Dans quelques jours, le 2 août précisément, le président Ould Abdel Aziz sera investi pour un second mandat. Le dernier, si l’on en croit la Constitution. La fête, qu’on veut grandiose, verra la participation d’une dizaine de chefs d’Etat du continent. Les préparatifs ont déjà commencé. L’entrée principale du Stade olympique, qui abritera la cérémonie d’investiture, est en train de faire peau neuve. Mais on ne sait toujours pas que fera la Communauté urbaine des milliers de tonnes de détritus qui jonchent les artères de la capitale, la rendant encore plus hideuse. Ni où hébergera-t-on tout ce monde. Il est vrai que les chefs d’Etat ne passent pas la nuit à Nouakchott. Sinon, ça poserait un problème pour le moins épineux puisqu’à part cinq villas destinées à recevoir les hôtes de marque, dans l’enceinte du Palais des congrès, Il n’y a pas un seul hôtel de luxe pour héberger des délégations d’un tel niveau.
Le putschiste de 2008, relooké démocrate et élu, une première fois, en 2009, est devenu fréquentable. Et même courtisé, puisqu’entretemps, il a été choisi, par ses pairs, pour présider aux destinées de l’Union africaine. Tous les présidents des Etats voisins vont ainsi accourir, excepté Bouteflika, pour des raisons de santé évidentes, et Mohamed VI, avec qui le courant n’est pas encore parvenu à passer. Ceux-ci se contenteront d’envoyer des représentants. Mais Macky Sall, IBK, Yahya Jammeh, Issoufou, Déby, Sissi, Zuma et Marzouki seront de la partie.
Beaucoup d’eau a, en effet, coulé sous les ponts depuis 2008, date du renversement du premier président démocratiquement élu de notre histoire nationale. Ould Abdel Aziz a pu gravir tous les échelons pour faire partie intégrante du « sérail », ce melting-pot de présidents africains où des démocrates sincères côtoient, sans se pincer le nez, des dictateurs faisant peu de cas des aspirations de leurs peuples. Forts de la caution de l’ancienne puissance coloniale, ils n’en font qu’à leur tête, se permettant de tripatouiller la Constitution, réduire leurs opposants au silence, parfois définitif, et d’instaurer une oligarchie familiale d’une vulgarité à toute épreuve. Nous recevrons le 2 août certains membres de ce club.
L’hospitalité mauritanienne recommande de ne pas dire du mal de l’hôte de passage, au moins jusqu’à son départ. Nous allons déroger à cette règle et des oreilles vont certainement siffler, au cours de la cérémonie. Ira-t-on jusqu’à classer ces messieurs par ordre de démocratie ? Ou, plutôt, de non-démocratie, vu la proportion de ces présidents disqualifiés, de facto et d’office, au tableau d’honneur du pouvoir populaire. Ainsi va l’Afrique et l’on comprend bien qu’en ces tristes occurrences, Ould Abdel Aziz puisse faire office de roi. Au royaume des aveugles… mais qu’on ne nous demande pas, par pitié, d’applaudir !
Ahmed Ould Cheikh