L’insécurité, encore et toujours, à Nouadhibou. Un climat propice à toutes les psychoses. Inquiètes, les populations en sont à manifester pour dénoncer les séries de cambriolages, vols à main armée, agressions et braquages de toutes sortes qui se multiplient, ces temps derniers, dans la ville. Vendredi 12 Juin, vers vingt-une heures, une brise froide souffle, comme d’habitude en cette presqu’île. Au marché El Ghiran, les clients se font de plus en plus rares. Les quelques boutiquiers qui n’ont pas encore fermé s’y préparent. Mahfoudh ould Brahim, un commerçant sans problème natif de Tintane, s’y emploie d’ailleurs, avec son commis. Soudain, deux jeunes hommes au look patibulaire font irruption. Le commerçant les prie de sortir. « Hé ! Nous sommes des clients comme tout le monde ! – Peut-être mais après l’heure, ce n’est plus l’heure. Je refuse de vous vendre quoique ce soit. Revenez demain ! ». Et de les sommer, avec son second, de sortir. Ils obtempèrent en maugréant mais reviennent à la charge, quelques minutes plus tard, en compagnie d’un troisième larron. L’un d’eux plante son poignard en pleine poitrine du pauvre Mahfoudh qui meurt sur le coup. Un autre blesse grièvement le vendeur. Ils s’emparent du contenu du tiroir-caisse et se retirent furtivement. Mais les tenants d’une boutique voisine s’intriguent de cette sortie suspecte. Ils parviennent à arrêter deux des assassins, tandis que le troisième réussit à s’échapper.
On évacue rapidement le blessé. A l’heure où nous mettons sous presse, son pronostic vital ne serait plus engagé, selon les médecins des urgences. La police a identifié les criminels : Cheikh Brahim et Souley Mamadou, en ce qui concerne les deux qu’elle détient ; quant au fuyard activement recherché, il s’appelle Mohamed ould Babe.
Les réseaux pervers réactivés
Les nombreuses filières du plus vieux métier du monde se sont retrouvées assez démantelées, par les descentes et opérations « coup de poing » menées par les autorités au cours des mois passés. A El Mina, les réseaux Fatou Mar, Haby et Mariem « quatre heures », quasiment fermés. Sidi « le marabout » a déménagé vers l’intérieur du pays, emmenant tous ses « talismans » et laissant derrière lui « ses disciples ». Ami, la sénégalaise, s’est convertie en coiffeuse et ne veut plus recevoir de clients chez elle. Papa N’diaye, qui livrait « à domicile », au niveau de la Medina R est hors du pays. Les réseaux de Capitale et du Ksar ont, eux aussi, cessé toute activité. Les filles qui rôdaient autour des appartements de location, à Tevragh Zeïna, se sont fait rares. Les fameux appartements jouxtant le Palais des congrès sont, actuellement, occupés par une firme étrangère. L’opinion publique est satisfaite.
Cependant, on constate, depuis deux semaines, une recrudescence de ce sale phénomène. Sans se soucier de rien, sinon de la loi de l’offre et de la demande, les réseaux d’El Mina ont repris du poil de la bête qui sommeille, variablement, en chacun de nous. La fameuse Mariem continue à gérer son réseau, à partir de la prison des femmes où elle est incarcérée. A Tevragh Zeïna, c’est le proxénétisme version 2015 qui prévaut. Les rencontres sont organisées par téléphone. Une fois l’accord conclu, c’est la femme qui embarque le client dans son véhicule pour l’emmener chez elle. Les racoleuses occupent de nouveau le trottoir, dès la tombée de la nuit. Et le va-et-vient des hommes et femmes reprend son manège, dans les appartements à louer…
Un condamné cousu d’or
L’opinion a toujours en mémoire le carnage du Trarza, en Novembre 2009. Ivre de vengeance, un jeune commerçant s’était juré de commettre massacre. Mais, il n’avait réussi, « heureusement », qu’à tuer deux personnes et blesser une troisième. Une fois en prison, Ahmed ould Vall, alias « Kalach », le triste sire de l’histoire, y ouvrit petite boutique qui ne tarda pas à devenir florissante. Et, depuis le transfert de divers grand bandits vers Aleg, le commerce de « Kalach » n’a, désormais, plus de rivaux. Actuellement, il détient quasi-monopole à Dar Naïm : ses boutiques, en chaque aile de la prison, fournissent tout à tout le monde, même aux autorités carcérales. Kalach se balade, en beaux habits, si librement partout qu’on murmure qu’il ferait, à l’occasion, promenades dehors…
Ahmed a été condamné à mort, par la Cour criminelle, il ya quelques mois. Tout dernièrement, ce verdict a été confirmé par la Cour d’appel. S’il est très peu probable que la sentence soit un jour exécutée, Ould Vall s’organise, en tout cas, une perpétuité assez douce, somme toute... Jusqu’à monnayer, un de ces matins, sa liberté « conditionnelle ?
Mosy