Devant se rendre en France, pour subir une formation d'entraîneur/éducateur de rugby à Rennes, Hussein Diop pourrait rater son stage, en raison du laxisme et de la négligence du président de la Fédération mauritanienne de rugby. Comment obtenir, en effet, un visa auprès du consulat de France, sans aucun document officiel (lettres de garantie de la Fédération et du Ministère) et sans ressource financière suffisante ? Toutes les démarches sont vouées à l’échec, en raison du désistement du dirigeant de la fédé.
Pourtant les conditions étaient réunies. En mai dernier, le meilleur élément mauritanien est allé effectuer un stage en France, au Rheu exactement, auprès d’un club de rugby amateur qui évolue en Fédérale 3 et qui est intéressé par ce joueur. Le directeur technique national, Jean-Marie Robert et les responsables de Rheu ont travaillé sur un protocole particulier, afin que Hussein puisse revenir avec un statut de stagiaire/étudiant. Il devrait suivre, deux années durant, une formation d'entraîneur/éducateur au comité breton de la fédération française de rugby, avec, en parallèle, une formation de français à l'université de Rennes. Les différentes parties s'étaient mis d'accord avec Diallo, le président de la fédération mauritanienne de rugby, pour qu’une aide soit apportée à Diop, dès son retour, le 19 juin, pour la constitution de son dossier de visa ... En vertu du protocole d'accord, Diallo devait, par le biais d'une lettre de la fédération, soutenir la démarche. En plus, le président de la fédération devait de solliciter une communication du ministère mauritanien des Sports, approuvant, lui-aussi, la formation d'un cadre technique de bon niveau, pour l'avenir du rugby en Mauritanie. Hélas, mille fois hélas, Diallo n'a pas tenu parole. Il s’est rendu en France pour ses vacances, laissant Hussein sans ressources pour obtenir le fameux visa ... A 21 ans, c'est maintenant que son avenir se fait ... ou pas, du moins comme il en rêve. Il a participé à un tournoi en Belgique avec Le Rheu qui a terminé 4ème sur 40, Hussein marquant la moitié des points de son équipe !
« J'ai eu Diallo au téléphone, mais la discussion a tourné court et j'ai compris qu’il se désintéressait du problème, voire de l'avenir du rugby en Mauritanie (!) Rien n'a été entrepris ... L'argent du rugby mauritanien dépend toujours des poches de son président ! », déplore Jean-Marie, « Déjà, lors de mon retour en France, après le tournoi de Dakar, il m'avait semblé comprendre que Diallo ne tiendrait pas les engagements que lui avait fixés l'IRB et la CAR, pour réintégrer la Mauritanie dans les compétitions internationales ». Il était demandé, tout simplement, au président de la Fédération de rugby, « la tenue d'une Assemblée Générale et l'élection d'un nouveau bureau, un numéro de compte bancaire propre à la fédération et la mise à jour aux règlements de l'IRB et de la CAR : formation de joueurs, fondation de clubs, licences et organisation d'une compétition à 7 » et ce, avant le 21 juin 2014. Rien ne fut fait. « Diallo reste un président autoproclamé, préférant régner sur du sable ... que de partager, avec d'autres, cette noble responsabilité qu'est de gérer l'avenir du rugby en Mauritanie », tonne Jean-Marie Robert. Pourtant, le DTN et son président avaient discuté de la réintégration de la Mauritanie et de sa participation au tournoi de rugby à 7, en prélude aux Jeux Olympiques de Rio de 2016, avec les dirigeants sénégalais, très influents auprès de la CAR, afin qu'ils plaident en faveur de la Mauritanie. Tout semble, aujourd’hui, « foutre le camp », au grand dam du DTN : « C'est incompréhensible, pour moi, de voir disparaître tout le travail effectué auprès de la FMR, depuis deux ans... comme la pluie dans le sable. Mais, pour Hussein, c'est plus dramatique, car il compte vraiment venir jouer et se former à Rennes ».
Dans une correspondance adressée aux dirigeants du rugby sénégalais, ses interlocuteurs des trois dernières années, Jean-Marie sonne la charge : « Je ne sais pas ce qu'il va advenir ; maintenant, du rugby, au « pays des dromadaires », mais ce serait bien que vous conserviez des relations avec ceux qui voudront poursuivre l'aventure ovale, Diallo s'étant mis hors-jeu, vis-à-vis de tous les interlocuteurs et responsables, tant mauritaniens qu’internationaux, il devra passer la main et quitter ce sport où les valeurs de sincérité, d'engagement et d’altruisme restent cardinales. Je vous adresse tous mes vœux de réussite dans votre action pour le rugby au Sénégal ».
Force est de reconnaître, aujourd'hui, que le travail entrepris, depuis deux ans, par un volontaire, s'effondre. Le départ de Jean-Marie qui a rendu quelques services côté rugby à ce qu'il imaginait être une fédération, sinon, à tout le moins, une « esquisse en construction », est une grande perte. Elle sera difficilement compensable. Mais cela semble être le cadet des soucis de certains.
THIAM Mamadou