« Un nouveau discours de la Baule s’impose pour rappeler aux pays africains qu’il est important que tous s’engagent dans une véritable refondation de la démocratie », écrivait le quotidien Le Monde à la veille du sommet franco-africain consacré à la paix et à la sécurité en Afrique, tenu en décembre 2013 en France.
Sous un format presque identique, le président américain Barak Obama va recevoir plus de 40 leaders du continent africain dans le cadre d’un sommet consacré au commerce et à l’investissement, avec un accent important sur l’avenir et les problèmes de jeunesse, prévu les 05 06 août prochain.
L’incontournable équation sécuritaire dont la manifestation la plus basique est le terrorisme sera également abordée.
Mais la véritable toile de fond et la motivation du sommet dégage une forte odeur de pétrole et de gaz dans un continent bien doté en la matière, les USA cherchant désormais à rattraper le retard pris par rapport à la « très agressive » chine.
Parmi les invités du patron de l’exécutif américain figurent certains chefs d’Etat fascinés par l’exercice du pouvoir, qui seront frappés par la forclusion lié à la limitation de leur mandat entre la fin 2014 et 2015, susceptibles de procéder à un charcutage de la loi fondamentale de leur pays pour rester aux commandes.
Face à ces leaders, happés par le vertige du pouvoir et prenant leur constitution comme une simple serviette hygiénique, le puissant partenaire américain procédera à une petite pique de rappel. " Ce dont l’Afrique a besoin, ce ne sont pas des hommes forts mais des institutions fortes", a dit un jour Obama.
Au-delà, tous rentreront à la maison pour faire face aux préoccupations domestiques, et le moment venu, procéder à la modification constitutionnelle « en réponse à une demande pressante » du peuple.
Alors il y a lieu de s’interroger sur les raisons profondes qui font que les hommes qui gouvernent le continent africain, sauf en de rares exceptions qui confirment la règle, s’accrochent à l’exercice du pouvoir.
La réponse coule de source : la vague de démocratisation des années 1990 n’a pas changé les pratiques de gouvernance marquées par le détournement des deniers, la corruption, la prévarication, le clientélisme et toutes les autres pratiques néfastes qui plombent le développement de nos pays.
Un constat du au fait que le paradigme de la gouvernance reste inchangé depuis des lustres.
Ces maux qui freinent naturellement le développement du commerce, l’investissement et compromettent l’avenir des générations futures, thème centrale de la rencontre de Washington.
Ainsi, les princes qui gouvernent s’accrochent au fauteuil pour continuer à bénéficier du « blindage » de l’immunité et éviter toute mauvaise surprise sous forme de poursuites judiciaires.
Cependant, l’éradication de ces fléaux ne peut provenir que d’un combat pacifique et démocratique endogène des peuples africains, car les solutions imposées de l’extérieur à l’image de la démocratie version La Baules, ont montré leurs limites.
La conséquence de ces difficultés politiques : une économie certes en croissance, dont les fruits sont mal répartis, et inapte à rentrer dans un véritable processus de transformation synonyme de développement.
Seck