La Marche verte : Quarante ans déjà…

5 November, 2015 - 01:16

Le Maroc célèbrera,  ce vendredi 6 Novembre, le 40ème anniversaire de l'annonce, par Feu Hassan II, de la Marche Verte, un évènement-phare « de l'histoire du Maroc contemporain qui a fortement marqué et façonné la vie politique au royaume chérifien », selon de nombreux analystes.

Le 6 Novembre 1975, donc, le roi Hassan II lançait une expédition aux couleurs du prophète, une Marche verte, pour imposer son autorité sur les sables du désert sahraoui. Le roi du Maroc s’était employé à cette opération souverainiste, sitôt annoncée la confirmation, par la Cour de Justice de La Haye, des liens juridiques et d'allégeance, entre les souverains du Maroc et le Sahara. Un branle-bas logistique avait, alors, fait déferler, sur le Sud, des flottilles de véhicules mais, aussi, des avions et des trains, chargés de matériel et de vivres. Armée d’exemplaires du Coran et de portraits du roi, une marée humaine de quelque trois cent cinquante mille marocains suivait. Poussée sur les routes du désert, pour s’installer au Sahara, elle devait remplir, immédiatement, le vide laissé par l’occupant espagnol, lui-même sur le départ.

« Cela correspond au nombre de naissances annuelles au Maroc », a expliqué le roi Hassan II. « J’ai pensé qu’il m’était permis d’engager la moisson solennelle que Dieu nous donne, pour ramener, à la Patrie, une terre que nous n’avons jamais oubliée. » Le souverain chérifien entend libérer le Sahara occidental de la présence espagnole, comme l’avait promis son père, au lendemain de l’indépendance du Maroc. Le 26 Septembre, il informait les gouverneurs de son projet, lors d’une réunion à huis clos. Près de sept cents fonctionnaires furent, ensuite, mis dans le secret, pour suivre une formation spéciale accélérée. Ils apprennent la raison de cet entraînement clandestin le 16 Octobre, à 18 h 30, lors du discours de Hassan II qui révèle, au Monde entier, son plan pour « la libération » du Sahara occidental.

Quelques heures plus tôt, la Cour de justice de La Haye s’est prononcée sur les arguments présentés par Rabat. Le tribunal international confirme l’existence de liens unissant certaines tribus sahraouies au royaume marocain, avant la conquête espagnole de 1884. Des centaines de véhicules roulent déjà pour acheminer, vers les provinces du Sud, les tonnes de matériel et de vivres nécessaires à l’opération.

 

Une épine au pied du Maghreb

La question du Sahara occidental  constitue toujours une épine au pied du Maghreb Arabe. Elle reste une des pommes de discorde les plus insolubles, empêchant l’UMA de fonctionner et de devenir une zone d’échanges, au grand bénéfice des populations de la région. L’Espagne ayant jeté l’éponge coloniale en 1975 et la Mauritanie, ayant renoncé, en 1979, à toute prétention sur ce territoire sur la façade atlantique de 266 000 kilomètres carrés, riche en phosphates, et, peut-être, en pétrole, la question ne concerne désormais plus que le royaume chérifien et l’Algérie qui ne ménage pas son soutien au Polisario.

Le Sahara occidental a aussi usé nombre de résolutions et de médiateurs de l’ONU, sans compter les quelque 600 millions de dollars de subsides internationales, dépensés en pure perte, depuis la fondation de la MIssion des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental (MINURSO), par la résolution 690 du 29 Avril 1991. Le 28 Octobre dernier, le mandat de la MINURSO a, du reste, été prolongé jusqu’en Avril 2016. Mais nul ne voit venir, à cette date, le fameux référendum ouvrant, aux Sahraouis, le choix entre l’indépendance et le rattachement au Maroc.

Pour sécuriser la zone et la rendre imperméable aux incursions des combattants sahraouis, le royaume chérifien a érigé un mur entourant le Sahara « utile ». La trop longue Guerre des sables épuisant chacun des protagonistes, un cessez-le-feu, parrainé par l’ONU en 1991, a quasiment éteint les aspects militaires du conflit. En revanche, les revendications restent tranchées, le Polisario réclamant l’indépendance, Rabat rejetant, désormais, l’idée même du référendum et limitant son offre à une autonomie sahraouie, placée sous souveraineté marocaine. Après avoir rejeté, en 2003, le plan de l’ancien représentant spécial de l'ONU, James Baker, qui prévoyait une période d'autonomie de cinq ans, avant un référendum d'autodétermination, le Maroc propose, aujourd’hui, de négocier un statut du Sahara occidental, avec l'Algérie et le Front Polisario. Mais toujours sous l’angle exclusif du rattachement…

Ben Abdalla