Finies les vacances. Deux petites semaines en tout. Tellement courtes qu’on ne les a même pas vues passer. Quinze jours au cours desquels beaucoup de choses se sont passées. Un voyage présidentiel à Milan, à l’occasion de la journée de la Mauritanie à l’Exposition universelle. Au moins cinq ministres furent également du déplacement pour tenter de « vendre » la Mauritanie. Dont plus personne ne veut. Entre terrorisme, absence de justice indépendante, pressions fiscale et douanière, arnaques en tout genre, les investisseurs répugnent à une aventure qui a coûté cher à bien d’autres. La société BUMI se mord encore les doigts d’avoir cru au fer mauritanien. Tout comme Xstrata qui a déjà plié bagages. Les sociétés espagnoles, qui construisaient des immeubles pour la SNIM, à Zouérate et Nouakchott, ont disparu dans la nature, les laissant en l’état. Tasiast s’apprête à opérer une seconde compression de son personnel et menace de fermer boutique, si les prix de l’or ne montent pas et si l’on continue à en faire une éternelle vache à lait.
Qu’avons-nous raté d’autre ? La réunion des chefs d’Etat de la Grande muraille verte. « Un mensonge continental », pour reprendre les termes d’un confrère. Cinq présidents ont passé 24 heures à Nouakchott pour parader avec leur homologue local, se donner bonne conscience et se dire que ce sont eux les promoteurs de cette idée de génie qui freinera, pour toujours, l’avancée du désert. La 129èmesession du conseil d’administration de l’Asecna et son conseil des ministres. Notre guide éclairé sait apparemment bien recevoir. Mais, tout comme l’ivresse, la joie de l’accueillite est bien éphémère. Tôt ou tard, il faut bien revenir sur terre. Et la terre, ces derniers jours, est bien mouillée. Comme chaque hivernage, Nouakchott se noie. On nous avait pourtant promis que cette année ne serait pas comme les autres. Un comité interministériel fut même mis en place pour prendre les mesures nécessaires afin d’éviter de tels désagréments aux populations. Quelques goudrons, surélevés, sont effectivement hors eau… aimablement conviée à inonder les concessions des riverains ! Plusieurs quartiers, dont les sols sont parcourus de fils électriques rafistolés, sont privés d’électricité. Et l’on y voit soudain danser les petits enfants qui vont nu-pieds sur le sable mouillé : ça chatouille le courant quand la Somelec voudrait bien qu’il arrive !
Bref, la pluie est bien arrivée, les ministres évitent les flaques, le Président voyage, préside, rectifie, toujours bien au sec, lui, et nos vacances… elles sont à l’eau !
Ahmed Ould Cheikh