Le Colonel à la retraite Oumar Beibacar a été libéré le jeudi 03 Décembre à 19 heures et mis sous contrôle judiciaire par le juge anti-terroriste. Auparavant ,il a été arrêté, détenu hors de tout contact, par les policiers de la Direction de la Sûreté de l’Etat (DSE) le samedi 28 Novembre à 14H30, au sortir d’une conférence qu’il animait au siège du parti AJD/MR sous le thème : Inal-a-t-il définitivement entaché le 28 Novembre?
A l’instar de cette manifestation de l’AJD/MR, les victimes de la répression des années 1986 à 1991 membres de la coordination COVIRE avaient programmé une commémoration conjointe avec leurs partenaires traditionnels pour le 55ème anniversaire de l’indépendance de notre pays marquant aussi le 25ème anniversaire des pendaisons des 28 militaires noirs la nuit du 27 au 28 Novembre 1990 ,à Inal.
Le Hakem de Sebkha,suite à la lettre d’information adressée par le Collectif des Orphelins des Victimes Civiles et Militaires(COVICIM), a refusé la tenue de cette cérémonie de deuil, soutenant que toutes les forces de sécurité se sont déplacées à Nouadhibou. Comme il fallait s’y attendre, à partir de quinze heures un détachement de la police a investi les lieux, s’est orienté ostentatoirement vers les victimes pour arrêter leurs festivités.
Ces faits sus –mentionnés ,les récents propos du Président Mohamed ould Abdel qui considère que l’évocation du génocide ,des commanditaires, des bourreaux, n’est autre chose qu’un appel à la haine raciale et à la division; une telle déclaration est assurément un déni du devoir et travail de mémoire toute chose incombant à tous les mauritaniens, l’arrestation et la détention arbitraire de Djiby Soh Président de Kawtal Ngam Yellitaare, de Biram Dah Abeid et Brahim Bilal Ramdane respectivement Président et Vice Président d’Ira-Mauritanie , les tentatives d’intimidations de la HAPA de nature à censurer des témoignages liés aux crimes contre l’humanité et génocide perpétrés en République Islamique de Mauritanie et la comparution devant un juge anti-terrorisme du Colonel à la retraite Oumar ould Beibacar suivi de son placement en liberté sous contrôle judiciaire ,sont sans nul doute des signes annonciateurs de la restriction des libertés fondamentales et aussi la perpétuation de la culture de l’impunité.
Face à cette situation inquiétante ,la COVIRE:Ø Rappelle le Président de la République Mohamed Ould Abdel Aziz que l’engagement qu’il avait pris devant la délégation des victimes le 08 Novembre 2008, étai la prise en charge des devoirs de réparation et mémoire dont d’ailleurs le règlement est en deçà des attentes.
Ø Considère qu’un règlement global implique les quatre devoirs reconnus par les conventions internationales des droits de l’homme ,donc la prise en charge des devoirs de vérité et justice, est une obligation universelle pour un règlement définitif.
Ø Exhorte le gouvernement Mauritanien, à la mise en application de la décision du Ministère des Affaires Islamiques en 2010 relative à la cartographie des sépultures des martyrs depuis l’indépendance.
Ø Attend de l’Etat de Mauritanie ,l’étude des recommandations issues des observations finales des rapports présentés par l’Etat partie devant les organes conventionnels(OPCAT en 2012,PIDCP en 2013) ,l’Examen Périodique Universel (2010 et 2015)et les missions en Mauritanie des experts des procédures spéciales (rapporteur de la CERD en 2008-2013) que l’Etat a librement accepté et pour lesquelles il doit engager des concertations nationales pour un règlement consensuel et définitif.
Ø Exhorte les juridictions nationales compétentes , à la remise en liberté totale du Colonel à la retraite Oumar Beibacar dont l’inculpation par le juge anti-terroriste est une atteinte aux dispositions du Pacte Internationale des Droits Civils et Politiques(art.19 à 22) postulant sur la liberté d’expression et de réunion ,dont la Mauritanie est partie.
Ø Appelle tous les mauritaniens à une mobilisation sans faille pour la défense , la promotion et le respect des libertés fondamentales.
Nouakchott, le 06 Décembre 2015
Les signataires:
Coordination des Organisations des Victimes de la Répression (COVIRE)
Collectif des Orphelins des victimes Civiles et Militaires (COVICIM)
Collectif des Veuves
Collectif des Rescapés Militaires (COREMI)
Collectif des Rescapés Anciens Détenus Politiques Civils Torturés (CRADPOCIT)
Collectif Mooyto Koota
Collectif des Anciens Fonctionnaires de Police Victimes des Evènements de 1989
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !