Dans le cadre d’un projet intitulé : « Justice pour les femmes rescapées de l’esclavage », financé par le Fonds Spécial des Nations Unies Pour l’Eradication des Violences à l’égard des Femmes, SOS Esclaves a organisé du 23 au 25 mai 2014 et du 3 au 5 juin 2014 respectivement à Néma et à Atar deux ateliers de formation ayant pour objectif d’améliorer la capacité de ses membres dans l’aide et le soutien aux femmes sortant de l’esclavage. Chaque fois, une journée de lancement officiel ouverte par les autorités permettait des échanges en aval des travaux sur la problématique de l’esclavage. Au cours des deux séminaires, plusieurs dizaines de membres (une trentaine par ville) ont suivi avec beaucoup d’intérêt les communications relatives aux droits humains, notamment le cadre juridique protégeant les droits des femmes, en particulier les droits des plus vulnérables telles que les femmes esclaves à travers les conventions internationales comme la Déclaration Universelle des Droits de l’homme (DUDH), la Convention pour l’élimination de toutes les formes de discriminations à l’égard des femmes (CEDEF) et certaines lois nationales dont la Constitution et le Code du Statut Personnel. Les participants ont aussi suivi l’état des lieux sur les différentes sortes de violences que subissent habituellement les femmes en général et celles sortant de l’esclavage en particulier. Ces présentations ont permis l’identification en travaux de groupes des typologies de ces violences, d’une part et les besoins spécifiques des femmes issues de l’esclavage, d’autre part. Des principes aussi importants que le droit à l’égalité, les libertés et droits fondamentaux de la personne humaine, le droit à la propriété, les libertés politiques et syndicales, les droits économiques et sociaux et les droits liés à la famille ont été amplement discutés. Des concepts comme le leadership, le Genre, le plaidoyer et le réseautage ont été aussi explicités grâce aux exposés de la formatrice, Lalla Aicha Sy et des ajouts et recadrages particulièrement intéressants et édifiants de Boubacar Messaoud et de Salimata Lam respectivement président de SOS Esclaves et Coordinatrice des projets et activités de l’organisation. Parallèlement aux travaux de deux sessions de Néma et d’Atar, deux experts (Fall Malik et El Keihel Ould Mohemd’El Abd) engagés par SOS Esclaves ont mené une étude portant d’un côté sur la situation des femmes sortant de l’esclavage à Néma et à Atar et de l’autre sur la capacité des structures régionales de SOS Esclaves de prendre en charge les nombreux cas d’esclavage qui surgissent régulièrement dans l’une ou l’autre des moughataa des régions du Hodh Chargui ou de l’Adrar considérées comme deux des plus importantes forteresses de l’esclavage. Ainsi, les experts ont en marge des travaux de formation saisi l’opportunité de la participation massive de certaines victimes pour discuter avec elles des conditions dans lesquelles elles vivaient avec leurs anciens maîtres et des modalités les plus adéquates qui leur permettraient de s’intégrer dignement dans leur nouvelle vie de femmes libres . Les experts ont aussi discuté avec les responsables locaux de SOS Esclaves des bureaux régionaux de Néma et d’Atar sur les problèmes qu’ils rencontrent aux niveaux administratif, sécuritaire et judiciaire dans la prise en charge des victimes de l’esclavage.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».