Après la « conférence tam-tam », organisée, du 7 au 14 Septembre, au Palais des congrès, où l’UPR – PRDS version Aziz – a discuté avec lui-même de « toutes les questions d’intérêt national », voilà que des ministres et des conseillers sont envoyés à l’intérieur du pays pour expliquer ce qu’a été et ce que sera le futur dialogue. Il est, en effet, prévu un nouveau monologue à partir du 10 Octobre prochain. C’est, du moins, ce qu’ont recommandé les « rencontres préliminaires au dialogue national », dans leur communiqué final. En prenant cependant soin d’inviter le reste de forces politiques à se joindre à la grande messe qui décidera de notre avenir pour les prochaines années… ou décennies, qui sait.
L’opposition ayant déjà opposé une fin de non-recevoir à tous les appels du pouvoir, échaudée qu’elle est par les expériences précédentes, on voit mal ce qui pourrait l’amener à changer son fusil d’épaule d’ici le 10 Octobre. A moins d’un revirement, aussi spectaculaire qu’improbable, de la part d’Aziz, les chances sont quasiment nulles de voir l’opposition ‘’faire amende honorable’’ et accepter d’avaler des couleuvres d’au moins aussi grosse taille de celles qu’on lui fit ingurgiter à Dakar, en 2009. Le fossé est à ce point béant qu’il serait illusoire de parier la moindre ouguiya sur une décrispation de la scène politique avant 2019, au moins.
Dans ces conditions, pourquoi Aziz s’acharne-t-il à vouloir imposer « son » dialogue, alors que son deuxième mandat vient à peine de commencer et qu’il dispose d’une confortable majorité au Parlement ? Une Majorité dont la majorité commence à donner des signes d'énervement devant le peu de considération dont elle est l'objet de la part d'un pouvoir qui ne lui concède même pas des miettes. S'il n’a pas d’idées derrière la tête, pourquoi ne se contente-t-il pas d’accomplir posément son mandat, pour se retirer le plus tranquillement possible ? Aurait-il besoin, pour ce faire, d’une bouffée d’oxygène ? Il est vrai que les années d’abondance sont derrière nous : le déficit des finances publiques touche aux abysses, la récession pointe son nez, la politique du tout-Etat a atteint ses limites, les scandales gestionnaires se multiplient, le népotisme devient la norme…
Notre Raïs viserait-il plus loin ? Le peuple burkinabé, qui a chassé un président aspirant à un troisième mandat et mis en échec un coup d’Etat, devrait cependant donner à réfléchir à tous ceux qui se croient indispensables, supputant qu’après eux, ce serait le déluge… Quelque chose est en marche en Afrique et c’est, de moins en moins, au pas cadencé – avec tout ce que cela comporte de contretemps, hésitations et embouteillages. Les gens, ceux qui partagent les mêmes soucis triviaux du quotidien, se parlent désormais, réfléchissent, pèsent les discours et les actes de ceux qui prétendent les faire aller à leur botte ou les représenter, dans des dialogues et des non-dialogues à n’en plus finir. Les entendez-vous, messieurs et dames des cénacles politiques ? Cela se passe aujourd’hui, au Burkina Faso. Et dans combien jours, à votre avis, en Mauritanie ? Si ce n’était pas, déjà, ici aussi en route. A la mauritanienne, Aziz et consorts, à la mauritanienne…
Ahmed Ould Cheikh