Le 28 novembre, anniversaire de l’accession de la Mauritanie à l’indépendance en 1960, notre devoir de mémoire nous rappelle l’exécution sauvage des 28 soldats noirs africains mauritaniens, symbolisant la cruauté du régime sanguinaire et raciste d’Ould Taya. La violence de ce crime est la manifestation de l’exclusion de toute une composante du pays, au nom du racisme qui, avec l’esclavage constituent les fondamentaux du système politique qui sévit en Mauritanie. Il n’est plus de doute, depuis cet acte barbare commis par l’Armée nationale, que la communauté de destin, comme expression de la volonté politique de vivre ensemble est mise en cause. Rien ne pouvant justifier la gratuité de ce geste barbare, absurde, d’une inhumanité innommable, dont la reconnaissance officielle comme crime contre l’humanité est encore en attente.
Il est essentiel de rappeler que la Mauritanie officielle, celle qui célèbre la fête de l’indépendance, représente la Mauritanie de la politique génocidaire, par l’ampleur des événements tragiques rythmés par une répression sans précédent sur la communauté noire africaine mauritanienne de 1986 à 1991, sans aucun répit. Le délit de toutes ces victimes est d’être membres d’une entité humaine non désirable et considérée comme un obstacle à une Mauritanie tribale, raciste et esclavagiste.
Les arrestations arbitraires, les exactions, les assassinats, les disparitions, les déportations, les humiliations et les expropriations ont constitué le quotidien de toute une composante dans une visée de cohésion identitaire et de cohérence idéologique. Une logique de haine et de mépris de la différence, animée par le chauvinisme et le racisme, continue d’inspirer la gouvernance de l’héritier de la politique de l’ancien dictateur Mawouya ould Sidi Ahmed Taya. Mohamed Ould Abdel AZIZ a pris la décision hautement significative d’approfondir les techniques et les pratiques de négation de la citoyenneté de la composante noire africaine mauritanienne.
A l’heure où s’organise une coalition internationale contre le terrorisme, le régime mauritanien sous le règne de Mohamed Ould Abdel AZIZ, poursuit une politique d’expropriation des terres de la Vallée aux ayant-droits et de privation des droits civiques aux anciens déportés, aujourd’hui apatrides dans leur propre pays. Sans aucune forme de considération des conventions internationales sur le respect des droits des personnes, de leur dignité et de leur sécurité et à disposer de leurs biens, le régime mauritanien a opté pour des stratégies de mensonge, de manipulation de l’opinion internationale et nationale, des organisations des droits de l’Homme, dans le but d’occulter le racisme, l’esclavage et l’impunité. Ces piliers du système politique mauritanien sont amplifiés par les méthodes de division et de diversion mises en œuvre par le régime de Mohamed Ould Abdel AZIZ.
Des activistes et des officiers supérieurs à la retraite, pour faire allégeance au système, avec une forme de condescendance et de compassion pour les victimes, relevant plus de l’opportunisme vulgaire et du pragmatisme cynique tentent, par des propos fallacieux et injurieux, de se faire entendre pour semer des confusions et provoquer des amalgames. Les victimes et leurs défenseurs ne se laisseront pas avoir cette fois-ci. Plutôt que de se faire bonne ou mauvaise conscience, ces serviteurs d’un temps révolu, devraient répondre devant la CPI (Cour Pénale Internationale), pour que justice soit rendue et la vérité rétablie.
La Mauritanie qui a assassiné 28 soldats noirs africains pour symboliser avec cruauté la souveraineté nationale n’est plus crédible humainement, politiquement et moralement aux yeux des victimes, niées dans leurs droits et dans leur dignité. Le 28 novembre est désormais une journée de tristesse et de deuil. La seule commémoration qui ait du sens, est celle du recueillement à la mémoire de nos martyrs, cruellement tués par les soldats de la haine, du racisme et de la barbarie.
Paris le 27 novembre 2015
Hamdou Rabby SY
Porte-parole
avomm.com