La guetna, cette période très prisée des exploitants de palmiers dattiers, bat son plein à Tidjikja. Mais contrairement à l’an passé, l’ambiance est très morose, reconnaît Yahya ould Béchir, l’un des plus grands exploitants du terroir, joint par téléphone, à Tidjikja. Et pour cause, la faiblesse de la production, particulièrement chez ceux ne disposant pas d’eau et de moyens d’exhaure appropriés. Il s’y ajoute, signale Ould Béchir, la présence d’une maladie due à un insecte qui a sévi dans l’oued et affecté la production. Seuls ceux qui disposent de gros moyens peuvent produire de bonnes dattes ou se les procurer dans le marché, particulièrement la très prisée mehboula. Le mois béni du Ramadan n’ pas lui aussi facilité la tâche aux vacanciers. Mais la principale cause de ce faible engouement des producteurs et des vacanciers, est l’absence cette année du festival annuel des dattes, une occasion de retrouvailles, d’échanges d’expériences des oasiens, mais surtout de la vente de la production.
En cette année 2014, le festival se tient à Atar, la décision d’instituer un festival tournant a été prise au terme du dernier festival 2013 à Tidjikja.
Résultat des courses, peu de monde s’est rué à Tidjikja où les populations ne manquent pas de regretter déjà leur festival. Les exploitants retrouvent entre les bras une production qu’un marché très exigu ne peut absorber et les vaines tentatives de créer à Nouakchott un magasin de vente de la production venue de Tidjikja se heurtent à des contraintes techniques.
Institué en juillet 2010 par Mohamed Biha, ancien maire de Tidjikja, le festival des dattes a permis à la ville de se faire connaître et découvrir par des milliers de festivaliers, aux producteurs de la ville mais aussi des zones oasiennes d’écouler leur production pendant le festival qui dure 3 à 4 jours. Parallèlement à cela, la commune a réussi à attirer certains investissements qui ont permis, non seulement de désenclaver les 40 km de l’oued, mais aussi de le doter de l’électricité, grâce à une extension du réseau électrique. Une aubaine pour certains producteurs qui utilisent désormais l’électricité pour irriguer leurs palmiers, et par ricochet, améliorer la production et la qualité des variétés locales.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».