Le rideau est tombé, mercredi dernier, annonçant la fin de la représentation théâtrale organisée dans les wilayas des HODH par le chef du régime en place, Monsieur Mohamed Ould Abdel Aziz. Ce dernier laisse derrière lui des populations dont les conditions de vie sont encore plus dramatiques, les espérances encore plus incertaines, les interrogations sur les vrais mobiles de cette visite encore plus lancinantes et, aussi, les luttes intestines et les divergences entre les élites plus profondes qu’avant.
Ici, au Forum National pour la Démocratie et l’Unité nous avons tenté, comme tous les citoyens mauritaniens d’ailleurs, de trouver quelque vertu à cette visite qui puisse attester de la bonne foi du pouvoir en l’organisant. En vain. Rien, en effet, ne la justifie : ni le timing, ni le déroulement, ni les retombées sur les contrées visitées, ni les résultats que pourraient en récolter les habitants de ces contrées.
- S’agissant du timing, cette visite intervient au moment où le pays connait sa plus grande crise sociale et économique depuis des décennies ; à savoir la grève des travailleurs de la SNIM qui menace l’existence de toutes les Wilayas du Nord et risque de détruire l’économie de la Mauritanie toute entière.
- Elle intervient aussi alors qu’une sécheresse catastrophique frappe le pays. Cette calamité dont les signes avant-coureurs sont déjà visibles - surtout dans les régions visitées – laisse le pouvoir indifférent, si bien qu’à ce jour, aucune mesure pour aider les populations à y faire face n’a été prise.
- Elle a eu lieu alors que la crise politique, économique et sécuritaire a atteint un niveau sans précédent, de l’avis même du chef du pouvoir ; lequel a renoncé à son entêtement à nier la crise et à tenter de détourner les regards de l’impasse dans laquelle son coup d’état d’août 2008 a engagé la nation. Le voici donc qui reconnaît l’existence de la crise, admet l’analyse que fait le FNDU de la situation du pays et se résout au dialogue auquel l’opposition a constamment appelé pour sortir de l’impasse. Mais ce fameux dialogue est toujours incertain, en raison des atermoiements du régime en place et de son incapacité à donner des gages de sa bonne foi et des preuves de sa disponibilité pour une entente sur des mesures de nature à préserver l’intérêt suprême de la nation.
- Enfin, la visite s’est déroulée dans un contexte régional marqué par une dégradation du climat sécuritaire dans la sous-région et son incertitude en Mauritanie précisément, où des doutes planent sur ce qui se trame dans nos espaces sahariens et sur la capacité du régime à sécuriser nos frontières, alors même qu’il a suffisamment prouvé son inaptitude à assurer la sécurité intérieure, à Nouakchott et dans les villes moins peuplées.
A toutes ces preuves du timing inopportun de la visite, s’ajoute le fait que les objectifs visés derrière elle sont flous et ceux annoncés ne sont nullement convaincants. Ils ont d’ailleurs été démentis par les faits. Ainsi, il est apparu que Mohamed Ould Abdel Aziz s’est évertué à montrer une « popularité » factice, faite en majorité de fonctionnaires et agents de l’état, d’indicateurs du pouvoirs, de gorilles de la présidence et de vagues de flagorneurs, tous venus spécialement de Nouakchott dans le dessein pitoyable d’animer ce carnaval et d’occulter les souffrances des populations locales.
De même, toutes les inaugurations prétendument effectuées ne sont en réalité que des projets en retard d’exécution, déjà « inaugurés » plusieurs fois pour certains ! C’est le cas par exemple du projet DHAR, déjà inauguré en 2009. Ce projet stratégique d’adduction d’eau potable dont la réalisation est attendue par les populations depuis une décennie, n’a pas connu d’avancement significatif, et ne sera d’aucun secours pour les populations taraudées par la soif, en cette année de sécheresse implacable. C’est pourquoi d’ailleurs, elles ont manifesté, tout au long du périple, brandissant des bidons vides.
C’est le cas aussi de la fameuse usine de lait, inaugurée de nouveau elle aussi ! Comble du ridicule, la comédie d’inauguration-spectacle de ce projet a été jouée au moment où une sécheresse désastreuse frappe de plein fouet les régions visitées et menace de décimer le cheptel de la zone.
On peut dire la même chose des inaugurations fictives de routes bitumées, des infrastructures de santé dont le matériel a été emprunté aux camps de réfugiés de M’BERRA, le temps de prendre quelques photos ; sans oublier les tables et équipements scolaires empruntés quelque part eux aussi, pour dissimuler la carence flagrante en matériel et équipement dans les écoles ; carence dévoilée par le directeur de l’école de EHEL MOUBARAK qui n’a pour bureau que l’ombre d’un arbre !
En réaction au déroulement de cette comédie de mauvais goût et à ses tenants et aboutissants une fois le rideau tombé sur son dernier acte, le FNDU tient à exprimer ce qui suit :
- Cette visite a constitué une charge très lourde pour les habitants des régions visitées, lesquels n’en ont tiré aucun profit, à part des promesses qui ne seront d’ailleurs jamais tenues comme toujours.
- Cette visite a été une consécration des pratiques autocratiques de l’hypocrisie politique et de la glorification du détenteur du pouvoir, surtout au sein de la jeunesse instruite, qui, après que toutes les voies honorables pour l’émancipation aient été fermées devant elle, ne trouve plus d’autres alternatives pour survivre que la flagornerie et les louanges du gouvernant.
- Des pratiques tribales et claniques éhontées ont été réveillées au cours de cette visite, les institutions de l’état ont été ouvertement contraintes à traiter avec elles et les médias autorisés à se faire écho de leur propagande nuisible, le tout en violation flagrante de la Constitution et des lois de la république et au grand préjudice de l’unité nationale.
- Des sommes faramineuses ont été dilapidées à l’occasion de cette comédie ; elles auraient pu servir à l’approvisionnement des populations en médicaments, en denrées alimentaires ou en aliments de bétail. Le Forum exige qu’une enquête soit diligentée à ce sujet.
Le FNDU invite l’opinion publique nationale et internationale à ne pas se laisser abuser par la propagande du pouvoir autour de cette visite qui a lamentablement échoué à réaliser son objectif inavoué : détourner les regards des graves dangers qui guettent le pays ces jours-ci et de l’incapacité du pouvoir à y faire face. La très décevante conférence de presse organisée hier soir par le chef du régime constitue, dans sa forme et dans son contenu, un dénouement véritablement digne de tout ce qui précède.
Nouakchott, le 27 mars 2015
La commission de communication