Visite au Hodh Charghi : A-côtés

24 March, 2015 - 15:34

Accident de la circulation

Quelques heures avant l‘arrivée du président Mohamed ould Abdel Aziz à Néma, le lundi 16 Mars, la cité à été le théâtre d’un fait divers tragique. Le conducteur d’une Toyota  Hilux a perdu le contrôle de son véhicule et  fauché deux petits garçons venus de la commune d’Oum Avnadich pour prendre part à la fête. L’un d’eux est mort sur le coup. Transporté d’urgence à l’hôpital régional, le deuxième est dans un état « critique », selon les médecins.

 

Bagarre à Nebeïkat-Lahwach

Un fait insolite a  marqué l’étape de Nebeïkat-Lahwach.Une bagarre a éclaté entre les partisans du ministre de l’Equipement et des transports, Isselkou ould Ahmed Izidbih, et ceux de l’homme d’affaires Saleck ould Sellamy. Pour être plus  précis, ce sont les femmes de ces deux tendances de l’Union Pour la République (UPR)-principal parti de la majorité, qui se sont affrontées, comme à la borne-fontaine,pour une histoire de banderoles.

 

Le gasoil de Benna

Restons toujours à l’étape de  Nebeïkat-Lahwach, pour parler de la grosse enveloppe de 500 000 ouguiyas  dégagée, par le Président en personne, pour le gasoil du comédien Benna ould Chenouf. Une histoire racontée par l’heureux bénéficiaire, qui  affirme avoir reçu cette faveur présidentielle en  réponse à une sollicitation  signalant que son véhicule était à sec.

 

Présence

Maître Sidi Mohamed ould Maham, président de l’UPR, était présent à toutes les étapes. Le députait précédait toujours le chef de l’Etat, de quelques minutes, à l’entrée dans les localités. Histoire de vérifier si tout était en bon ordre ?

 

Soif à  Oualata

A Oualata, au-delà du folklore, habituel dans ce genre de circonstances, les  populations de la cité historique, célèbre pour ses manuscrits et lieu depassage séculaire des caravanes du commerce transsaharien, ont profité de  la visite présidentielle pour crier leur soif.

Elles ont ainsi réclamé l’inscription de la ville dans le programme d’accès à l’eau potable des localités de l’Est à partir de la nappe souterraine de Dhar. Le projet doit desservir une dizaine de grandes localités et, même, des bourgades plus petites, sur le parcours des conduites, grâce à un financement de près de 40 milliards d’ouguiyas. L’achèvement des travaux d’adduction et les premiers essais de mise en service sont prévus pour le mois de mai 2016.

Autres revendications des populations de la vieille cité : une route bitumée vers Néma et des projets pour le développement de l’agriculture et de l’élevage.

 

Revendication identique à Fassala Néré

Faisant preuve d’originalité, les habitants de Fassala Néré – localité proche de la frontière malienne – ont saisi l’opportunité du passage du président de la République pour réclamer  l’eau potable, en brandissant des bidons vides de 20 litres. Ce procédé a également permis de dénoncer « l’indifférence » des responsables locaux face à leur souffrance.

La galère des journalistes

Invités avec l’engagement d’une prise en charge à toutes les étapes, les hommes de la presse privée ont vécu une véritable galère, durant tout le périple à travers les Hodhs. Les choses avaient pourtant bien débuté à l’étape de Néma, avec un hébergement correct dans la maison de Hamada ould Derwich. Mais la suite se  dégrade en véritable chemin de croix pour les journalistes, finalement réduits à compter sur la solidarité légendaire de leurs compatriotes, pour trouver gîte et repas.Il faut ajouter, à ces désagréments, l’absence quasi permanente de connexion dans les capitales de moughataa et les difficultés du réseau téléphonique, dans les localités de moindre importance.

 

Fantasia à Adel Begrou et Bousteilla

Des fantasias en forme de parades de chevaux et chameaux ont marqué des étapes d’Adel Begrou et Bousteilla, dans le Hodh oriental, les jeudi 19 et vendredi 20 Mars. Des spectacles de haute facture qui ont donné, à l’accueil, une couleur pittoresque.

 

Ephémérides

Rencontré à Bassiknou, en marge de la visite du Président, Ahmedou ould Sidi ould Hanana, ancien membre du gouvernement et ambassadeur dans plusieurs pays, nous a conté la chaude journée du 16 Mars 1981, au cours de laquelle un commando d’une vingtaine de militaires, dirigé par les colonels Ahmed Salem Ould Sidi et Mohamed Ould Bah ould Abdel Kader avait tenté de renverser le pouvoir de Mohamed Khouna ould Haïdallah. « Les jours précédents le lundi tragique, nous avons été avertis que quelque chose se tramait. Mais nous en ignorions la nature exacte. Toutefois, compte-tenu des relations, tendues, avec le Maroc, les autorités mauritaniennes avaient le pressentiment qu’un acte de déstabilisation était susceptible de venir de ce côté. En ma qualité de ministre de l’Information, j’ai tenu une conférence de presse, le jeudi précédant l’attaque, pour aviser l’opinion nationale et internationale que quelque chose se préparait contre la sécurité du pays. Une rencontre au cours de laquelle le gouvernement avait rappelé l’attachement, indéfectible, de la Mauritanie à la paix et au principe du bon voisinage », renseigne l’ancien ministre.

La suite du récit porte sur le déroulement des événements de la terrible journée qui se décline comme un film d’horreur. « Des bruits inhabituels, des  appels téléphoniques à la Présidence, en quête d’informations fiables : Mahjoub ould Boya, Mohamed Yedhih ould Bredleïl »… Au dernier coup de fil, Ahmedou ould Sidi entend des rafales d’armes automatiques. Il téléphone alors au chef d’état-major, Maaouya ould Sid’Ahmed Taya, un ami personnel, pour savoir s’il est au courant de quelque chose. L’officier répond par la négative. « Je l’informe alors que la Présidence est le théâtre de rafales nourries d’armes automatiques. Taya avise tous les chefs militaires de la place : 6ème Région, Gendarmerie, Garde Nationale... Quelques instants plus tard, j’essaie à nouveau de le joindre. Mais à l’autre bout du fil, c’est une voix inconnue, qui me demande : « C’est Ahmedou ? ». Interloqué, je raccroche sans dire un mot de plus. J’attends un instant puis prends l’initiative d’un troisième appel. C’est à nouveau le chef d’état-major qui décroche le combiné. Je lui explique ce qui s’est passé, quelques instants auparavant. Il me répond, laconiquement, que c’est un autre élément qui avait pris la communication » ajoute Ould Hanana. En réalité, Maaouya ould Sid’Ahmed Taya était l’otage du commando du colonel Kader, qui avait reconnu la voix d’Ahmedou, auquel il était également lié par une réelle amitié. Et le doyen de nous rappeler l’épilogue de cette tragique journée qui se conclut en véritable boucherie, avec l’exécution des colonels Kader et Ahmed Salem ould Sidi, ainsi que des lieutenants Niang Mustapha et Ould Doudou Seck. Merci à l’ancien ministre qui a trouvé, malgré âge avancé et santé fragile, la force nécessaire de nous confier un témoignage précieux pour la postérité.

 

Rassemblés par AS