Après plusieurs mois d’accalmie au cours desquels on pensait, un peu trop vite peut-être, qu’il était mort et enterré, voilà le dialogue qui pointe à nouveau le bout du nez. Lors de la dernière rencontre entre l’opposition et la majorité, on avait frôlé une fin en queue de poisson, le camp du pouvoir ayant refusé de répondre par écrit aux propositions de son vis-à-vis. Les visitations présidentielles à l’intérieur du pays, le Ramadan et les vacances paraissant finird’éteindre les ardeurs des uns et des autres. La guerre entre les deux camps n’en continuait pas moins, par communiqués interposés. Le FNDU profitait de la moindre occasion pour tirer, à boulets rouges, sur un pouvoir coupable, à ses yeux, de pousser le pays vers l’abîme. Après avoir délaissé, le temps du Ramadan, le politique pour le social, l’UPR – le PRDS, version Aziz – réagissait du tic au tac. Et, sans lésiner sur la langue de bois, abreuvait la presse de communiqués tout aussi incendiaires.
On se demande, à présent, comment un dialogue pourrait s’initier, entre deux pôles qui ont atteint un tel degré dans l’invective. Et qui, depuis 2009, se regardent en chiens de faïence, dans un spectacle où la confiance semble perdue pour de bon. Comment dialoguer dans ces conditions ? Que va-t-on se dire qui n’ait été déjà dit ? Après avoir tenté, vainement, d’allécher l’opposition par une élévation de la limite d’âge des candidats à la présidentielle – ce qui permettrait à Ould Daddah et Messaoud de se présenter à la prochaine – le pouvoir s’est retrouvé fort contrit et grise mine, lorsqu’on lui a répondu que cette question n’avait jamais été posée, du moins par les intéressés eux-mêmes. Et le voilà, pour tenter de relancer la sauce, à faire, de nouveau, miroiter les idées de supprimer le Sénat, dissoudre les assemblées, organiser des élections législatives et municipales anticipées… Des « fuites » savamment orchestrées sur certains sites. Une façon d’appâter des partis que la non-représentation au Parlement prive de subventions. Chou blanc là aussi. Personne n’a accouru. Le FNDU campe sur ses positions.
Est-ce avec l’illusion de l‘en déloger que le ministre secrétaire de la Présidence, décrété monsieur Dialogue du pouvoir, a fixé, unilatéralement, dans son courrier au Front, la date du 7 Septembre, en date-butoir pour l’ouverture officielle des discussions ? Si le ridicule ne tue pas, c’est aussi qu’il peut, parfois, cacher anguille sous roche. Ce pourrait être : vous voilà, FNDU, devant l’alternative de baisser culotte ou de nous laisser les mains libres pour dialoguer avec qui nous voulons dialoguer. 2019, ça se prépare dès maintenant. Si vous ne voulez pas en discuter, dites-le, une fois pour toutes, on trouvera bien, moyennant arrangements, une bonne petite dose de partis et autres partillons pour nous faire savoir la volonté du peuple souverain. La constitution, comme les Accords de Dakar, ce n’est pas le Coran. Comme toute œuvre humaine, elle est donc perfectible. Suivez mon regard!
Ahmed Ould Cheikh