Une aliénée mentale sème la terreur
Nouakchott pullule de malades mentaux et de débiles fréquemment sources de dangers. Mais les autorités font la sourde oreille à ce sujet et refusent d’assumer leurs responsabilités. Pourtant, les fous en liberté agressent des gens ; les blessent, parfois grièvement. Un aliéné mental étranger tua même un gosse, en 2004. Mais, si l’on porte plainte à la police, on se voit répondre que cela ne fait pas partie de ses compétences : « Adressez-vous plutôt à la direction de la Protection civile ». Las ! Contactée, celle-ci se borne à répondre qu’elle n’intervient, elle, qu’en cas d’incendie ou autre catastrophe…
Nous avons évoqué, en de précédentes éditions, quelques célèbres cas : Fatou, qui assène de violentes gifles à tout homme qu’elle croise ; ou cette autre qui brise pare-brise et vitres des voitures pour en récupérer religieusement les débris... Une nouvelle et dangereuse maniaque est entrée en scène tout dernièrement. A contrario de Fatou, celle-ci n’attaque que le sexe faible. Jalousie ? Mystère et boule de gomme. Toujours est-il qu’elle circule le plus souvent, au quartier Carrefour Madrid, l’après-midi. Elle a déjà plusieurs victimes à son « actif » et certaines sont dans un état grave.
Il y a quelques jours, vers dix-sept heures, devant le complexe commercial Moujammaa El Beït où se presse, comme d’habitude, une foule de vendeurs de cartes de recharge et de mendiants, une voiture se gare au trottoir. Une dame, la cinquantaine environ, en descend et se dirige vers le supermarché. Soudain, une femme mince, de teint foncé et habits en haillons, fonce vers elle. « Une mendiante », se dit la dame qui commence à ouvrir son sac pour lui faire l’aumône. C’est alors que la folle tire, de son panier, un énorme gourdin et, bing !, en assène un violent coup sur le crâne de sa victime du jour. Celle-ci s’écroule, inanimée et baignant dans le sang. On l’évacue d’urgence vers une proche pharmacie pour recevoir les premiers soins. Quant à la foldingue, elle restera plantée, un bon quart d’heure, devant le Moujammaa, interdisant à quiconque d’entrer ou sortir, avant d’être chassée par les agents de la sécurité.
Calme relatif à Dar El Beïdha
Dar El Beïdha est un quartier populaire périphérique, en face des PK 7 et 8 de Riyad. Constitué en 2000, lorsque les habitants de divers bidonvilles y furent transférés, il fait administrativement partie de la volumineuse moughataa d’El Mina. L’insécurité y règne en maîtresse quasiment absolue, tant les délinquants y sont légion. Doté assez vite d’un poste de police, il ne lui aura donc fallu que quelques années – très exactement en 2010 – pour s’en voir pourvu d’un second : le commissariat de police d’El Mina 3. Depuis lors, ses violons ne désemplissent pas. Chaque jour amène son lot de crimes, délits et déferrements au Parquet. Plusieurs meurtres y ont été déplorés, le dernier en date il y a peu.
A Dar El Beïdha, la norme est donc de ne jamais mettre le nez dehors la nuit. Mais les choses seraient-elles en voie de changer ? Une source de police digne de foi nous a ainsi affirmé qu’aucun délit ni crime n’y a été enregistré, au cours de la semaine écoulée. Situation totalement inédite, les cellules du commissariat sont vides. Fruit de la nouvelle stratégie sécuritaire appliquée, tout dernièrement, par les autorités, où l’on voit toutes les forces de sécurité unir leurs efforts, dans tous les quartiers de la ville ? Quoiqu’il en soit, voilà les habitants de Dar El Beïdha soulagés. Pourvu que cela dure !
Dakhal chi revient en force
« Dakhal chi » est un mode de braquage à main armée très répandu à Nouakchott. Il apparut en 1994, lors du transfert de la kebba d’El Mina à Riyad, abandonnant de grands espaces vides aux jeunes voyous qui s’y embusquèrent, la nuit, pour délester, sous la menace d’armes blanches, tout passant du contenu de sa poche. Ses « pionniers » sont devenus de célèbres et redoutés bandits, à l’instar de « Van Dame », Abdallahi « le vainqueur », son frère Bah, Abdallahi « Lekhal », Samba « Caoutchouc », Yacoub « Cristophe », Ely « Lahmar » ou Mohamed « Lowrak ».
On leur doit le climat de psychose qui s’est emparé des quartiers sud, avant de se répandre dans tout Nouakchott. Des bandes entières de « Dakhal chi » ont été arrêtées, déférées et écrouées. Un phénomène devenu cyclique et fluctuant dans l’espace, entre pauses et recrudescences. Actuellement, c‘est à Mellah, Tarhil, certains coins reculés d’Arafat et de Toujounine, qu’armés de couteaux, la nuit, des groupes de «djenks » font la loi. Dans les autres quartiers, les patrouilles de la garde veillent au grain, raflant tout suspect.
Mosy