Ces dernières années, la Mauritanie a déployé des efforts louables pour promouvoir la démocratie. Toutefois, en dépit de certaines avancées notables, il y a encore de nombreux défis à relever pour consolider les acquis démocratiques car la démocratie, la paix et le développement sont intrinsèquement liés.
Au moment où notre monde est confronté à des crises multiformes, la consolidation de la démocratie, d’un Etat de droit fort et respecté et de la bonne gouvernance demeure la meilleure manière de promouvoir la paix et la prospérité auxquelles aspire notre peuple. Le renforcement de nos institutions démocratiques permettrait aussi à notre pays de faire face aux différentes crises actuelles (financières, alimentaires et autres).
Pour réaliser ces objectifs importants, tous nos acteurs politiques significatifs, vont devoir conjuguer leurs efforts pour organiser un débat politique national fructueux et serein.
L’espoir que les années de transitions démocratiques engagé depuis la deuxième République instaurée par la constitution du 20 juillet 1991 et celles qui l’ont suivies 2005-2007 et 2009 accord de Dakar, avait suscité, ne doit pas s’effriter.
En leur lieu et place, il ne faut pas que s’instaure des dérives éventuelles portant en elles, les germes de lendemains incertains : l’instabilité, les menaces d’affrontements et leurs cortèges éventuels de morts et de réfugiés qui rendent illusoires tout projet de développement de notre pays.
Sans s’abonner au registre du pessimisme, l’on peut dire que notre pays doit à tout prix éviter le syndrome qui peut se propager au rythme d’un feu de brousse sous notre propre harmattan.
Pourquoi alors dépenser autant d’argent dans l’organisation matérielle d’élections quand on sait à l’avance que le verdict sorti des urnes ne sera pas respecté et accepté par tous les acteurs politiques sérieux?
Vous l’aurez compris, il s’agira, au cours du futur dialogue politique national, de fixer les contours exacts des questions qui se posent, de maîtriser les enjeux et de se rendre compte de la complexité de notre processus démocratique mauritanien par rapport au nouveau contexte national et international qui se dessine.
Ce dialogue se tient à une époque charnière, du fait des récents événements sur la scène internationale et les violences qui ponctuent notre Sahel et notre monde arabe.
J’aimerais également, sans empiéter sur les débats futurs, simplement souligner l’importance du sujet et ses enjeux dans le contexte pour la Mauritanie de demain en lui évitant de tomber de nouveau dans de nouvelles tensions et confrontations politiques.
Ce dialogue, si je puis dire, ne doit pas être une rencontre de masse, ni une conférence nationale. Il doit porter sur un ordre du jour basé essentiellement sur des sujets d’actualité, en particulier la gouvernance électorale, le respect constitutionnel et les termes de référence d’une stratégie nationale circonscrite dans le temps pour un développement économique et social de notre pays, et ce loin des sujets non prioritaires comme le changement de l’hymne national, le drapeau et d’autres sujets accessoires souvent évoqués dans ce genre d’événements.
En démocratie, il est tout à fait nécessaire d’avoir une opposition responsable qui critique et une majorité éveillée qui gouverne.
Sans négliger ou sous estimer les autres partis politiques de l’opposition démocratique, le RFD, l’UFP, la CAP, ainsi que des personnalités civiles et même militaires ciblées de dimension nationale, ne peuvent en aucun cas être exclus d’un quelconque projet de dialogue ou de concertation sur les grands problèmes nationaux.
Dans ce cadre, l’opposition démocratique doit faire preuve d’un sens de maturité et de sagesse pour rendre un tel événement consensuel, inclusif et fructueux, mais à son tour elle doit être rassurée à l’avance du succès d’un tel événement.
En effet, le choix des participants à ce genre dialogue national doit être sérieux et crédible, effectué sur la base de critères politiques objectifs.
L’expertise dont dispose nos acteurs politiques Majorité et Opposition confondues, m’incite à fonder un grand espoir sur une réflexion profonde, réaliste et objective sur les grandes questions nationales avec un message fort et réussi à notre environnement arabe, africain et international.
L’avenir de la Mauritanie et des mauritaniens ne pourra se passer d’un dialogue politique élaboré, voulu et accepté dans des conditions sereines et calmes par les forces politiques significatives pour consolider la construction d’une société mauritanienne démocratique, unie, développée et prospère et un Etat de droit fort et respecté.
SEM DAHI Mohamed Mahmoud
Ex Ambassadeur