La Mauritanie toujours hantée par les démons du passif humanitaire

5 December, 2015 - 02:21

Un quart de siècle après les faits, la Mauritanie est toujours hantée par les démons d’un passif humanitaire dont les comptes tardent à être soldés.

Cette appellation désigne l’exécution extra-judiciaire de 500 militaires issus de la communauté négro-africaine entre septembre 1990 et février 1991.

 Des faits couverts  par une loi d’amnistie fortement controversée adoptée au mois de mai 1993.

Dernier épisode de l’interminable feuilleton, l’arrestation dans l’après-midi du samedi 28 novembre, jour de la célébration du 55é anniversaire de l’indépendance nationale, du colonel à la retraite Oumar Ould Beibacar, qui venait de donner une conférence de presse dans les locaux de l’Alliance pour la Justice et la Démocratie/Mouvement pour la Réconciliation (AJD/MR).

Une causerie à la faveur de laquelle l’officier à la retraite  a vivement dénoncé la pendaison dans la base d’Inal (Nord), de 28 militaires issus de la communauté négro-africaine, au cours de la nuit du 27 au 28 novembre 1990, pour célébrer l’indépendance, comme « une souillure contre l’unité du pays ».

Gardé à vue pendant 5 jours dans les locaux de la Direction de  Sûreté de l’Etat (DES)-police politique,  Ould Beibacar a été déféré devant le parquet de Nouakchott jeudi après midi.     

  Le procureur de la République, maître des poursuites, a transmis son dossier au  pôle anti-terroriste de la justice mauritanienne.

  Résultat des courses, une inculpation pour   «incitation à la haine  et incitation à l’atteinte à la sûreté de l’Etat » et un  placement en liberté  sous contrôle judiciaire.

La défense rejette des accusations «fantaisistes » et dénie toute compétence au pôle anti- terroriste dans le cadre de l’information requise par le parquet.

 Par ailleurs, au chapitre politique, l’arrestation du colonel Beibacar a suscité de multiples  réactions de condamnation des partis de l’opposition  et provoqué  la naissance d’un comité de soutien constitué par diverses organisations de la société civile et personnalités.

Même les  anciens détenus des années 1986/1991  sous le régime de Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, ont porté un témoignage positif par rapport au comportement de l’officier  quand il s’est retrouvé sur le chemin de leur infortune.

Les exécutions extra-judiciaires de ces centaines de militaires restent l’objet d’une vive controverse, malgré l’organisation d’une prière aux morts et « l’indemnisation » des familles sous le régime du président Mohamed Ould Abdel Aziz.

Source : FINANCIALAFRIK