Aujourd’hui est un grand jour, celui de votre anniversaire et celui de la fin de votre carrière. Un jour qui célèbre une vie pleine de bonté, d’humanisme, de générosité, de grandeur mais surtout d’honnêteté et de droiture. La garde nationale perd l’un de ses piliers, elle perd une incarnation des grandes valeurs, celles qui deviennent si rares de nos jours.
Malheureusement, vous n’avez pas été célébré autant que vous le méritiez. S’il n’en revenait qu’à moi et à tous ceux qui apprécient encore les hommes de valeurs comme vous, vous seriez enseigné dans les livres d’écoles. Pour moi, votre nom est synonyme de patriotisme et de courage. Le courage d’exprimer ses idées, le courage de dénoncer les injustices et de dire la vérité quelque soient les conséquences, même si celles-ci sont au détriment de vos intérêts personnels et professionnels.
A ma mère qui a pleuré aujourd’hui, en me disant que vous n’avez pas eu le grade de Général et les fonctions que vous méritez, je lui dis : « Essuie tes larmes Maman, essuie tes larmes car les grades et les fonctions, beaucoup en ont mais peu, très peu ont les qualités de ton frère.
Nous vivons dans un monde si matérialiste que parfois nous oublions les choses essentielles de la vie, celles qui, en tant que musulmans, devraient être prioritaires pour nous. Nous préférons les grandes villas, les hauts salaires et les belles voitures à la droiture, l’honnêteté et la défense des droits de nos concitoyens. Maman, essuie tes larmes et célèbre ton frère, célèbre sa carrière et sois en fière. »
Je demande à ceux qui ne vous connaissent pas de lire le livre « J’étais à Oualata » dont un chapitre entier vous est dédié, afin de voir comment vous avez honorablement et si justement dénoncé les injustices commises auprès de vos compatriotes emprisonnés à l’époque.
Je me rappelle encore de ce compatriote, Lamine Kane, qui au lieu de m’appeler par mon nom m’appelait « la nièce du Colonel Oumar OuldBeibecar ».
Je ne peux m’empêcher de penser à ce que vous avez écrit dans un texte que vous avez publié récemment sur internet quand vous avez parlé de votre père Cheikh OuldBeibacar en disant qu’après sa mort, il vous a laissé « comme héritage une somme de 7000 ouguiyas dans sa poche, reliquat de son dernier salaire, un poste radio, une montre, des livres et un inestimable capital de fierté, de dignité et d’amour pour la justice».
Quel bel hommage à votre père, mon grand-père maternel que je n’ai jamais connu. Il me suffit d’entendre tous les témoignages honorables à son égard pour l’admirer. Vous avez honoré votre père, vous avez respecté et suivi toutes la valeurs qu’il vous a enseignées.
Je ne peux oublier votre mère, que j’ai eu la chance de connaître et dont je pleure encore la mort, YemihaMintTalhata, que vous décrivez si bien dans votre texte : « une femme généreuse et cultivée ». Je rajouterais à ces qualités : une femme pieuse, pleine de bonté, si humaine et si généreuse. A mon avis, vous avez aussi toutes les qualités de votre mère exceptionnelle.
Je pense ce soir aux deux Yemiha, à Yemiha votre mère, Allah yerhamha qui vous aimait tant et qui aujourd’hui serait si fière de votre honorable carrière mais aussi à Yemiha votre fille, la plus jeune de vos enfants, la prunelle de vos yeux. Je sais qu’elle a un futur brillant devant elle et je ne me doute pas que vous lui inculquerez toutes vos valeurs et vos qualités.
Quant à la garde nationale, je leur rappelle la fameuse phrase de George Pompidou, au lendemain de la mort de Charles de Gaulle : « La France est veuve ». Aujourd’hui, vous partez à la retraite. La Garde Nationale est veuve.
Célébrons ensemble votre carrière. Nous en sommes fiers. Votre famille, vos proches et tous ceux qui ont eu la chance de vous connaître vous admirent. Je suis sure que même vos ennemis et ceux qui ont été injustes envers vous admirent secrètement car vous avez fait ce que peu de gens ont pu faire : vous êtes resté égal à vous même tout au long de votre carrière sans laisser l’argent et les choses matérielles vous corrompre. Joyeux anniversaire, qu’Allah vous donne longue vie, cher oncle.
Imane Babah
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