser n’est pas plagier. Exactement comme une femme n’est pas un homme. C’est un « peu trop » (excusez l’oxymore) mélangé. Avec le temps qu’il fait, impossible de distinguer les hommes des femmes. Les pantalons et les jupes ne servent plus à faire la différence. Y a plus que le 8 Mars pour cela. Salut.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».