Annoncé à coup de communiqués relayés par les médias, la conférence de presse du président de la République a laissé plus d’un sur sa faim. Le timing étant bien choisi par le rais ou sa communication– il intervient à la veille de la fin de sa visite dans les Hodh, au moment où la grève de la SNIM se prolonge et menace même la survie de la première entreprise du pays, mais aussi au moment où les pourparlers avec l’opposition, suspendus à cause du voyage présidentiel, devraient reprendre, la conférence de presse n’aura pas tenu toutes les attentes. Tous les sujets abordés par le président, visiblement déstabilisé par l’accroc avec un confrère, ont été superficiellement traités. Rien de nouveau sur la SNIM sauf qu’aucun missionnaire n’a été dépêché pour discuter avec les grévistes qui n’auraient pas respecté la parole donnée au président lors d’une rencontre à Zouerate, que leurs revendications sont « irréalistes » pour être satisfaites par la direction de l’entreprise. Pour le président Aziz, les mauritaniens doivent tirer les leçons d’autres pays qui ont vu les entreprises minières (fer) fermer à cause de la chute vertigineuse des prix de ce minerai dans le marché mondial. La menace de fermeture pèse-t-elle dès lors sur le premier employeur du pays, premier contributeur au budget national ?
Sur le dialogue tant attendu, le président qui disait qu’aucun sujet n’est tabou informe le FNDU qu’aucun préalable n’est admis avant l’ouverture des discussions, qu’il n’a jamais évoqué la modification de la constitution, ni pour instaurer un régime parlementaire, encore moins pour la déverrouiller, que les gens sont libres de gesticuler. Le pays ne vit aucune crise politique, s’est-il hâté de rappeler.
Interrogé sur les conditions de vie des populations, sur la montée des prix de denrées de première nécessité, sur la baisse du pétrole qui devrait avoir des implications positives sur tout ce qui est transport (importations), le président a tout simplement opposé la structure des prix du carburant, indiquant au passage que le gouvernement subventionne à hauteur de 80 Um le prix d’un litre de gas-oïl.
Dans le même ordre d’idées, le président a déploré la prolifération anarchique des hameaux et autres localités à l’intérieur du pays. Un problème pour les investissements en termes d’écoles, de santé, d’équipements hydrauliques …
C’est dire qu’on n’aura pas appris grand-chose au sortir de cette rencontre avec la presse.
Piètre format de Com
Les conférences de presse du président de la République ont souvent connu des ratés que la Com de la présidence ou le cabinet peinent à corriger. On se demande parfois si la direction de la communication de la présidence a son mot à dire sur la préparation des conférences de presse ou autres rencontres avec le Peuple ou la Jeunesse ou si c’est le cabinet qui régente tout.
L’un ou l’autre devrait pourtant avoir son mot à dire par rapport aux thèmes à traiter. Il ne sert à rien de remettre au président une pile de fiches où il pourrait se perdre ou s’attacher les services d’un ministre pour donner une réponse à une question. La présidence gagnerait à cadrer quelques thèmes, ce qui permet de maîtriser leurs aspects, d’éviter de coller aux fiches, d’hésiter avant de répondre. Un président de la République, fut-il le plus futé du monde ne pourrait maîtriser tous les aspects de la vie de sa nation, c’est un être humain, avec ses qualités et ses défauts. Simplement, il doit avoir la magnanimité de trouver des portes de sorties pour des questions «gênantes ». La Com ou le cabinet pourrait par conséquent restreindre le nombre de journalistes qui interviennent, quitte à opérer une rotation des organes de presse, chaque fois qu’une conférence de presse est convoquée au palais. Il faut apprendre à s’inspirer des exemples d’ailleurs. Le président Aziz n’a-t-il pas beaucoup voyagé, présidé l’UA pendant une année?
La Com ou le cabinet se devrait au cours du briefing de préparation faire comprendre au président qu’il n’a pas affaire à de grands enfants ou à des soldats et qu’il doit par conséquent se départir de certaines réactions, genre "tais-toi !" Ou "retire-toi !" Il doit rester détendu, détendre l’assistance et les téléspectateurs. Les journalistes doivent, eux aussi se montrer « polis» et «responsables » mais pas se faire désarçonner ; ils doivent faire montre de maturité et se sérénité. Le courage du confrère Wédiaa, directeur de Siraj et responsable de la Chaine privée El Mourabitoune est à ce point à saluer,il a tout simplement voulu rappeler un principe: on ne change pas les règles du jeu en cours de route.
Ensuite, par rapport aux choix des organes de presse et leur gestion. Jusque-là, beaucoup d’organes se demandent comment s’effectue le « tri » des journalistes pour interroger le président. A l’occasion de cette dernière sortie, on constate que la presse écrite francophone a été totalement zappée. Certains d’entre eux sont tout simplement considérés comme des pestiférés par le cabinet ou la Com du Rais. En tout cas, au Calame, nous ne regrettons pas d’avoir été "oubliés " encore une fois pour ne pas avoir à assister à des « shows », à servir de « faire valoir », ou disons-le, de « décor » tout simplement.
Faites un petit tour à Nouakchott : allez de la plage des pêcheurs au Port de l’Amitié ou de cette infrastructure vers le carrefour dit Bamako ; partez d’Atak El Kheir 2 en direction de l’Est ; promenez-vous en divers quartiers de la capitale… Rassurez-vous, il ne s’agit pas de villégiature !