Festival d’Aleg : Et de deux !

5 November, 2015 - 01:24

La deuxième édition du festival d’Aleg a enfin eu lieu, du 30 Octobre au 1er Novembre 2015. Les organisateurs auront donc dû attendre un peu plus de deux ans avant de pouvoir rééditer cette importante manifestation culturelle et artistique, pompeusement intitulée : « Festival d’Aleg pour les arts et la culture ». Vendredi soir, aux environs de 22 heures, après qu’un méchant orage a failli tout remettre en cause, les festivités débutaient, sous le patronage de la ministre de la Culture, madame Hindou mint Aïnina. Rien d’exceptionnel. Le rituel des cérémonies officielles a été respecté. Versets de Coran pour l’ouverture. Discours de l’artiste Ely Salem ould Eleya, initiateur et président du festival. Mot de bienvenue de Mohamed Ould Soueïdatt, maire de la ville. Allocution de madame la Ministre. Puis diverses activités, allant de la poésie à la musique, en passant par le visionnage d’un documentaire retraçant les mondanités et l’historique de la ville.

 

Improvisation

Visiblement, les organisateurs n’ont guère pris le temps de peaufiner les préparatifs. Pour preuve, l’effectif squelettique des cadres présents. Selon une source proche des responsables du festival, c’est juste en deux ou trois jours que tout a été mis au point. Du coup, les prestations artistiques et culturelles n’ont guère été extraordinaires. Ça sentait le remplissage. Un peu comme du coq à l’âne. Art, culture et politique. Un journaliste (le terme ne veut plus rien dire), c’est à qui s’en réclame, transformé en artiste, monte sur le podium pour appeler à l’unité nationale à travers une chanson. Puis encore un appel aux acteurs politiques de répondre au dialogue auquel invite le président Mohamed ould Abdel Aziz. Mécaniques applaudissements. Même la Nature n’a pas semblé daigner bénir l’évènement. Le temps pas beau, trop de petites bêtes sautillantes, au point que certains ont évoqué  un festival… des insectes. Au programme, du tir à la cible, du football et diverses autres activités susceptibles de distraire et de permettre, surtout, de remplir les trois longs jours du fameux festival.

 

Incompréhension

Comme l’a signalé le président du festival dans son discours, la manifestation n’avait, évidemment, rien de politique. Normal. Surtout quand c’est arts et culture. Mais, comme disait l’autre : « La politique gouverne tout ». Certes, pratiquement aucun politicien n’était là. Ni en chair. Ni en os. Mais ils étaient là. Soit par leur groupe. Soit par leurs petites taupes chargées de collecter toutes les indiscrétions et de signaler toutes les présences. Le site local Aleg.com a même signalé quelques incompréhensions entre les organisateurs et un politicien de la ville. Des malentendus vite démentis par une réponse, cinglante, sur le fil du même site. Question financements – collecte et gestion – les supputations vont bon train. Untel aurait donné telle somme. Alors qu’untel serait intervenu pour que la Mauritanienne passe de la publicité pour le festival. La ville compte assez de cadres, comme l’administrateur directeur général de la SNIM, le directeur général de la Sûreté nationale, entre autres ambassadeurs, conseillers et directeurs centraux. Généralement et comme partout, chacun veut exploiter la manifestation pour tirer la couverture à lui.

 

Aleg mérite mieux

Normalement, la ville devrait organiser un des plus importants festivals nationaux. C’est d’abord dans cette ville qu’un certain 5 Mai de 1958, toutes les composantes de la Mauritanie se donnèrent rendez-vous pour lancer, sur les fonts baptismaux, les premiers jalons de la république naissante. Ensuite, la ville recèle de potentialités culturelles et artistiques qui la prédisposent à l’organisation d’un évènement culturel majeur auxquelles prendraient part toutes les communautés qui y cohabitent, depuis des lustres, dans un étourdissant kaléidoscope de cultures, traditions et coutumes, significatif de la capacité des Mauritaniens à vivre en symbiose, dans un respect naturel les uns envers les autres et une adaptation parfaite aux réalités et spécificités de chacun. A ce titre, le festival des arts et de la culture d’Aleg devait être l’occasion, pour tous les Mauritaniens, de venir se ressourcer, systématiquement chaque année, au point de départ de leur république et de se remettre en cause, là où leurs pères de toutes directions et composantes ont eu le courage de poser les repères d’un pays né de nulle part.

Sneiba