La République Islamique de Mauritanie s’apprête à envoyer un contingent militaire de 750 hommes vers la République centrafricaine. Un contingent qui va se déployer là bas sous commandement de la mission des Nations Unies pour le maintien de la paix et de la sécurité dans ce pays déchiré par la guerre civile. Un sursaut s’il en est, loin, très loin, vers la Région des Grands Lacs. Pourquoi faire compliquer quand on peut faire simple ? Un adage que nous sommes tentés ici de paraphraser : Pourquoi on sert loin quand on est utile à côté ? Aussi paradoxal que cela puisse paraitre, la Mauritanie ne participe pas à la force internationale qui se déploie au Mali voisin sous la bannière des NU pour le maintien de la paix. Pourtant la Mauritanie est liée à ce pays à travers des liens séculaires de bon voisinage et récemment les accords du G5 Sahel, une organisation sous-régionale qui regroupe avec eux le Burkina Faso, le Niger et le Tchad.
Quelles recettes pour la Mauritanie dans tout ça ? Bien que la menace jihadiste frappe à ses portes, elle est encore épargnée par les attentats terroristes depuis février 2011- et l’échec d’un attentat à la voiture piégée à Nouakchott dont l’un des commanditaires Cheikh Ould Salek condamné à mort s’est évadé dans la nuit du 31 décembre 2015 de la prison civile dans de circonstances non encore élucidées.
Tout se passe ou se joue comme s’il existait une sorte de trêve tacite, donnant-donnant, entre d’une part, les groupes armés du Nord du Mali et les autorités de Nouakchott ! L’une des clauses de ce pacte inavoué serait que les forces armées mauritaniennes ne s’affichent pas dans une guerre ouverte avec ces groupes armées même dans le cadre d’une force onusienne. Jusqu’où ira la trêve ? Malgré tout le pays demeure une cible potentielle même si le pacte tient encore bon.
L’histoire récente nous a appris que Amadou Toumani Touré (ATT pour les intimes) qui a abandonné, non sans conséquences, le nord du Mali au trafic transsaharien a laissé son pays au bord de la déconfiture. Au Burkina voisin, les mêmes causes ont produit les mêmes effets. Le départ forcé du président Blaise Compaoré, grand médiateur (entre les occidentaux et les groupes armées) dans la libération des otages, le pays des hommes intègres est devenu la cible des jihadistes. L’attaque de l’Hôtel Splendid, la première du genre, au cœur de la capitale Ouagadougou ( 26 morts) en est la preuve. A qui le tour ?
Moustapha O/ Bechir