Moi, je n’aime pas trop dire H’ratin. Ni Beydane. Ni Soninké. Ni Poular. Ni Wolof. Ni Bambara. Même si un h’ratin est un h’ratin. Un beydane est un beydane. Un poular est un poular. Un wolof est un wolof. Un bambara est un bambara. Ça, c’est comme ça. Rien à faire. Les affinités ne changent rien. Seydou Badian le rappelle dans son « Sous l’orage » : le séjour du tronc d’arbre dans l’eau ne le transforme pas en crocodile. Je ne reviens pas sur ces petites querelles de minarets selon lesquelles les H’ratin sont des maures. Oui, ils sont bien morts. Mais les Maures ne sont pas des h’ratins. Pour fâcher notre adorable majordome Alioune Sow, un peul BCBG, il suffit de lui dire qu’il est un kowri. Volée de bois vert assurée, assortie d’un cours d’histoire qui peut remonter à la création du Monde. Juste pour vous démontrer que le Peul est quelque chose et que les autres sont autre chose. Ici, chez nous, les détails comptent. Ils sont même très importants. Plus que l’essentiel. Exemple dans ces journées de concertations en vue de l’organisation d’un probable futur dialogue. Vous savez quelle en est l’information-vedette ? Celle que tous les sites, tous les journaux ont relayé ? Rien à voir avec l’essentiel. C’était qu’un certain Zeïdane – journaliste, journaleux ou journalier – a eu son badge. Des collègues à Zeïdane (et Allah sait qu’il en a beaucoup) ont commencé à « casser ». Pour eux, cette fois, c’est vraiment du n’importe quoi. Le ministère. Le gouvernement. L’Etat. La Présidence. Tout ce monde se fout de la presse. Pour avoir donné un badge à Zeïdane. Mais, comme l’a écrit un ancien doyen de la presse, c’est, tout simplement, parce que ce Zeïdane-là est un h’ratin. Sinon quoi ? Qui n’est pas dans la presse ? Des analphabètes en couleur qui ne savent pas écrire leur nom, ni en arabe ni en français. Même si, selon l’adorable Abdoulaye Ciré Bâ (un vrai journaliste, celui-là), cette expression ne veut rien dire. Des hommes et des femmes au passé moins glorieux que celui du moindre quidam sont, dans la presse, présidents de groupe de communication, journalistes talentueux, experts en tout et en rien, analystes, chroniqueurs. Des fous, des repris de justice et autres situations que la décence m’empêche de dire. Ils sont tout, ces gens-là. Journalistes façon qui font et défont l’actualité. Qui nomment et dénomment. Qui roulent dans de luxueuses voitures, possèdent domaines et cheptels. Pas qu’une RAV 4 ni un boubou propre. Mais c’est parce que Zeïdane est un h’ratin qu’on fait tout ce bruit autour d’un badge qu’il a pu obtenir, on ne sait comment. L’administration nationale, c’est comme le crachat de l’aveugle. Ça peut tomber n’importe où. D’ailleurs, ne dit-on pas que l’aveugle déterre ici, crache là-bas et enterre plus loin ? L’usurpation d’un titre est plus grave que l’usurpation d’un badge. Les bêtises de certains, on en rit, parce qu’ils sont ceci. Les indélicatesses des autres, on s’en offusque, parce qu’ils sont cela. Que de fois on a lu, sur un des sites nationaux les plus visités, les « analyses » de pseudo-journalistes ! Que de fois on a entendu celles de prétendument spécialistes en domaines journalistiques de pointe, alors que ces usurpateurs ne maîtrisent même pas les rudiments du journalisme traditionnel et parlent, à peine, leur « dialecte » paternel ! Un badge, c’est vraiment rien, par rapport aux immeubles, aux comptes en banque, aux nominations de complaisance. Une voiturette. Mais tout ça, c’est rien. On ne s’époumone pas pour rien. Comme tout le monde. A entendre parler les ministres, les députés, les notables, les hauts fonctionnaires. Ce n’est que du peshmerguisme pur et dur, pour avoir quelque chose. Ici et tout de suite. L’au-delà, c’est là-bas. C’est un peu comme la fable des animaux malades de la peste. C’est à cause de ce badge que la presse ne marche pas. Juste à cause d’un bout de caoutchouc plastiqué. C’est la faute au ministère. C’est la faute à Zeïdane. C’est la faute au Président. Il faut bien que ça bouge, pour que vive la presse… sans augmentation (zeïdane). Salut.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».