La Mauritanie avance comme elle peut. Celui qui se retrouve dans une forêt doit gazouiller comme ses oiseaux. C’est ça qu’on dit, ici. C’est même ça qu’on fait, ici. Regarde. La Mauritanie, c’est quoi ? C’est un assemblage. Ou, si tu préfères, un attelage. Il n’y a pas de grande différence entre les deux mots. Assemblage, c’est des choses de ci, de là, partout, si bien qu’on a un gros amas : des choses au-dessus, des choses en-dessous. Ensemble. Bien mélangées. Un attelage, déjà, tu sens les ânes, les charrettes et autres jougs. En Mauritanie, il y a tout le monde. Les quatre points cardinaux tant aimés de beaucoup. Les régions, les groupes, suivant les goûts et les couleurs. C’est de tout ça que la Mauritanie est faite. Tous les présidents l’ont compris. Comme ça. Du premier civil jusqu’au dernier militaire. Pour faire un monde, il faut de tout. Du gasoil. Achète ou n’achète pas, c’est ton problème. Du pain. Noir ou blanc, c’est pas important. L’essentiel est que ça descende en bas. Le ventre est un trou noir. Ce qui y aboutit est bon. C’est la vraie démocratie. Viande hachée. Méchoui. Poulet. Lait. Bouillie. ‘’Guerté’’. Biscuit. Poisson. Poison. Un aliment. Une voix. Il faut du riz. Il faut de l’huile. Des hangars. Des V8. De la drogue. Des bulletins de vote made in Londres. Donc, comment prétendre bâtir un pays sans militaires ? Ou sans civils ? Il faut les deux pour faire un pays. Une armée, c’est quoi ? C’est un soldat, un sous-officier et un officier. Maintenant, il y a petit soldat, sous-officier moyen et grand officier. Ce sont des grades. Général, tout simplement. Général de brigade. Général de corps d’armée. Les gens de l’opposition vous diront que ça, c’est pas important. Comment ça, c’est pas important ? C’est la première fois, dans l’histoire de la Mauritanie, que des citoyens se retrouvent si haut gradés. Dis-moi, qu’est-ce que le Sénégal ou le Bénin ont plus que nous ? Y a longtemps qu’ils ont leurs généraux. Mais ici, dès que tu as un général, un colonel ou un commandant, les gens mauvais – ou mauvaises gens, je ne sais pas – te disent : il est comment ton général, ton colonel, ton commandant ? Blanc ou « noi’ » ? (comme disent nos amis ivoiriens), bidani, hartani ou kowri ? Comment sont ceux-ci ? Combien sont ceux-là ? Y a qu’en Mauritanie où l’on fait attention à ça. Ils vont même plus loin, jusqu’à te dire que ce capitaine et ce commandant promus, respectivement, commandant et colonel sont du BASEP. C’est quoi ça ? Va là-bas ! Au dernier petit remaniement ministériel, c’était du « si ce n’est toi, c’est donc ton frère – mais, hé ! Je n’en ai point ! – C’est donc un de tes tiens car vous, vos cousins et vos siens, vous m’applaudissez tant, il faut que je vous récompense ». Deux adages nous apprennent que celui qui t’a reconnu par ton frère, t’a reconnu par toi-même et que ce que je n’ai pas pu obtenir, qu’Allah le donne à nos frérots ! Un méchant disait que Mohamed Ould Abdel Aziz « blanchissait » les pas de Maouiya ould Sid ‘Ahmed Taya, dans toutes ses pratiques, avec quelque chose en moins. Allez savoir qu’est ce que c’est. Cinq de partis. Cinq d’arrivés. Quand un militaire meurt, un autre prend sa place. Nos ministres sont de véritables militaires. Il y a des leçons à tirer de ce petit « pousse-toi d’là que mon cousin s’y mette ! ». Un : que « Tesfag » ne prémunit pas contre les chutes brutales. La preuve. Deux : que, sans dosage, rien ne va. Trois : qu’avec dosage, tout est foutu. Quatre : que le bricolage et l’improvisation ont encore de beaux jours devant eux. Toute la tribu passera. Attendez votre tour. Ça viendra. D’ici 2019. Ou après. Tenez bon. Nessiba Macina. C’est un joli nom de métis. Deux affaires totalement aux antipodes l’une de l’autre. Quartier populaire d’El Mina. Imprimerie londonienne qui aurait versé de l’argent à des responsables mauritaniens. Les Mauritaniens sont spécialistes de grossir les choses. Devaient aller à Doha. Sont pas allés à Doha. La République tremble. Anguille sous roche. Corruption de haut fonctionnaire. Si cela m’était conté. En Mauritanie. Du sommet à la base. Salut.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».