L’heure de Ould Hademine a-t-elle, vraiment, sonné? /par Saleck Ould Abdallah

9 December, 2015 - 22:42

S’il est une situation que l’on peut qualifier de grave, sans crainte de se tromper, c’est bien celle que traverse la Mauritanie aujourd’hui.. Une situation de crise multiforme aux lendemains incertains face à laquelle les pouvoirs publics adoptent une attitude dont le moins que l’on puisse dire est qu’elle reflète l’incompétence du gouvernement Yahya Ould Hademine, si ce n’est une volonté inavouée d’en aggraver les conséquences déjà perceptibles.

Si d’aucuns estiment que la politique menée par l’actuel premier ministre démontre son incompétence à gérer les affaires publiques du pays, d’autres reprochent à celui-ci de se préoccuper, plutôt, de ses propres ambitions politiciennes au plan local (Djiguenny) et régional (Hodh el Charghi), reléguant au second plan toute autre question à caractère national, quelque soit son importance, voire son urgence. Ces derniers s’interrogent, d’ailleurs, sur les raisons ayant poussé le président de la République à choisir Ould Hademine comme premier ministre au lendemain de sa réélection, en 2014, pour un second mandat, alors que – disent-t-ils- Ould Abdel Aziz ne pourrait ne connaître le parcours peu reluisant de celui-ci à la tête de certaines filiales de la grande compagnie minière du pays, la SNIM et, surtout son bilan au MET. Ceux qui avancent une telle analyse font porter à Ould Hademine l’entière responsabilité des crises sociales, économiques et sécuritaires dont souffre le pays depuis sa prise de fonction, Il y a 15 mois…

Ils rappellent, surtout, le bilan largement négatif de cet ingénieur civil à la tête de certaines filiales de la très grande compagnie minière de Mauritanie, la SNIM, notamment la SAFA et l’ATTM. 

Au plan social, Nouakchott fait aujourd’hui face à une recrudescence de la criminalité de plus en plus organisée. 

Une bande armée a investi tôt mardi matin le plus grand marché de la capitale et défoncé les portes de plusieurs commerces. Sous la menace des armes, les malfaiteurs ont menacé les gardiens des lieux.
Une opération similaire s’est déroulée dans les commerces situés un peu plus au sud, près de la polyclinique.

Les criminels ont tiré sur un gardien de nuit qui avait tenté de s’opposer à eux le blessant gravement à la tête.

Selon les sources du site d’information Sahara Medias, la victime se trouverait à l’hôpital dans une situation critique. Pire, encore, une commerçante au Marché central de la capitale a été tuée par une autre bande de cambrioleurs armés. 

Au niveau des quartiers périphériques, notamment à Dar Naim, Arafat et Toujounine, les populations vivent désormais dans un véritable cauchemar.. Il ne se passe pas une nuit sans qu’au moins, une boutique, épicerie, station-service ou domicile, ne soit l’objet d’actes de vol,  cambriolage ou viol.. Les attaques visant les simples piétons, de jour comme de nuit, étant devenues monnaie courante dans ces zones de banlieue..

C’est ce climat d’insécurité qui a poussé plusieurs commerçants à manifester, mercredi, devant la présidence de la république pour dénoncer cette situation. 

A cela s’ajoute le mouvement d’humeur des étudiants de l’université de Nouakchott, sortis manifester au cœur de la capitale pour dénoncer les mauvaises conditions dans lesquelles ils se trouvent depuis le début de l’année académique en cours. Insuffisances de moyens de transport mis à leur disposition, détérioration des services fournis par le restaurant universitaire… Etc.

Cette situation de crise on ne peut plus alarmante, se traduit également par le retard notable des salaires de la fonction publique pour le mois de novembre dernier, mais aussi le non paiement des dettes des fournisseurs dues aux entreprises publiques. Une crise sans précédent au niveau du trésor public.

En effet, selon le site d’information RIMECO, spécialisé dans les questions économiques, le pays  fait face,  depuis quelques mois  à  de sérieux  problèmes  de liquidité,  qui sont en passe de devenir structurels. La Banque Centrale tente de trouver des solutions, les banques aussi. Mais  pour réussir ce challenge,  le pays a besoin de visibilité à long terme pour voir le bout du tunnel.

L’économie nationale fait face à de sérieux problèmes. Celui relatif à la sous-liquidité bancaire qui affaiblit les capacités d’investissement des entreprises en est un et non des moindres. Les dernières nouvelles sur le sujet sont loin d’être bonnes. Selon des sources  de la banque centrale, le déficit de liquidité bancaire s’est encore creusé au cours du dernier trimestre par rapport au  précédent. Pourtant les observateurs  avisés avaient prévenu des risques de creusement du déficit de liquidité, sous l’effet principalement de la baisse des réserves de change : mauvaise gestion des recettes en devises de la SNIM (plus de quatre  milliards de dollars en quatre ans, et celles du secteur des pêches  avec plus d’un milliard cinq cent mille dollars   au  cours des quatre  dernières années, construction de l’aéroport international de Nouakchott) . La situation a de quoi sérieusement alarmer les financiers et les acteurs économiques.  Première conséquence et non des moindres : l’accès au financement bancaire par les entreprises et les ménages.

Certains économistes, précise la même source, pointent du doigt la dégradation des comptes extérieurs (balance commerciale, revenu des IDE et du tourisme), et le recul des dépôts par rapport aux crédits. Ce serait la principale cause de détérioration du niveau de liquidité.

D’autres, en revanche, font le lien entre cette « crise financière aigüe » et l’incompétence de l'équipe gouvernementale en matière de gouvernance, estimant que cette « 

incompétence » serait due, en premier lieu, à la méthode adoptée par le premier ministre qui, selon eux, donne la priorité à des querelles politiques intestines qu’il aurait déclenchées contre certaines personnalités au sein du sérail présidentiel, au niveau de l’UPR, et même dans sa circonscription électorale, à savoir le département de Djiguenni.. Question de se forger une assise locale pouvant, éventuellement, lui permettre une retraite plutôt tranquille, à travers une affectation politique ou un siège au parlement.

 

A suivre…