Alors que le dialogue politique, dont on parle pourtant depuis plusieurs mois, n’en est à qu’à ses premiers balbutiements, ne dépassant pas le stade d’échanges de bons procédés et de déclarations d’intention, la Convention pour l’Unité et l’Alternance Pacifique et Démocratique – la bien nommée CUPAD, dernier avatar de la CAP, qui regroupe trois partis d’opposition : APP, Sawab et El Wiam – vient de jeter un énorme pavé dans la mare. Se sentant exclue du dialogue en gestation, elle a organisé, lundi dernier, une conférence de presse pour déclarer, d’emblée, qu’elle s’oppose à toute modification constitutionnelle relative au mandat présidentiel. La CUPAD a cité, nommément, les articles 26 et 28 de la Constitution qui fixent le mandat du Président de la République à cinq ans, « rééligible une seule fois ». Ainsi que l'article 29 par lequel le président investi jure « de ne point prendre ni soutenir, directement ou indirectement, une initiative qui pourrait conduire à la révision des dispositions constitutionnelles relatives à la durée du mandat présidentiel et au régime de son renouvellement, prévues aux articles 26 et 28 de la présente Constitution ». Une fois rappelés ces sacro-saints articles, la CUPAD prend, toutefois, la sibylline précaution de préciser qui si « la volonté des participants au dialogue s’exprime par un consensus en faveur de modifications constitutionnelles et dans ces conditions seulement, elle ne peut que les approuver ».
C’est ce qu’on appelle, en langage d’écolier, être hors sujet ou passer à côté de la plaque. Le dialogue n’ayant pas même connu un début de commencement, personne ne peut présager des thèmes qu’on y abordera, si jamais il a lieu. Ce qui est très loin d’être acquis. Comment expliquer qu’on jette ainsi, en pâture à l’opinion, l’idée qu’on puisse, ne serait-ce qu’un instant, penser à une modification de la Constitution ? Comme rien n’est gratuit en politique, on ne peut qu’avoir des doutes sur une telle sortie, en ce moment précis. Un ballon d’essai, pour voir comment réagiront les autres forces politiques ? Ou volonté de donner un coup de main au Président, au cas où celui-ci s’aventurerait sur ce terrain miné ? La CUPAD n’en est pas certes à son coup d’essai. Messaoud est déjà venu au secours d’Ould Abdel Aziz, lors de l’épisode de la « balle amie » et la CAP s’était présentée, seule, au dialogue de 2011 avec le pouvoir, brisant, du coup, les rangs de l’opposition. Ce n’est probablement pas un hasard, non plus, que Messaoud s’est fait recevoir, au Palais gris, au lendemain même de ladite conférence de presse. Mais, franchement, on a beaucoup de mal à concevoir en quoi tout cela pourrait être de nature à rétablir la confiance avec le FNDU… A moins que, justement, il ne soit question que de l’enterrer définitivement ?
Ahmed Ould Cheikh