Les résultats des premières élections présidentielles organisées en Mauritanie après l’avènement de la carte d’identité numérisée sont sans équivoque : le président sortant Mohamed Ould Abdel Aziz (MOAA) a été plébiscité par plus de 80 % des voix exprimées, avec un taux de participation dépassant les 56 %. Au-delà de l’importance de ce score, apprécié en termes de popularité du candidat vainqueur par rapport aux autres prétendants en lice, cette performance mérite d’être analysée pour mieux cerner les mobiles réels des masses populaires ayant voté Aziz le 21 juin.
Contrairement à ce que pensent les ténors du camp politique qui a boycotté ce scrutin, ceux qui ont voté en faveur du candidat MOAA l’ont fait essentiellement par conviction. Cela ne veut pas dire que des intérêts personnels ou des enjeux de tout ordre sont exclus. En politique, comme dans toute entreprise humaine, les intérêts personnels et/ou collectifs se mêlent parfois et se confondent. Une chose est sûre : ceux qui ont été derrière les isoloirs lors des dernières élections ont librement fait leurs choix.
Alors, la question suivante se pose : pourquoi la grande majorité des Mauritaniens a choisi le projet politique de MOAA pour un nouveau quinquennat ?
La réponse à cette question nous oblige à faire un rappel concis de ce qui a été concrètement fait durant le premier mandat du Président. Dans ce cadre nous pensons que, pour le citoyen lambda, des réalisations telles que la réhabilitation des gazras (squats) dans les grandes villes du pays, notamment à Nouakchott, à Nouadhibou, à Rosso, etc. , la subvention des denrées de première nécessité concrétisée par les boutiques Emel, la généralisation des poissonneries qui vendent le kilo du poisson à un prix symbolique, l’amélioration des services de Santé publique, la construction de plus de routes bitumées, le règlement de la question du passif humanitaire, l’institution de l’Agence Tadamoun pour lutter contre les séquelles de l’esclavagisme, la création et le renforcement d’institutions de micro-finance facilitant l’octroi de prêts en faveur des PME et des chômeurs, l’annulation des dettes des agriculteurs, la lutte contre la gabegie, le climat de sécurité qui règne dans le pays, les succès diplomatiques sur la scène internationale, l’engagement du président sortant de renouveler la classe politique une fois réélu, la discrimination positive à l’égard des femmes, sont des raisons suffisantes pour voter en faveur du candidat MOAA.
A ces facteurs s’ajoute bien sûr la grande capacité de mobilisation et d’encadrement du Parti de l’Union pour la République (UPR), la plus importante formation politique soutenant le candidat Aziz dont le Président, docteur Isselkou Ould Ahmed Izidbih, s’est investi corps et âme durant la campagne des élections présidentielles afin d’assurer le triomphe du candidat du Parti. Le rôle du reste des appuis du candidat MOAA, en particulier celui des autres partis de la majorité présidentielle et des acteurs politiques indépendants, mérite d’être signalé.
Enfin, Il est fort probable que les conséquences du « Printemps arabe » et l’instabilité politique qu’il a engendrée en Afrique du Nord et au Maghreb, couplées de l’activisme des groupes terroristes aux pays du Sahel, ont convaincu les sceptiques et les indécis de choisir la stabilité du pays, la préservation de son unité et la pérennité de ses institutions plutôt que l’anarchie, la dérive communautariste et l’aventurisme.
Dr Ahmed Ould El Moustaph