Le Calame : Après la rencontre entre le FNDU et le monsieur dialogue du pouvoir, Ould Mohamed Lagdhaf et le refus du pouvoir de répondre par écrit au mémorandum du FNDU, peut-on dire que les portes du dialogue sont définitivement closes?
Saleh Ould Hannena: Le Président du FNDU a rappelé la nécessité d’avoir une réponse écrite au mémorandum du Front. Nous considérons que la balle est dans le camp du pouvoir aujourd’hui. S’il est sérieux dans la recherche de solutions à la crise politique, économique et sociale qui secoue le pays depuis 2008 jusqu’à ce jour, il doit répondre à ce mémorandum par écrit et le plus tôt possible car chaque minute compte et contribue à approfondir la crise.
En l’absence de cette réponse écrite, nous considérons que le pouvoir ne veut pas de dialogue et préfère laisser la porte ouverte à toutes les éventualités.
-Après une longue absence sur le terrain, concentré qu’il était sur les tentatives de dialogue avec le pouvoir, mais aussi au lendemain d'une marche réussie à Nouakchott, le 9 décembre, le FNDU a décidé de tenir des meetings à l’intérieur du pays. Peut-on connaître les motivations de vos sorties?
-L’absence sur le terrain n’a été aussi longue comme vous l’avez qualifiée, car nos activités ont été suspendues pour la période des vacances politiques qui ont commencé avec le Ramadan et se sont achevées avec la rentrée scolaire. Dès le mois d’octobre, nous avons commencé à préparer notre plan d’action qui a commencé par la marche que vous avez citée et qui se sont poursuivies avec les meetings que nous avons entamés par celui de Nouakchott Sud et qui continueront pour toucher les autres régions de Nouakchott et les principales wilayas de l’intérieur.
En ce qui concerne les motivations de nos sorties, elles sont claires. Le FNDU a toujours été aux côtés des populations. Ces sorties vont nous permettre de renouer les liens avec nos bases populaires et avec nos militants, de s’enquérir directement de leurs situations et de leurs problèmes et de partager avec eux leurs souffrances causées par les mauvaises politiques du régime en place et en particulier les hausse vertigineuse des prix des matières de première nécessité, l’absence des services élémentaires (Enseignement, santé, eau potable, etc.).
-Où en êtes-vous avec des tentatives de rapprochement dont on parle entre le FNDU et le président de l’APP, Messaoud Ould Boulkheir et vos rapports avec le RFD?
-Le FNDU a eu toujours de bonnes relations avec l’APP et avec son Président Messaoud ould Boulkheir. Nous avons eu, ces derniers jours, des entretiens avec le Président Messaoud en vue d’échanger avec lui les points de vue sur la situation que vit le pays. Ces entretiens ont été très riches et fructueux.
En ce qui concerne le RFD il est, et a toujours été, l’un des piliers du FNDU voire le principal pilier. Il a eu une position par rapport à la forme du contact à avoir avec le pouvoir et c’est son droit le plus absolu car, comme vous le savez, le FNDU est un ensemble de partis, de syndicats et personnalités indépendantes dont on doit respecter les particularités et les visions des choses.
En dépit de la dégringolade du prix du baril de pétrole dans le monde, le gouvernement mauritanien se refuse à faire baisser le prix du gasoil à la pompe, pis, les prix des produits de première nécessité ont enregistré, depuis le début de l’année, une hausse vertigineuse. Que répondez-vous aux citoyens qui jugent l’opposition dans son intégralité très peu « audible » et "pas du tout efficace" sur ce front social ?
-Comme vous le savez les prix du pétrole ont connu une baisse vertigineuse. Cette baisse devrait, nécessairement, se traduire par une baisse des prix à la pompe comme cela a été le cas dans tous les pays du monde. Mais notre pays a été, malheureusement, une exception à cette règle. Car le gouvernement se refuse de faire baisser les prix pour des raisons qu’il ne veut et ne peut pas dévoiler.
Plus grave encore, le porte-parole du gouvernement a déclaré, tout récemment, que les prix ne baisseront pas et que la baisse que nous réclamons, haut et fort, et que réclament les manifestations quotidiennes de la rue, sert uniquement les riches, que les pauvres n’ont pas besoin du carburant et que cela n’a aucune répercussion sur leur vie quotidienne.
Il est inutile de rappeler que cet avis est infondé et que le carburant rentre, nécessairement, dans le coût de revient de tous les produits et par conséquent se répercute, directement, sur le porte-monnaie du citoyen lambda.
Le FNDU a, toujours, été le porte-parole du citoyen et pose, en permanence, ses problèmes mais le pouvoir exécutif en Mauritanie se refuse d’entendre nos doléances et par conséquent celles des citoyens. Il continue sa fuite vers l’avant à l’instar de la politique de l’autruche.
Je vous remercie vivement pour m’avoir permis de contribuer, modestement, à éclairer l’opinion publique nationale et internationale sur la réalité du vécu dans notre pays.
Propos recueillis par Dalay Lam