Les populations de la vallée du fleuve Sénégal ont célébré la fête de Maouloud, en cette fin d’année 2015. Une fête à double cachet : devenue comme une obligation sociale et grand retour au terroir, pour célébrer la naissance du plus illustre des prophètes de Dieu, Mohamed (PSL). Les villages préparent l’évènement bien à l’avance : mobilisation de ressources, pour effectuer, en grand groupe, le voyage et assurer la bombance qui s’en suit. Des voitures sont louées et des produits achetés pour agrémenter la fête. Le clou de l’évènement, c’est, bien évidement, la nuit de la fête. Chants et louanges au dernier prophète de Dieu l’agrémentent, du crépuscule à l’aube, généralement dans les mosquées. La fête est également une occasion de rendre hommage à certains illustres disparus des villages ou contrées. Des ziyaras au cours desquels le Saint Coran est lu pour le repos de l’âme des disparus.
Enfin, le Maouloud est occasion de grandes retrouvailles, de partage et de solidarité, entre gens du village ou des villages voisins qui se sont perdus de vue depuis bien longtemps. La diaspora la met à profit pour revenir au bercail. C’est dire qu’en plus de son aspect religieux, la fête de Maouloud est devenue comme une « obligation sociale », pour les populations de la vallée, de se retrouver et surtout passer quelques jours avec leur famille. Chacune attend l’arrivée de l’un ou l’autre de ses membres. Les maisons sont aménagées, lee parents se parent de leurs plus beaux boubous.
M’Botto : Deux Ziyara marquent le Maouloud
A M’Botto, le Maouloud est marquée par deux importants ziyaras : celle au défunt Thierno Amadou Samba Dia et l’hommage à Thierno Moussa Sanoum Kébé de Thilla. Les populations du village organisent, à la veille de la fête, la ziyara annuelle en hommage au premier, rappelé à Dieu, il y plusieurs années. Prennent part à cette manifestation les populations des villages voisins de Thilla, de Liliya et de Sorimalé…
Lecture du Saint Coran, vie et œuvre de l’illustre disparu. Cet ancien imam de la grande mosquée du village de M’Botto a consacré sa vie à l’enseignement du Coran au profit des enfants du village, ainsi qu’à l’agriculture et à l’élevage. Célèbre par sa modestie et sa générosité, Amadou Samba Dia est issu d’une famille maraboutique. Son père était également l’imam de M’Botto.
Après la lecture du Saint Coran pour le repos de l’illustre ancien, les habitants se rendent au cimetière pour prier sur sa tombe et celle de son papa. Le lendemain, grands et petits, hommes et femmes, se rendent à Thilla, village voisin de moins de cinq cents mètres, pour rendre hommage au grand marabout Thierno Moussa Sanoum Kébé. Chants religieux et discours sur la vie de l’homme marquent l’après-midi. Connu pour son grand savoir, sa disponibilité et sa générosité, Thierno Moussa Sanoum est, aujourd’hui, une référence dans cette contrée du Foutah. D’ailleurs, en plus de cet hommage, une ziyara spéciale lui est dédiée par le village de Thilla. A cette occasion, les populations de M’Botto, Thilla, Sorimalé, Barobé Diakel, Wassetaké, Diaranguel (Sénégal) rendent un vibrant hommage à Thierno Moussa Sanoum dont le père et le frère, Thierno Issahga Kébé, reposent dans le grand cimetière de M’Botto. Des tombeaux sur lesquels prient les populations des deux villages, le jour du Maouloud
Faire le point des chantiers du village
La fête de Maouloud est aussi une occasion, pour les résidents du village et sa diaspora, de débattre des problèmes de développement. Chaque année, en effet, l’association des jeunes du village profite de l’aubaine pour organiser une grande réunion et faire le point des chantiers du village. Cette année, deux réunions ont été tenues, pour, évaluer la vie de l’association Dental des jeunes du village, l’état d’avancement du réseau d’extension du forage, la situation de l’école, le pont de Lougué, etc. Face aux lenteurs dans l’exécution de l’AEP du village, l’association avait décaissé un montant de trois millions d’ouguiyas, pour réaliser un réseau d’adduction d’eau et quelques bornes-fontaines. Le secrétaire général de la commission a informé les participants de l’évolution des travaux et fait part des promesses, reçues de la part de l’Etat, de poursuivre et achever les deux forages qui doivent alimenter plus de quatre mille âmes et leur bétail.
Face au déficit d’enseignants – M’Botto en manque de trois, pour couvrir l’enseignement de plus de quatre cents enfants répartis sur six divisons pédagogiques – les populations ont décidé, comme il y a déjà des années, de prendre en charge les frais de deux volontaires. Leurs traitements sont répartis entre le village et sa diaspora intérieure et extérieure.
Enfin, l’enclavement, non seulement, des périmètres maraîchers de Thiéguelel et de Sorimalé mais, aussi, des champs du Walo. Pour le résoudre, les participants aux réunions ont retenu la réalisation d’un pont artisanal sur la rivière de Lougué, bras du fleuve Sénégal passant près du village. L’expérience tentée, l’an dernier, par les charretiers d’abord, puis par d’autres bonnes volontés a facilité la mobilité entre le village et ses centres de production agricoles, ainsi qu’en direction des villages de Sorimalé, Liliya, Thiéguelel et, au- delà, des villages sénégalais situés de l’autre côté du fleuve. Avec des sacs de terre, de pierres et du bois, les volontaires ont monté un petit pont que les véhicules ont pu emprunter. Il a donc été décidé de renouveler l’expérience, en l’élargissant aux autres villages concernés, et de solliciter les structures de l’Etat pour l’édification d’un ouvrage viable et durable.
Les participants ont évoqué divers autres problèmes du village. Avant de lever les séances, il a été recommandé de redynamiser les instances de l’association des jeunes, particulièrement celles de Nouakchott, en léthargie depuis quelques années, et de tenir des rencontres annuelles des sous-sections au village, comme par le passé. Rendez-vous est pris pour le Maouloud 2016 !
DL