Faut-il donc que nous soyons considérés comme incultes et indignes de tout entendement pour que les politiques se permettent de dire tout et n'importe quoi... ?
La dernière sortie du président du FNDU est, encore, une preuve que quelque chose ne va pas chez nous, que nous avons perdu tout sens, toute raison, toute intelligence de la Chose publique. A croire que le vide des idées n'engendre qu'un autre vide, suite désespérante de vides où tout politique qui se respecte s'empresserait de fourrer n'importe quoi.
Oser dire que le coup d’État de 2008 est comparable au séisme provoqué par la monstruosité nucléaire à Hiroshima et Nagasaki est abominable.
Oser comparer 2008 et les horreurs au Japon relève, soit de l'ignorance, soit du cynisme, ce qui serait encore plus grave...
Comment, aujourd'hui, peut-on se permettre d'insulter la mémoire des 250 000 victimes japonaises ? Comment peut-on comparer notre vide national aux abominations qui ont signé la capitulation définitive du Japon ?
En 2008, il n'y a pas eu de morts. Il y a eu la suite logique du lâchage du premier président civil démocratiquement élu, non seulement par l'armée qui en avait fait son homme, mais, aussi, par une partie de ceux qui sont dans le FNDU aujourd'hui.
Il n'y a pas eu de bombes nucléaires.
Non, messieurs du FNDU, nous ne pouvons comparer 2008 à Hiroshima. Nous ne pouvons comparer 2008 à Nagasaki. Nous ne pouvons le faire sans perdre la face et tout sens moral.
Faut-il donc que nous soyons tombés bien bas, que le discours politique ait perdu tout sens des valeurs, tout but supérieur, pour que nous pataugions dans la boue du désert des idées politiques ?
Quelle image avez-vous de nous, citoyens, pour que vous vous permettiez des absurdités pareilles ?
Ne sommes nous donc rien d'autres que des ersatz d'humains, indignes d'entendre un vrai discours politique ?
Est-ce notre faute si vous ne nous faites plus rêver, si la politique, hormis celle que l'on connaît, à savoir le clientélisme, le tribalisme, la louange éhontée, l'achat des consciences, le reniement, le « peshmerguisme », l'entêtement, le cynisme, etc...est devenue cet immense « désert des Tartares », ?
De grâce, laissez en paix la mémoire des 250 000 malheureux de Nagasaki et Hiroshima... Ne les mêlez pas à notre cirque national, à cette pitoyable parodie de politique...
Entre les louangeurs de la Majorité qui tentent de nous faire croire qu'Aziz a tout créé, le Ciel, la Terre, l'eau, le couscous, le riz, et j'en passe....et l'opposition qui ne sait plus quoi dire ni proposer, nous sommes, nous mauritaniens, otages d'une vision sclérosée de la politique .
Messieurs les politiques, rendez-nous notre intelligence, rendez-nous l'espoir, rendez-nous une grandeur que nous n'aurons, finalement, jamais vraiment connue.
Rendez-nous une dignité, une culture, un savoir. Rendez-nous un rêve de citoyenneté...
La Mauritanie n'est pas la chasse gardée de professionnels de la politique et/ou de l'armée. La Mauritanie a une texture en dehors de la couleur kaki ou de la couleur opposition.
Elle existe, dans ses différences, dans sa mémoire scarifiée.
La Mauritanie se débat, tous les jours que Dieu fait, pour manger, pour s'éclairer, pour accéder à l'eau, au travail, aux droits humains élémentaires. La Mauritanie d'en bas est en combat permanent, loin, très loin, des discours creux.
La Mauritanie ne se reconnaît plus en les siens. Vous en avez fait l'otage de vos idéologies, vous l'avez laissée être captée par les extrémistes religieux, au moins dans la pensée, par les extrémistes identitaires, au moins dans l'ancrage d'une seule langue. Vous en avez fait une arène du désespoir et de la misère. Là où le politique se devrait d'offrir un futur, un espoir, vous ne nous laissez, derrière une apparente démocratie, que le droit de survivre dans la mort des idées.
Il nous faut de la diversité.
On en est loin, très loin. Le dernier avatar de notre vide politique en est l'exemple : en refusant aux ex FLAM l'autorisation de se constituer en parti, nous ne faisons que niveler un peu plus les idées politiques. Le « délit » pré supposé et quelque peu fantasmé d'atteinte à l'unité nationale, celui là même qui motive le refus officiel fait aux ex FLAM, est un délit quasiment national : il est dans les déclarations hystériques de ces députés qui déchirent un rapport en français, il est dans le matraquage permanent de la diversité culturelle, il est dans notre TVM qui se veut plus arabe que les arabes, si tant est qu'il y ait un monde arabe « pur » et un autre... Il est dans la fracture éducative qui fait que seuls les enfants de ceux qui ont les moyens réussissent au bac pendant que les ¾ des élèves de l'école dite publique ont lamentablement échoué.
Il est dans cette arabisation forcée, dans l'imposition d'une seule référence culturelle...
Ce délit est permanent, il est dans la rue , dans nos maisons, dans nos médias, dans nos salons...
Il est dans ces politiques qui vont faire allégeance à des pays étrangers, qui reçoivent de l'argent de ces pays …
Il est dans ces leaders religieux émargeant en Arabie Saoudite...
Dire que les ex FLAM sont contre l'unité nationale signifie que personne n'a écouté Samba THIAM, ni son discours....
Personne...
Cette décision est inaudible car, alors, pourquoi le Président lui-même, a-t-il reçu les ex FLAM ? Pourquoi leur a-t-il été permis de tenir leur Université d'été ?
Qu'est ce qui a changé en quelques mois ? Sûrement pas le discours de Samba THIAM..Mais, plutôt, le poids des lobbies adverses, ceux qui ne rêvent que d'une Mauritanie uni couleur, uni langue....
Je ne suis pas d'accord avec toutes les idées des ex FLAM mais c'est cela la diversité des opinions, c'est cela le débat, c'est cela la démocratie. Ce ne sont pas seulement des partis triés sur le volet, juste bons à justifier notre façade démocratique.
Nous devons pouvoir entendre autre chose que le « dialogue » improbable....
Oui, Messieurs les politiques, respectez-nous et nous vous respecterons...
Salut
Mariem mint DERWICH