Après quelques coups de semonce et d’essais, le RGP, garde prétorienne de Blaise Compaoré a décidé de franchir le Rubicon, ce mercredi 16 septembre en renversant les autorités de la transition. Presque sans coup férir, ruinant ainsi les espoirs du peuple Burkinabé qui a su se débarrasser de l’un des potentats africains qui n’acceptent pas de quitter le pouvoir au terme des mandants constitutionnels.
Le départ de Compaoré, qui manœuvrait pour un 3e mandat, avait surpris plus d’un en Afrique dans la mesure ou il était l’homme de la France et des américains qui ont longtemps fermé les yeux sur les manœuvres de déstabilisation de certains de ses compères. On se rappelle, que ne pouvant pas voler à son secours contre la volonté du peuple Burkinabé, la France l’extirpe pour le confier à Alassane Ouatara, son voisin qui, comme lui, doit beaucoup à cette France toujours Faucardienne.
L’histoire a commencé depuis longtemps. Compaoré a débarrassé la France de Thomas Sankara, ce 15 octobre 1987, avec la complicité de dinosaures comme Houphouët Boigny.
Depuis qu’il a été installé dans la République du Golfe d'Ebrie (aux frais de qui?), tous les patriotes africains se sont mis à douter de cette « extirpation ». Blaise ne pouvait demeurer neutre face à ce qui se trame dans son pays. Fin manœuvrier, l’homme attendait le moment propice pour faire agir ses hommes. Djibril Bassolé et autres, qui devraient aller en prison, étaient tapis et attendaient le moment opportun. Le rejet des candidatures à la présidentielle d’octobre des proches de Compaoré leur donnait l’occasion de sortir, ce 16 septembre afin de fouler au pied les aspirations du peuple Burkinabe.
L’environnement politique sous régional et régional s’y prête. La Guinée, la Côte d’Ivoire sont engagées dans des élections à haut risque et qui commencent à préoccuper la communauté internationale.
De leur côté, la France est occupée par ces vagues de migrants qui envahissent l’Europe et mettent en mal Schengen.
Les américains préparent, quant à eux, des primaires pour les présidentielles de novembre 2016.
Et comme l’union africaine (UA) ne pèse presque rien sur les membres de ce syndicat, Blaise Compaoré peut agir, conscient qu’il peut compter sur le soutien tacite de la France qui cherche à sortir du bourbier nord malien. Blaise a eu le temps d’y compter des relations solides au temps où il servait de « facilitateur » entre les différentes parties. Il était en fait, juge et partie.
La condamnation du coup de force au Mali par une voie du Quai d’Orsay démontre la mollesse de la position de la France. La voie de Fabius n’était-elle la mieux indiquée ? Les réactions de la communauté internationale, particulièrement celle de la France et de l’UA restent assez peu insignifiantes pour faire infléchir les putschistes de Compaoré qui, comme tout le monde le sait n’est ni le guinéen Dadis Camara, ni le malien, Amadou Aya Sanogo.
La Guigne du 3e mandat
Toute l’Afrique est aujourd’hui suspendue à des élections pleines de menaces et d’incertitudes. En Afrique de l’Ouest, on cite le cas de la Guinée où les parties prenantes peinent à matérialiser leur accord politique, en Côte d’Ivoire, on ressort la non légitimité de l’élection du président Ouatara, une histoire qui avait plongé le pays dans une guerre civile, il y a quelques années.
En Afrique centrale, Kabila fils fait le ménage autour de lui pour briguer un 3e mandat et Kagamé n’exclut pas de déverrouiller la constitution pour le même objectif.
Face à ces risques et périls, l’Union Africaine (UA) traîne les pieds, en condamnant des bouts des lèvres, en s’enlisant dans des réunions à n’en pas finir. Pendant ce temps-là, les peuples africains paient un lourd tribut.
Le peuple Burkinabé, en s’opposant à 3e mandat de son président, en le chassant même du pays, avait administré une belle leçon de détermination, de courage, de démocratie. Ce pays des hommes intègres avait surtout suscité un immense espoir pour les pays croupissant sous des « dictatures démocratisées », sous des « guides éclairés ». La communauté internationale ne doit pas laisser passer cette occasion, elle doit chasser ces « brigands » de Kosyam et faire parachever la transition.
Espérons que l'Afrique n'acceptera pas de traîner cette guigne du 3e mandat.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !