Finalement, on ne sait plus on est dans quoi. Une galère. Un bateau. Une grande cale. Pour aller vers où ? Impossible à savoir. Où est le président ? Où sont les ministres ? Les députés ? L’opposition ? La majorité ? La Mauritanie ? Gorgorlu devient moins visible, depuis qu’il n‘est plus à la tête de l’Union africaine. Complètement désœuvré au pays. Enfin, il a encore le temps de tenir les dernières promesses de son probable dernier mandat. Marche tout doucement, celui qui a à cœur de courir. Et puis, le serment du noble est dans son thorax. Entre maintenant et trois à quatre ans. Qu’Allah nous « contente » de ce que nous ignorons, c’est pas encore la peine de faire dans la précipitation. Les petites rumeurs de Nouakchott : Les proches du Président occupent des postes importants. Ses cousins et des parents à ses proches ont de l’argent. Les grosses commissions, les grands marchés et autres trafics d’influence, pour devenir hommes d’affaires incontournables. Dans quel pays au Monde, les proches du Président croisent-ils les bras, en attendant qu’il quitte les affaires ? Mais ce sera trop tard. Trop tard d’avoir des terres là où habiter. Trop tard d’avoir des assurances. Trop tard d’avoir des banques. Trop tard d’avoir des affaires qui prospèrent un peu partout sur la planète. Si je suis président, je ne touche à rien. Alors, ça sert à quoi d’être président ? Au moins, faire mais ne pas laisser faire. Autrement, c’est la pagaille. Les deniers publics. Je les « frappe » mais je ne laisse personne les « frapper » à ma place. Où est le Président ? Il est là. Il préside. Il voyage. Il surveille. Il regarde. Il se prépare à voir comment il va voir, avec ses hommes, en vue d’un probable petit remue-ménage, pour donner un sujet au peuple de radoter encore quelque temps, en attendant de voir comment voir. Les ministres de Mauritanie sont pompeux. Certains ministres mauritaniens sont pompeux. De Nouakchott à Djiguenni : on peut s’y rendre dans le calme. Surtout que ce n’est pas la campagne. Le maire de Djiguenni n’est même pas de l’UPR. C’est aussi une autre raison de s’y rendre sans tambours ni trompettes. Un PM qui part en vacances. Ça devait faire plus calme. Plus sage. Plus posé. Un cortège de V8 pour faire impression de quoi ? Fortes présences improvisées de personnalités de tout le Hodh El Gharbi, venues tendre la main et le cou à Tintane. Sur le chemin du retour du Premier ministre. Etre sur le chemin. Rester sur le chemin. Chercher le chemin. À l’aller ou au retour. Peu importe. L’essentiel, c’est de retrouver le chemin. Croiser celui du PM. Le voir. Le toucher. Le sentir. Attendre. Les députés votent. Tous ensemble. Qui vote pour ? Qui vote contre ? Avec ses accoutrements des gens de la langue de barbarie : gros boubou et demi-saison. Les doigts se lèvent. Il faut faire comme tout le monde. Selon une rumeur parlementaire citée par un site de la place, une vingtaine de nos honorables députés sont complètement analphabètes. C'est-à-dire, ne sachant ni lire ni écrire. Une dizaine d’autres sachant à peine déchiffrer, de près, lettres et chiffres. Ce n’est pas du c’est quoi ça ? C’est pour justement vous faire voir que nous ne savons pas quoi faire. Discuter de la pertinence des lois, de leur compatibilité ou de leur utilité. Comment ? Un député, ce n’est pas seulement un gros 4x4, un gros boubou, un enivrant parfum, une barbe bien rasée, une moustache fournie et autres petites mondanités inutiles. Un député, c’est d’abord savoir lire et écrire… son nom sur une tablette. C’est le minimum. Mais, c’est quoi ça ? C’est ça. Où est la majorité ? Sidi Mohamed ould Maham est là. Dans ses vieilles approches de l’accord de Dakar. Toujours carré dans son pantalon. Droit dans ses bottes. Toujours fort à l’aise, quand il s’agit d’aborder son sujet de prédilection : accuser l’opposition d’être à l’origine de tous les pépins nationaux. Et, en cas de besoin, la Mauritanienne vient en renfort, pour corroborer les propos du premier de ses clients. Où est l’opposition ? Les oppositions ? Sont là-bas quand même… comme les chaussures de l’autre. Salut.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».