Dans la première et deuxième parties de sa réponse, publiées dans ces mêmes colonnes, le colonel Mohamed Lemine avait traité de la légitimité de la guerre du Sahara et des moyens militaires mis en oeuvre. Il évoque cette semaine la question du retrait de la Mauritanie de cette guerre.
Pour des raisons particulières, j’ai dû procéder à un léger réaménagement de la structure de mon exposé. Ainsi, je n‘aborderais pas ici la question des attaques menées contre l’armée mauritanienne qui feront l’objetd’une livraison ultérieure. D’autre part, je finirai mon exposé en traitant synthétiquement des questions relatives au retrait du Sahara et à la nullité de la reconnaissance de la RASD.
3 - Du retrait du Sahara
La principale justification pour le coup d’état de Juillet 1978 et sur laquelle s’accordait la quasi totalité des mauritaniens est que la Mauritanie n’avait et ne pouvait avoir une quelconque prétention sur le Sahara Occidental. C’est ainsi qu’en plus du redressement économique et de l’instauration de la démocratie, le Comité Militaire de Redressement National s’est engagé á se retirer du Sahara Occidental. Ce retrait est venu redresser le tort fait aux sahrouis par l’annexion de leur territoire. Au moment de l’attaque de Tichla, le processus de retrait du Sahara était déjá engagé, plusieurs sous-groupements de combat s’étaient déjà retirés. Et la signature du traitéd’Alger n’était que la mise en forme finale de la décision de retrait déjà prise et entamée. Avant de finir aveccette question du retrait, il est important de préciser que la Mauritanie n’a cédé le territoire à aucun des bélligerants et que depuis son retrait de Sahara Occidental, la Mauritanie a respecté la stricte neutralité sur cette question. Quant au maintien de notre présence à La Guera, il reste dicté par un imperatif sécuritaire et ne constitue, en tout cas, aucune revendication de notre part de cette partie du territoire sahraoui. Concernant la reconnaissance de la Republique Arabe SahraouieDémocratique, c’est une decision de souveraineté qui a été prise par un gouvernement reconnu par toutes les composantes de la nation.
4 - De la nullité de l’accord de paix et de la reconnaissance de la RASD
Votre approche du règlement de la question du Sahara, mon colonel, aurait certainement pu être discutable et même cooptée, si la décision avait été soumise á un débat. Au moment où la junte nous dirigeait, le pays était dans un état d’exception, la constitution était suspendue et le comité légiferait par ordonnances. Il ne pouvait être question pour le CMRN de soumettre aucune de ses décisions á un référendum populaire. Le CMSN, au même titre que le CMRN, tirait sa légitimité du fait accompli. Tous les acteurs politiques à l’époque ont reconnu soit officiellement, soit tacitement l’autorité de l’armée. Et c’est de cette reconnaissance de fait que le CMSN puise sa légitimité, une légitimité qui constituera le fondement de tous les actes administratifs que le comité prendra durant cette période d’exception y compris les décrets de nomination du Colonel Oumar ould Beibacar aux grades de sous-lieutenant, lieutenant et capitaine. Mettre en cause cette légitimité du CMSN, c’est remettre en cause toute la carrière d’officier du Colonel Oumar!
En somme, à la lumière de ce que nous avons vu, il s’avère que l’annexion du Sahara Occidental était une décision malheureuse, prise à un moment où le pays était le moins préparé pour une guerre, aux conséquences néfastes sur notre économie nationale et qui allait nous entrainer dans un cycle d’instabilité et de contradictions internes qui continuera jusqu’à nos jours. Le coup d’état de Juillet 1978 était une réponse pour tenter de limiter les dégâts de cette décision. Les officiers, qui avaient mené cette action, ont plutôt fait preuve de courage et de discernement louables et n’ont pas du tout mérité des critiques acerbes aussi injustes et aussi infondées.