Aussitôt après son arrestation, le samedi 28 novembre à la sortie du siège de l’AJD/MR, où il venait de tenir une conférence/débat intitulé : « Inal a-t-il définitivement entaché le 28 novembre ?», les organisations de défense des droits de l’homme, des partis politiques, des personnalités indépendantes et autres regroupements – près d’une quarantaine, battent la mobilisation pour défendre, à travers un comité de soutien, la victime contre l’« arbitraire ».
Au cours d’une conférence de presse tenue, ce lundi au siège du FONADH, Boubacar Ould Messaoud a informé le public venu nombreux qu’ils sont sans nouvelles du colonel arrêté ; nous avons fait le tour des commissariats de police, la DST où il est censé être détenu, en vain. Le président de SOS Esclaves a ajouté que, selon des informations qui restent à confirmer, l’intéressé est passé chez lui, accompagné de deux individus en civil pour récupérer les clefs de sa voiture et quelques effets avant de se faire conduire par l’un de ses accompagnants. Vers où ? Mystère, indique Ould Messaoud qui déplore l’absence des télévisions avant de lâcher : "c’est regrettable de compter parmi nos médias des complices de l’injustice et de l’arbitraire".
L’absence de nouvelle d’Ould Beibacar inquiète le comité et les organisations de défense des droits de l’homme.
Le comité de soutien déjà signé par près d’une quarantaine d’organisations et partis politiques et personnalités diverses dénonce l’ »arbitraire » du régime en place et exige la « libération immédiate et sans conditions » du colonel Ould Beibacar. Le comité lance un appel à l’ensemble des mauritaniens, particulièrement les jeunes et les femmes pour se mobiliser afin d’obtenir la libération du colonel.
Le comité entend dans l’immédiat informer les mauritaniens avant d’entreprendre des sit-in et marches pour dénoncer l’arbitraire et exiger la libération d’Ould Beibacar.
Répondant à une question d’un journaliste, Sarr Mamadou déclare amer : « nous ne sommes plus dans un État de droit, mais une jungle » et de prévenir : « les organisations de défense des droits de l’homme sont pacifiques mais on ne nous fera pas accepter l’inacceptable »
Répondant à une question d’un confrère, l’ex député de l’UFP, Kadiata Malick Diallo croit savoir que les raisons de sécurité, avancées par les autorités pour interdire la tenue de la conférence à l’espace Galaxy, un lieu clos ne tiennent pas la route, parce que depuis 1990, les organisations de défense des victimes et ceux qui les soutiennent ont de tout temps organisé des manifestions, même dans des places publiques. Pour Kadiata Malick Diallo, si les autorités ont décidé d’arrêter Ould Beibacar c’est parce que "son discours dérange. D’abord c’est un colonel qui en parle maintenant et ensuite, il se trouve que ce militaire est un maure".
Se référant aux propos du président de la République sur TV5, l’ex député de l’UFP dit craindre un tour de vis dans la répression parce que tout simplement le rais n’accepte plus qu’on évoque ce sujet qu’il a décidé de clore et qu’il ne tolérera pas les contrevenants.
Déclarations de soutien
Aussitôt connu, l’arrestation du colonel Ould Beibacar a suscité de nombreuses réactions. Des partis politiques ont publié des déclarations dans lesquelles ils dénoncent l’ « arbitraire » et la violation de la liberté d’expression. L’UFP qui parle de « kinapping » dénonce la violation des droits des citoyens à la liberté d’expression, droit dont doit bénéficier le colonel Ould Beibacar, en tant que citoyen, exige des autorités sa libération sans condition dans les meilleurs délais, mais également toute la lumière sur le passif humanitaire des années 89-91.
Dans un communiqué de presse, publié le dimanche, les FPC dénoncent et condamnent avec force les pratiques illégales et arbitraires qui violent la liberté d’expression reconnue par la Constitution. Le parti présidé par Samba Thiam exprime sa solidarité, son soutien total au colonel Ould Beibacar et dit être à l’écoute de l’AJD/MR et de l’ensemble des forces progressistes pour une solidarité coordonnée plus active à l’endroit d’Ould Beibacar.
De son côté, l’AJD/MR, qui avait sollicité Ould Beibacar dans le cadre de la commémoration des massacres d’Inal, a distribué une déclaration au cours de ce point de presse dans laquelle elle condamne avec la dernière énergie l’arrestation devant les locaux du parti et la séquestration de l’officier à la retraite. Pour le parti d’Ibrahima Sarr, les forces de l’ordre ont foulé au pied la liberté d’expression garantie par notre loi fondamentale. L'AJD/MR dont le président apparait visiblement très affecté par cette arrestation, fait observer que le Colonel Ould Beibacar n’a fait que contribuer à l’éclatement de la vérité sur une page sombre de l’histoire du pays que les autorités en place refusent d’élucider.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !