Les Mauritaniens sont des génies. Pas en herbe. Ni en paille. Des génies. C’est tout. En tout. Partout où ils passent, ils font parler d’eux. Les Mauritaniens sont interchangeables. C’est ça, leur génie. Sans rien. En un clin d’œil. Ils peuvent se transformer. Histoire de s’adapter. Une capacité d’adaptation extraordinaire. S’adapter avec les mots. Avec les attitudes. Ce n’est pas de l’hypocrisie. C’est le chameau que le temps a fait courber, il faut le monter. Et la main que tu ne peux couper, il faut faire avec ; l’embrasser, même. En Mauritanie, les civils peuvent jouer le rôle des militaires. Les militaires, prendre la place des civils. Les journalistes, devenir experts en armement, en stratégie, en BASEP. Et les présidents, se transformer, le temps d’une conférence de presse, en animateur. Oui, un président qui joue au journaliste, en donnant la parole, en la reprenant, en la redonnant et en posant des questions genre : qu’est-ce qu’ont ces gens-là contre le BASEP? Hein, tu penses, toi journaliste, qu’il faille dissoudre une aussi belle unité militaire d’élite ? Ah non, non, ça, jamais ! Le BASEP n’est pas à dissoudre, c’est une fierté nationale. Maintiens-le, Président-Fondateur ! N’écoute pas ces ennemis de la Nation. Je donne la parole à X ould Y. Merci, monsieur le Président. Voici ma question : La Mauritanie, c’est le pays des Almoravides. Des Hommes bleus. Le turban est important contre le vent. La stratégie qui a permis de voir plus clair, dans cette histoire de terrorisme. Et vous, monsieur le Président, c'est-à-dire que moi, ce que je veux comprendre, c’est que c'est-à-dire que, vous, votre mandat passé, plein de réalisations concrètes… Le système politique que vous avez instauré… 2019, c’est dans moins de quatre ans. Vous avez déjà passé un mandat et vous venez de commencer votre second. Est-ce qu’il fait chaud, ce soir, à Nouakchott ? Merci, monsieur le Président. Sacré Président-Fondateur ! Nous savions que Président-Fondateur était courageux. Officier, citoyen et putschiste. Ce n’est pas rien. Ennemi du bulletin blanc. Cinquante millions de dollars. Ce n’est pas rien non plus, comme dit mon ami. Un africain de très loin, vers le Ghana, Accra, a voulu arnaquer Président-Fondateur. Mais il a appris, à ses dépens, que ce n’est pas facile. Ghanagate ou Irangate ? Pour sortir l’argent de Président-Fondateur, il faut plus qu’une imposture et se réveiller de bon matin. La preuve. Nicolas Beau ou Nicolas Vilain. Le Monde. Le site de Moussa ould Samba Sy. Tout ça, c’est quoi ? C’est l’étranger et ses hommes d’affaires, Dé. Pas de commentaires sur les cinquante pages de ce Nicolas à la solde de l’ennemi, de l’opposition, des aigris. Rien de caché. Tout est clair. Les tribus sont là. Les gens de Zouérate sont sortis m’accueillir. A part cinq. Juste cinq. Venus de Nouadhibou. Là, Moussa a failli fâcher Samba. Attention, Dé. Ça me rappelle l’histoire d’un vieux garde de Boghé, recyclé de l’armée française, avec un ami turbulent qui avait violemment terrassé son fils. Accouru, le vieux attrapa la main de mon ami agresseur et lui posa cette question : « Toi kaspré ou toi pa kaspré ? » (Soit, en français hexagonal : « L’as fait exprès ou pas ? »). Mon ami lui répondit : Moi paf et kaspré. Allé, dégage ! » Exactement comme le dirait Briga, dans le feuilleton burkinabé « Commissariat de Tampy ». Les biens de Président-Fondateur sont dans l’enveloppe remise à l’ancien président de la Cour suprême. Certainement il nous entend. Quelques voitures. Quelques terrains. Quelques fermes. Quelques gilets pare-balles….Comme tout le monde. Pour ce mandat, c’est l’actuel président de la Cour suprême qui a dit, à Président-Fondateur, que ce n’est pas la peine de dire ce qu’il a. Qui disait qu’en Mauritanie, chacun peut devenir quelque chose ? Voilà un magistrat qui dit au Président (président du Conseil de la magistrature) de ne pas respecter la loi. L’adage populaire nous enseigne qu’il est, en effet, préférable, pour être rapide, de courir en pente descendante. A vos marques ? Prêts ? Partez ! Salut.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».