Visiblement la route de l’exil pour des centaines de réfugiés syriens à Kidal dans l’extrême nord du Mali passe par Bassiknou situé à l’autre bout de la Mauritanie. La suppression de visa entre Nouakchott et la Syrie fait de la Mauritanie une destination privilégiée pour ceux qui fuient le chaos dans leur propre pays à la recherche de cieux plus cléments. A partir de ces nouveaux points de chute, ils cherchent à regagner l’Europe par la Libye devenue la plaque tournante de trafic humain qui s’opère dans le Grand Sahara par le biais de réseaux de passeurs sans scrupules. Tout comme ils peuvent constituer des proies faciles aux maitres des lieux, les groupes armées, qui s’y activent pour les endoctriner et les emballer dans des convois de la mort. L’information est rapportée par le correspondant de Radio France Internationale (RFI) à Bamako M. Serge Daniel, au cours de son émission Afrique matin du 12 décembre. Ici en Mauritanie des 4X4 transportant des syriens (hommes, femmes et enfants) sont signalés au niveau de certains arrêts sur la route de l’espoir. Ces Toyota Hilux en provenance de Nouakchott déchargent leur cargaison à Bassiknou non loin du camp humanitaire de M’berré. Un site monté pour accueillir et entretenir les réfugiés maliens mais dont les services périclitent depuis un bon moment à cause du désengagement progressif des partenaires. C’est à partir de Bassiknou situé sur la frontalière, poreuse et vaguement tracé, que va débuter pour ces expatriés la véritable aventure. Des circuits mafieux les attendent pour les conduire de l’autre coté. Destination : Kidal.
Kidal, cette région du Mali qui n’est pas sous le contrôle du gouvernement de Bamako (un Etat dans l’État). Une situation qui lui confère « un statut » pour le moins ambigu sinon complaisant avec la bénédiction de la France principale artisan de la signature des accords de paix entre les groupes armés et le pouvoir de Bamako. Des accords qui vacillent entre les humeurs et intérêts pas forcément convergents entre deux capitales : Alger et Paris. Une troisième capitale Rabat est rentrée sur la ligne et abrite parfois des discussions inter maliennes depuis que Blaise Compaoré a été poussé à la sortie par une révolution populaire. Dans ce concert de nations qui s’activent ouvertement pour la recherche de solution au problème malien, la Mauritanie affiche encore une attitude mitigée.
Jusqu’où ira ce ni/ni ? Reste à savoir maintenant quelle est l’attitude de Bamako face à cet afflux de réfugiés syriens potentiellement endoctrinables vers l’énigmatique Kidal. La sortie de Serge Daniel sur les antennes de RFI qualifiant la Mauritanie de déversoir pour les syriens vers Kidal peut-elle augurer d’un désagrément des autorités maliennes ? En tout cas la question ne doit pas être banalisée. Elle mérite qu’on s’y attèle avec plus de sérieux dans l’intérêt des deux pays et de la sous-région avant qu’il ne soit trop tard.
Moustapha O/ Bechir