« Les femmes mauritaniennes, en dépit des avancées majeures notées ces dernières années, restent confrontées à des problèmes majeurs notamment le chômage, l’accès encore limité aux postes de décision où on note encore un grand écart », a relevé Mme Dewel Diop.

La présidente du réseau Espace Femmes Mauritaniennes à visions croisées s’exprimait, lors d’un rassemblement, tenu jeudi soir (10 mars) à Sbeikha, dans le département de Toujounine. Le réseau entreprend depuis le 8 mars, dans le cadre des festivités du 8 mars, une vaste campagne de sensibilisation des femmes dans les trois régions de Nouakchott.

« Beaucoup reste à faire depuis  les engagements pris par les Etats en 1995, lors du sommet de Beijing », souligne Mme Diop. Selon elle, la déperdition scolaire et les mariages précoces restent  forts. L’accès des femmes mauritaniennes aux écoles supérieures reste encore limité. Constatant la recrudescence des violences sexuelles matérialisée par des viols souvent de petites filles et l’impunité dans bien des cas à travers des arrangements (maslaha), les violences conjugales et les libérations des délinquants sexuels , la présidente a réclamé une criminalisation des viols

Présidente également de l’Association pour la promotion des initiatives féminines, Mme Diop déplore que les travaux au quotidien soient encore de nos jours à la charge des femmes avant d’appeler à un partage des tâches. Elle a évoqué  tour à tour les conditions pénibles des femmes en milieu rural non sans mettre un accent particulier sur  la réussite notée dans le maraîchage, conviant du coup  les autorités à mieux valoriser la situation de celles-ci à travers leur accès à  juste titre aux terres. Mme Diop a plaidé aussi pour l’institution de financements spécifiques aux femmes à travers des crédits bancaires permettant la mise en place d’activités génératrices de revenus.

Le maire adjoint de Toujounine, Ahmedou Ould Boubacar a exprimé la disponibilité de sa commune à épauler des actions de sensibilisation permettant d’améliorer la santé de la mère et de l’enfant.

Une seconde soirée de sensibilisation s’est déroulée ce jeudi à Bouhdida. Différentes oratrices ont souligné, à travers des messages essentiels qu’elles ont véhiculé l’importance des visites prénatales, l’espacement des naissances, un soutien accru aux femmes victimes de divorces et se retrouvant du coup cheffes de famille

La célébration de la fête du 8 mars constitue un moment fort et permet d’évaluer les avancées notées dans les droits des femmes et les lenteurs enregistrées.

 Mis en place en novembre 2015, Espace Femmes Mauritaniennes à visions croisées représente les différentes associations féminines dans leur diversité. Après la table ronde qui a permis de décliner les objectifs de l’opération, ce fut au tour des départements de Sebkha et d’El mina de servir de rampe de lancement. Ce vendredi 11 mars, ça sera au département de Arafat de recevoir  la caravane, puis Dar Naïm avant le bouquet final à Riad. C’est sur fonds propres que les différentes ong ont décidé d’initier cette campagne. « C’est une manière de montrer la voie et de ne pas attendre un bailleur de fonds», font-elles remarquer.