Pensée à feu Ahmedou Ould Abdel Aziz

31 December, 2015 - 16:57

Comme le soutiennent les anciens sages orientaux, il est vrai que, quand on fait recours à la plume pour exprimer des sentiments, c’est qu’on veut leur donner un caractère physique, les rendre palpables et en ressortir la dimension affective.

Cette pensée, se vérifie aujourd’hui malheureusement aux dépends de l’estime que je porte, comme beaucoup de mauritaniens d’ailleurs, à feu Ahmedou Ould Abdel Aziz, fauché à la fleur de l’âge par un accident de la circulation.

Pour la famille du défunt et pour moi-même, qui lui étais très lié, la perte est énorme. Mais elle l’est aussi pour beaucoup de mauritaniens qui avaient d’Ahmedou la définition que faisait Victor Hugo de la mère dans une représentation du mécène : ‘’il nourrissait la faim et vétissait l’indigence’

Là, tout est désormais dit, s’agissant d’Ahmedou Ould Abdel Aziz. Tout est dit puisque, dans son action en faveur des pauvres et des démunis, se profilaient un humanisme digne d’Érasme, une solidarité humaine qui tient de l’engagement de Mère Teresa, un patriotisme entieret une conviction d’exister, non pas pour marquer sa propre vie, mais pour marquer celle des autres avec de légitimes ambitions nationales et même au-delà.

L’homme était pieux, simple et discret. On peut dire, sans risques d’être accusé de surenchère, qu’il était à la hauteur de la réputation qu’il cultivait et qui le précédait en toutes circonstances, mettant en exergue l’idée, hautement significative, qu’il avait de l’humanitaire et de sa noble mission.

Il semait sur sa voie l’amour de l’autre, la compassion et la compréhension. Ses principales armes étaient l’honnêteté, l’écoute, la patience, le compromis et le sourire.

Au-delà de son statut de fils de chef d’Etat, Ahmedou Ould Abdel Aziz incarnait une somme de valeurs humaines intrinsèques. Il se refusait aux honneurs ostensoirs et les seules vertus qui avaient à ses yeux droit de cité, étaient l’accomplissement des devoirs religieux, la recherche du savoir, l’apprentissage, la formation, le transfert des technologies, le travail et les efforts soutenus pour éradiquer la pauvreté.

Ahmedou était en avance sur son temps, non pas en termes d’innovations qui se rapportent aux critères de sa personnalité, mais plutôt dans sa perception des choses, ses méthodes et approches, sa compréhension des problèmes du pays et sa conception des solutions qui doivent leur être appliquées compte tenu des influences politiques et économiques exogènes.

                                                                                           

                                                                                                  Noureddine Sidi Ali François