Yacoub ould Moine, le président de l’Alliance Nationale Démocratique (AND), le tout nouveau parti politique reconnu, par les services du ministère de l’Intérieur en un clic, multiplie des initiatives. L’ancien député RFD qui marqua de son empreinte la dernière législature ne rate, en effet, aucune occasion pour se positionner. Quasiment au centre – dans les deux sens du terme… – de la scène politique. Après avoir claqué la porte de son désormais ancien parti, pour marquer son opposition aux réticences de celui-ci à tout « semblant de dialogue » avec le pouvoir, Ould Moine vole désormais de ses propres ailes, en capitalisant son expérience politique. Ses détracteurs ne manquent pas de le suspecter de « connivence » avec certains proches du régime. Ceux-ci l’auraient convaincu de quitter le bateau RFD que le pouvoir en place jurait de perdre, depuis le refus d’Ahmed Ould Daddah de reconnaître la légitimité de Mohamed ould Abdel Aziz, après le scrutin de Juillet 2009.
Ould Moine bouge beaucoup. Il semble même très pressé de ce que le pouvoir et l’opposition nouent dialogue. Au cours de sa première rencontre avec la presse, le président de l’AND a précisé sa position sur le les tentatives d’amorce de dialogue et sur certaines questions nationales. Dans une déclaration rapportée par notre confrère Essirage, il estime que « six ans de rupture entre pouvoir et opposition suffisent pour amorcer le dialogue. » Et d’ajouter : « Le dialogue est le meilleur moyen de résoudre les problèmes en suspens et de susciter une atmosphère favorable et saine à l’exercice politique ». Fort de cela, il invite les acteurs politiques, pouvoir et opposition, à vaincre leur méfiance et placer l’intérêt national au-dessus des intérêts égoïstes.
Evoquant la situation économique et sociale, Ould Moine, toujours perspicace, avance des chiffres inquiétants : baisse du taux de scolarisation, tombé de 90 à 60%, augmentation du chômage atteignant plus de 30% entre 2012 et 2014, 40% des familles sans accès à la santé, menace persistante de la faim. Un tableau peu glorieux pour le pouvoir en place, à mille de celui, si reluisant brossé par le Premier ministre, voici quelques jours, devant le Parlement.
Mais la question qu’on se pose, surtout, après cette première sortie d’Ould Moine, interroge les capacités de son parti à vaincre notre « signe indien », à amener l’opposition et le pouvoir à s’entendre sur le minimum vital pour notre communauté nationale. Yacoub saura-t-il insuffler une nouvelle manière de faire de la politique dans notre pays ? On le lui souhaite. Ou finira-t-il par sombrer dans la routine ambiante, comme nombre de nos acteurs politiques… et céder aux sirènes du pouvoir ? Ce sera très dommage pour cet homme plein de talents et, certainement, d’ambitions…