Les communautés des migrants résidents à Nouakchott ont interpellé, samedi 19 décembre, dans un appel pressant les autorités mauritaniennes à prendre des solutions urgentes et définitives pour un règlement de leur situation dans le pays. Réunis au siège de l’AMDH, à l’occasion de la célébration de la journée internationale des migrants, occasion choisie pour tirer la sonnette d’alarme, les dirigeants ont dénoncé vivement le calvaire qu’ils vivent au quotidien, les tracasseries administratives notamment la traque de l’étranger frisant l’humiliation, la cherté de la carte de séjour et autres difficultés de tous ordres et ont déploré les traitements dégradants et l’absence de voies de recours.
Depuis des mois, la police traque les étrangers sans carte de séjour. Les agents chargés de l'opération n'y vont pas avec le dos de la cuillère. Attendant la descente ou la montée des travailleurs, les policiers n'hésitent pas à utiliser la manière forte pour embarquer les non détenteurs de cartes. Des courses poursuites sont engagées pour mettre la main sur les récalcitrants. Des scènes insoutenables.
C’est devenu un fait coutumier, les agents de police investissent nuitamment les demeures des étrangers à Sebkha, El Mina et dans les médinas suscitant des réactions indignées des responsables des associations de migrants. Les reconduites aux frontières se sont multipliées ces derniers temps. D’ailleurs, le directeur général de la sûreté nationale le Général Mohamed Ould Meguet a estimé à l’occasion de la célébration de la fête de la police arabe que 7420 le nombre de personnes de diverses nationalités ont été expulsées au cours de l’année 2015, soit une augmentation de 30% et la saisie de 45 documents frauduleux.
Les représentants des communautés de migrants ont salué les efforts d’accompagnements et d’assistance entrepris en leur faveur par l'Association Mauritanienne des Droits de l'Homme (AMDH).
A travers des témoignages poignants, les migrants ont évoqué la persistance des problèmes d’emploi, de scolarisation de leurs enfants et de discrimination.
« Si la célébration de cette journée devrait être un moment de réjouissance en théorie, malheureusement depuis quelques années, cette journée est devenue un moment de tristesse, de deuil », déplore ElHadj Amadou M’Bow. Le secrétaire général de l’AMDH a fait part aux représentants des communautés de migrants de la « solidarité agissante de son organisation » qui, aux côtés d’autres ONG essaient de répondre au minima aux besoins des migrants, qui devront, dit-il, se battre pour leurs propres droits. M’Bow a décrit le sort peu enviable des migrants en Mauritanie confrontés à l’obtention de la carte de séjour et autres difficultés récurrentes. Traqués dans leurs lieux de travail et dans leurs domiciles, les étrangers notamment les ressortissants subsahariens subissent les pires situations en Mauritanie. Les maghrébins, asiatiques et autres arabes sont nullement inquiétés « L’étranger, c’est le noir», résume le drame des migrants vécus par ces derniers en Mauritanie. Ce qui pose, de l’avis de M’Bow, un problème fondamental de respect des engagements internationaux pris par la Mauritanie et également de la dignité humaine. « L’AMDH continuera à soutenir les migrants. Nous essayerons de faire ce que nous pouvons avec vous », a réitéré M’Bow.
Abondant dans le même sens, Daouda Sarr, chef de l’antenne de l’AMDH à Rosso a évoqué la précarité matérielle de la situation des migrants et des efforts entrepris par son organisation pour leur porter assistance.
THIAM