Le projet de lutte contre les pratiques de l’esclavage en Mauritanie de la Confédération libre des travailleurs de Mauritanie (CLTM), fiancé par l’agence de coopération espagnole (AECID) a organisé, le vendredi et dimanche dernier, à Sebkha et à Dar Naim, des meetings de sensibilisation sur les textes de loi criminalisant les pratiques de l’esclavage et ses séquelles en Mauritanie.
Présidées par le secrétaire général de la CLTM, Samory Ould Beye et le chef du projet Dr Moctar Ould Moukhaitir, ces journées de sensibilisation ont pour but d’informer sur les instruments juridiques permettant aux citoyens, victimes d’esclavage, de se défendre et aux syndicalistes d’interpeler les responsables chargés de l’application de ces textes.
L’arsenal juridique en question est composé des ordonnances N° 81-134 du 9 novembre 1981, N° 83 – 127 du 5 juin 1983, portant respectivement l’abolition de l’esclavage, la réorganisation foncière et domaniale ; la loi N° 2007 – 48 du 3 septembre 2007 criminalisant l’esclavage, la loi Constitutionnelle N° 2012 – 015 du 20 mars 2012 portant révision de la Constitution du 20 juillet 1991 et quelques recommandations de la feuille de route pour la lutte contre les séquelles de l’esclavage…
Prenant la parole le premier, Dr Moctar Ould Moukhaitir, chef du projet de lutte contre les pratiques de l’esclavage en Mauritanie a rappelé les objectifs du projet, à savoir, vulgariser auprès des citoyens les textes approuvés par les pouvoirs publics dans la lutte contre l’esclavage en Mauritanie, de renforcer les capacités des syndicalistes, de favoriser le renforcement de l’unité et la cohésion sociale. Dans ce cadre, ajoute-il, le projet a organisé plusieurs activités : des missions de sensibilisation dans l’ensemble des régions, Nord, Sud, Centre et Est du pays. Parallèlement à cela, poursuit Ould Moukhaitir, le projet a tenu des sessions de formations au profit des syndicalistes sur les techniques de communication, les techniques de dénonciation et d‘interpellation des pratiques de l’esclavage en Mauritanie.
Prenant la parole à son tour, le secrétaire général de la CLTM a expliqué le contexte qui a conduit à la création du projet de lutte contre les pratiques de l’esclavage grâce à la coopération espagnole. Pour Ould Beye, depuis l’indépendance, « les gouvernements mauritaniens n’ont jamais traité les citoyens du pays sur les pieds d’égalité, certains sont choyés, tandis que d’autres sont marginalisés, privés même des droits les plus élémentaires, réduits en esclaves…. » Face à cette situation, les militants anti-esclavagistes se sont dressés pour réclamer plus de « droits économiques, politiques et sociaux ». La mise en place de l’arsenal juridique que le projet est en train de vulgariser est « l’aboutissement d’un long processus, d’un long combat, » indique Ould Beye qui se hâte cependant de recadrer : « l’élaboration et l’adoption par le gouvernement d’un arsenal juridique criminalisant même l’esclavage n’a pas changé grand-chose dans les conditions de vie des harratines, parce que tout simplement, les textes ne sont pas appliqués, la justice est aux mains des esclavagistes, aux féodaux ; ils sont simplement destinés à la consommation intérieure et aux partenaires au développement du pays », regrette Ould Beye. C’est pourquoi, le SG de la CLTM a appelé les citoyens, notamment les harratines, victimes de cette « pratique abominable », à « s’approprier l’arsenal juridique, à maintenir la pression pour changer leur situation.»
Signalons que Nouakchott constitue la dernière étape de cette vaste campagne de sensibilisation du projet.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !