Oum Tounsi a connu beaucoup plus d’évènements qu’on croit : la plus grande opération militaire du Polisario pour occuper Nouakchott, la mort du leader du Polisario El Oueli Moustapha Seyid et le Commandant KADER est le premier homme à poser un avion à Oum Tounsi contre toute attente. Voici un extrait des mémoires inachevées de feu Colonel KADER.
« Le 06 juin 1976, l’autre partie de l’Escadrille (les avions militaires) effectue des reconnaissances à Tawaz, Choum, Akjoujt. Elle repéra les traces d’une colonne importante de véhicules, se dirigeant vers Akjoujt. Cette colonne fut signalée par les prisonniers de l’ennemi de Tourine. Son objectif serait Nouakchott (renverser le pouvoir, mettre un autre en place, proclamer tout à la radio).
Le 07 juin 1976, à 19h 45, l’Escadrille fut rassemblée à Atar. Les ordres ont été donnés pour l’exécution des opérations du lendemain.
Le 08 juin 1976, à 05h30, l’Escadrille décolla d’Atar à destination de Nouakchott et Oum Tounsi. J’avais pris le soin de téléphoner quelques minutes avant de décoller au Commandant Cheikh Ould Boida pour avoir la dernière situation. Elle était inchangée.
Pourquoi Oum Tounsi ? Parce que l’ennemi s’est manifesté la veille à 01h00 du matin par 3 Land Rover qui ont accroché un Escadron commandé par le Lieutenant Ney (Ould Abdel Malik) de la Gendarmerie.
Je compris que j’approchais l’ennemi. Quelques minutes plus tard, je reconnus l’Escadron du Lieutenant Ney grâce à la couleur de ses véhicules qui étaient éparpillés, apparemment d’une manière involontaire. Aucune liaison radiophonique n’était possible entre cet Escadron et moi. Je parvins alors à me poser sur la route à ses côtés pour avoir des informations précises sur la situation. Celle-ci n’était pas brillante.
En effet, le Lieutenant Ney O/ Abdel Malick et le Capitaine Sao qui l’avait rejoint quelques minutes avant que je me pose, m’ont expliqué rapidement que l’ennemi tentait de les encercler et les empêchait de sortir leurs véhicules ensablés. Les positions de cet ennemi me furent alors indiquées et je décollai aussitôt prenant par un virage serré la direction de l’ennemi que je n’ai pas tardé à voir. Il avait déployé ses forces dans la Sebkha de Oum Tounsi et tentait une manœuvre d’encerclement de notre Escadron stationné sur la route. Les éléments de têtes n’étaient plus loin des premières lignes amies. Je pris alors à partie cet ennemi, faisant effort sur ses concentrations et sur sa logistique. La surprise fut payante. L’ennemi fut pris de panique. Il crut à une attaque de l’aviation marocaine. Je pris contact alors avec le Chef d’Etat-major et lui rendit compte de la situation… Le Polisario y perdit son leader Moustapha Seyid El Oueli, rattrapé le lendemain de l’attaque et abattu par l’aviation à Oum Tounsi à 80 Kilomètres au nord de Nouakchott »
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Extrait des mémoires inachevés du Colonel Kader.