L’agence Tadamoun continue son petit bout de chemin. La tâche est particulièrement rude : Venir à bout des séquelles de l’esclavage, permettre la réinsertion définitive des rapatriés et lutter contre la pauvreté. Selon « tout le monde », c’est beaucoup de choses à la fois au point qu’à défaut de pouvoir tout faire, on risque de ne rien faire du tout. Pourtant, ce n’est pas l’argent qui manque. Dés son lancement, ordre a été donné de lui défalquer de l’argent des budgets de différents départements. Et voici la nouvelle agence démarrant avec au moins dix milliards. Après cela, son budget officiel a été arrêté à sept milliards. Depuis sa création, l’agence essaie de jouer son rôle. Visites de terrains, expertises, études de faisabilité de certains projets, constructions de nombreuses salles de classe et de points de santé dans les adwabas et sites de rapatriés dans les régions du Brakna, du Trarza, de l’Assaba, du Gorgol et du Guidimaka. Mais en Mauritanie, la pauvreté c’est partout. Aussi bien à Mbout qu’à Boukhzama. Tout comme elle est à Nimrouatt à Nouadhibou ou dans les kebbas de Nouakchott ou dans l’Aftout ou l’Avollé. Les séquelles de l’esclavage pour rester dans le discours officiel « nouent » la tête. Elles sont partout les séquelles : Honteusement étalées sur les rues et dans les structures de santé, d’éducation, dans les marchés. Partout. Les rapatriés sont si insatisfaits qu’ils ont entrepris une si longue marche de plusieurs centaines de kilomètres pour crier leur ras le bol et leur désarroi. Un vieil ancien esclave (oui les séquelles) trouvé devant la porte des bureaux flambant neufs de l’agence Tadamoun m’a déclaré : «Ces gens seront comme les autres (allusion à l’Anair). Sinon que font-ils ici. La direction générale devait être quelque part à Bouratt ou à Mbout. C’est là bas le travail. Ici, c’est les jolis bureaux, les climatisations et l’argent qui passe sans atteindre ses destinataires ». Tadamoun serait-elle sur les pas de l’Anair ?
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».