La badiya, paradis des voyous
D’habitude, c’est dans les grandes agglomérations et les villes que sévissent les malfaiteurs. Mais, au début de la saison des pluies, beaucoup de gens émigrent vers la campagne, pour respirer l’air pur et boire du lait frais. En quelques jours, le pouvoir d’achat des populations rurales vivant en bordure de l’axe Rosso-Nouakchott s’élève brusquement, en raison des bénéfices tirés des échanges avec les nouveaux venus. Des dizaines de commerces apparaissent. Le plus petit colporteur se transforme en épicier. Les liquidités circulent et cela attire les voyous de Nouakchott. Des bandes de « djenks » y louent ou volent des voitures et se rendent à Tiguint et autres villages. Le jour, les voici à camper en brousse, faisant méchoui du premier mouton ou chèvre croisée. La nuit, les voilà à rouler, façon Formule 1, dans les rues et à préparer leurs opérations. Et c’est, généralement, bien après minuit, qu’ils dévalisent quelques boutiques, avant de déguerpir vers de nouveaux cieux.
En cours de route, ils remplissent les malles-arrière d’ovins ou caprins volés qu’ils écouleront chez le premier boucher rencontré, en s’en gardant un ou deux, bien gras de préférence, qui seront égorgés en compagnie de quelques jeunes filles, au bord d’un marigot. Au cours de la première décade de Septembre, des dizaines de cambriolages ont ainsi été perpétrés, sur l’axe Tiguint-Rosso ; celui Tiguint-Mederdra subissant également plusieurs vols de chèvres et moutons. Certains de ces voyous n’hésitent pas à pénétrer dans les cabanes et autres campements, pour rafler les téléphones portables, pendant que les familles dorment.
Un automobiliste grièvement blessé par un malfaiteur
Dar Naïm est connu comme un point chaud de la délinquance où il est plus que dangereux de se déplacer seul la nuit. La zone est infestée de bandits en tout genre. Les maisons closes et autres réseaux pervers y pullulent. Le fameux El Eidhadh et son gang, les frères Feyliya et la bande des faux soldats en tenue y font notamment la loi, avec son lot quotidien de délits et de crimes, malgré la présence de trois commissariats de police. Il y a quelques jours, un jeune homme qui vient de garer sa voiture au secteur 16, vers vingt-deux heures, est attaqué par trois lascars, au moment précis où il sort de son véhicule. Le voilà sous la menace de poignards pointés sur le ventre. « Passe les clefs et vide tes poches, vite ! », ordonne celui qui semble le chef. Le jeune homme veut les empêcher de voler la voiture, en tentant de casser la clef dans la serrure. Ça lui coûte deux doigts, sectionnés net. Et lui aurait probablement coûté plus encore, si un autre automobiliste ne s’était arrêté, à cet instant précis – par « hasard », dira-t-il plus tard – provoquant immédiatement la fuite des bandits. La victime est rapidement évacuée à l’hôpital et la police vient dresser constat. Aux dernières nouvelles, deux suspects ont été coffrés par des agents du commissariat de police de Dar Naïm 1.
Insécurité sur l’axe Aziz
Le « Boulevard de la Résistance nationale contre l’occupant colonial » est communément appelé « Axe Aziz ». En cette canicule estivale, beaucoup aiment à y passer la soirée, si ce n’est la nuit. Quelques zones sont sécurisées par des postes de gendarmerie et du GSSR mais la majeure partie non. De quoi lâcher la main aux malfaiteurs. Au cours de la semaine écoulée, une dizaines de braquages ont eu lieu, plusieurs personnes ont été agressées et dévalisées. Un couple qui dormait, paisiblement, dans une cabane à proximité du goudron, s’est réveillé, soudain, entouré de machettes. « Nous voulons votre argent, vos téléphones et la femme ! », lancent les deux assaillants. L’homme se redresse calmement et propose vingt milles ouguiyas qu’ils refusent. La bagarre va éclater, indécise, car l’homme s’est saisi d’un gourdin et commence à l’agiter. Au même moment, les phares d’un véhicule apparaissent. Les bandits prennent aussitôt la fuite.
Mosy