ACCIDENT DE TINTANE : TÉMOIGNAGE D'UN PLUS QUE COMPAGNON DE VOYAGE

29 December, 2015 - 09:33

Il est des moments où on ne doit fournir aucun effort car ce qu’on dit coule de sources claires parce qu'émanant  du cœur !!

             Ahmedou ould Mohamed Abdelaziz est parti  brusquement et si tôt ; arraché à l’affection de ses parents biologiques, mais aussi de tous les autres mauritaniens car il était le fils de toute la Mauritanie ; arraché à l’affection de tous les bénévoles de la Fondation ERRAHMA dont il était le Président exemplaire.

Je livre ici des confidences  à l’opinion nationale que voici : Arrivé le Vendredi dernier à 15h de Paris ou il effectuait son stage de fin de formation à l’ENA de STRASBOURG, il est allé directement livrer un véhicule à une personne à mobilité réduite devant le siège de la fondation et dans la foulée il commença avec nous la campagne nationale de distribution de Kits scolaire (dans 9 wilayas) par l’école Sidi El Moctar NDIAYE de Tarhil à la périphérie de Nouakchott Sud.  Il  finit sa soirée au hangar de la Fondation avec les bénévoles qui préparaient, avec lui, jusqu’à 02h du matin le voyage à l’intérieur du Pays, un voyage duquel il n’est jamais revenu !  

Une autre confidence,  à la veille du drame, le cortège d’ERRAHMA s’est arrêté à quelques kilomètres d’ACHRAM en direction de KAMOUR pour secourir cinq personnes blessés d’un accident de circulation : Ahmedou a ordonné à deux véhicules dont le mien  de vider leurs chargements (parce que les ambulances que la fondation devrait livrer à TINTAN et TIMBEDRA étaient déjà acheminées au lieu de destination) pour transporter les malades au centre de santé d’ACHRAM.

Une dernière confidence car on saurait tout exprimer en une page, à la veille de l’accident Ahmedou a réuni  tous les bénévoles à Néma vers 22h pour remercier tout le monde et tracer l’itinéraire du retour tout en me demandant de programmer deux écoles supplémentaires(à Idini et Ouad Naga).

Enfin il dit à tout le monde de rouler prudemment car dit-il : « il n’est pas question qu’on laisse quelqu’un derrière nous, nous devons finir et passer la fête avec nos familles Inchallah » et il se tourne vers un des chauffeurs pour lui dire « de ne pas rouler trop vite ».

Tel était l’homme !

Ahmedou est parti, donc arraché à l’affection d’une multitude de personnes démunies qui le découvraient à l’occasion de chaque action positive de la fondation ERRAHMA.

Il était un grand ami, un frère pour moi qui aimait très sincèrement la Mauritanie plurielle, persuadé qu’il était que la diversité de la Mauritanie était sa principale richesse ! Il avait compris la périculosité de certains maux sur la société mauritanienne, qu’il désignait par des mots comme  l’indifférence face aux difficultés de son voisin, la lâcheté, l’injustice, la pauvreté, les maladies,  l’ignorance que sais je encore !

Sa partition à l’orchestre de la construction nationale était sans faille, sans aucune fausse note, son engagement et sa sincérité était entière. Ahmedou est parti donc avec ce grand cœur d’une belle âme qu’il était, foudroyé par un accident, il est décédé, d’une belle mort, les armes du partage et de l’impérieuse fraternité entre tous les mauritaniens de tous les horizons à la main  du grand militant des causes justes qu’il était!

Il était tombé aux champs d’honneur, loin du luxe, en tendant, avec son sourire jovial, une main généreuse aux personnes démunies. Ironie du destin, l’ambulance que sa fondation avait remise, la veille, au dispensaire de TINTAN, a servi à transporter, ses trois autres compagnons  de l’humanitaire survivants de ce terrible accident au dispensaire de la localité !

Mais il n’est pas parti seul ! Comme on dit souvent les grandes personnes se rencontrent toujours !

Un autre fils de la Mauritanie, tout jeune comme Ahmedou, d’une insondable beauté, Cheikh Oumar N’DIAYE l’a accompagné dans ce voyage sans retour ! Tout les liait, le sens du partage, le sentiment d’être un espoir naissant pour le pays, le dépassement des clivages insensés, l’altruisme débordant et beaucoup d’autres qualités communes ont fait que je n’ai pas hésité à lui confier la communication de ERRAHMA. Cheikh Oumar s’acquittait de ses tâches avec professionnalisme et de façon bénévole au sein de la fondation à l’image des autres journalistes blessés.

 Ironie du destin encore, il avait demandé à voyager dans le véhicule du Président de la fondation pour mieux accomplir son travail de journaliste et ce souhait a rencontré le choix fortuit d’Ahmedou qui a débarqué un militant pour embarquer Cheikh ! Verdict divin accepté !

Inna lillahi wa inna illihi rajioun

Ces deux hommes nous laissent orphelins de belles âmes ! C’est le lieu de remercier le Président de la république son excellence Mohamed Ould Abdel Aziz qui, nonobstant la grande douleur, a été un soutien réconfortant pour nous, et les nombreuses personnes qui nous ont soutenu dans cette très difficile épreuve.

En l’occurrence le  personnel de santé qui a assuré la prise en charge des blessés de même que les autorités locales. Je ne saurai terminer ses mots sans rendre un vibrant hommage à nos bénévoles qui ont assisté l’ensemble des blessés pour les rassurer. Malgré la douleur ils ont été d’un grand réconfort aux accidentés.

La Fondation ERRAHMA présente ses  condoléances aux familles de nos compagnons de la paix et de la concorde et à tous mauritaniens et souhaite un prompt rétablissement à ses trois amis blessés (Daouda souleymane CORERA, Ahmed TALEB, et Mohamed Salem dit MADY dont la mère est décédée quand elle a appris l’accident.

Amadou DIALLO

Coordinateur Général

Fondation ERRAHMA

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