J’ai beaucoup hésité. Sans savoir pourquoi. Je ne voulais choquer personne. Le HS (hors sujet), c’est tout ce qui ne manque pas, en Mauritanie. Ici. Chez les Nouz’Autres, comme aime à dire si souvent ma chère collègue la Derwichette. Vous savez, autrefois, le HS avait sa vertu. Au temps où les fesses, les grosses, avaient encore leur mot à dire, dans notre esthétique féminine. Maintenant que les choses vont vite, que les personnes vont vite, qu’il faut sauter, danser, changer, aller partout, être plus léger, plus agile, plus frétillant. Pour cette fois, HS oblige, je veux parler du mensonge. Ce n’est plus rien en Mauritanie, Dé. C’était à « beau mentir qui vient de loin ». C’est maintenant à « beau mentir qui n’a jamais quitté ». C’était « un mensonge remplissait un sac mais ne mettait rien dans l’autre ». Maintenant, le mensonge remplit tous les sacs, les magasins et les conteneurs. Le mensonge était l’exception. Maintenant, il est la règle. Les menteurs sont rois. Les faiseurs et défaiseurs de situation. Les Boss. Les Grands. Les Incontournables. La Mauritanie est malade du mensonge. Des mensongers. Des Spécialistes de ce qu’Allah ne lui a jamais dit « sois ! », pour être. Du sommet à la base. De l’opposition à la majorité. Des civils aux militaires. Les femmes. Les hommes. Les jeunes. Les partis. Les organisations. La presse. Surtout celle-ci. Raconte n’importe quoi. Sans preuve. Des mensonges historiques. Qui finissent en mensonges. Des mensonges qui finissent en mensonges. Il faut au moins un début de preuve, comme disent les juristes. Mais une histoire complètement créée de « saftou » (une partie de la cuisse). Des gens sans mâchoires. Ou aux mâchoires en caoutchouc, voire démontables. Tous. Sans exception. Du haut en bas. Mensonge en tout. Politique. Economie. Société. Culture. Histoire. Que de mensonges ! Cette histoire de dialogue… Conduis-moi. Retourne-moi. Le problème, c’est le Président. Le problème, c’est le FNDU. Le problème, c’est Messoud. Le problème, c’est la majorité. Le problème, c’est l’opposition. Le problème, c’est la délégation. Le problème, c’est les préalables. Le problème, c’est le BASEP. Le carburant ? Les 400 milliards de la SNIM ? Des milliards sont rentrés par ci. Des milliards sont sortis par là. Notre armée ? C’est la meilleure du Monde. Ses équipements ? Depuis Aziz, pardon, depuis 2008 : super équipée comme pas possible. Les tracts ? Mensonge complet des ennemis du pouvoir. Les nouveaux marchés construits près du Stade olympique, aux abords de l’Ecole de police, vers la route de Soukouk et autres ? Quelque chose comme : c’est pour la première dame. Ou la dernière dame. Mensonge ou vérité ? Confusion totale. Motus et bouche cousue. Mais ce qui tue tout, c’est qu’en Mauritanie, tout se sait. Les langues des Mauritaniens les mangent. Impossible de taire quelque chose. Des tronçons interurbains qui ont fini en mensonges. Des projets qui ont fini en mensonges. Des promesses qui ont fini en mensonges. Le mensonge est ambiant. Naturel. Normal. Cette histoire de nouvel aéroport qui desservirait toutes les villes du Monde ou presque. Des millions de passagers par an. Fin des travaux en 2014. Avril 2015 ? On ne dit rien. Pas avant de finir la liquidation des terres de l’ancien aéroport, via les intermédiaires. Mensonge culturel. La Mauritanie est un arc-en-ciel. Riche de sa diversité. C’est du mensonge que de dire autre chose que cela. C’est même de la malhonnêteté, empreinte de complexes et de négationnisme. Mensonge télévisuel. Mensonge radiophonique. Mensonge historique. La Mauritanie contemporaine, c’est depuis le milieu des années quarante. Ce n’est pas depuis 2008. Accumulations négatives. Oui. Réalisations positives. Non. C’est du mensonge. C’est de l’hypocrisie. C’est de la diversion. Du mensonge envahissant qui remplit tous les espaces. Mensonge, de la Présidence au bourg le plus reclus. Mensonge au Parlement. Mensonge aux ministères. Dans la presse : Officielle et privée. A la majorité. A l’opposition. Partout. Pauvres de Nouz’Autres. Salut.
Il y a quelques semaines, un ancien fonctionnaire devenu conservateur de bibliothèque, Ahmed Mahmoud ould Mohamed, dit Gmal, publiait sur Facebook un post au titre évocateur : « La mémoire en décharge : quand les archives nationales finissent dans les ruelles de Nouakchott ».