Notre pays a construit un plan stratégique pour le secteur portuaire qui comprend tous les éléments d'un cadre approprié afin de trouver des solutions aux besoins exprimés à tous les niveaux, notamment national, régional, local et sectoriel. La stratégie se distingue en ce qu'elle est fondée sur l'adoption des ports mauritaniens en levier économique adapté à la tendance mondiale et se transformant en gare incontournable sur les autoroutes maritimes. Elle se distingue également par le fait qu'elle adopte un plan d'investissement prenant en compte les capacités de financement disponibles et déterminant les priorités. Elle fait, des parties concernées, des partenaires dans l'élaboration des options ; et, des ressources humaines, un levier fondamental et essentiel pour obtenir l'efficacité nécessaire à la mise en œuvre des projets avec la qualité et la rapidité requises.

Le plan stratégique du secteur portuaire est considéré comme un cadre prospectif, global et cohérent pour le développement harmonieux des ports et une référence commune et partagée entre toutes les parties concernées par le secteur portuaire. Il prend en compte toutes les stratégies sectorielles, aborde la vision stratégique, identifie les objectifs et les stratégies adoptées pour les atteindre, et aborde, également, le plan de développement portuaire proposé

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Faire face à la demande croissante

Basée sur mon expérience acquise en tant qu’ingénieur expert en ce domaine depuis plus de deux décennies et responsable du bureau d’études B.E.MEGELEC, ma vision portuaire repose sur une stratégie de développement ambitieuse et cohérente avec les politiques d'aménagement du territoire national et de préservation de l'environnement, à travers l'adoption de pôles portuaires, s'inscrivant pleinement dans le choix de mettre en œuvre la régionalisation.

J’avais adressé, en 2011 au président de la République, un rapport détaillé sur ma vision portuaire. J’y expliquais la nécessité de pourvoir ce secteur vital et j’attends, depuis, une suite. Le secteur portuaire comprend plusieurs ports ouverts au commerce extérieur, trois ports pour la pêche, deux pour la pêche locale et six pour le divertissement. Le volume total de l'activité portuaire s'élève à plusieurs centaines de millions de tonnes. Ces ports enregistrent également plus de trente mille débarquements de navires. La réhabilitation du secteur, au cours des dix dernières années, a nécessité l'allocation d'investissements annuels d'une valeur de plus de deux cents millions de dollars. Durant cette période, la demande en ports ou les flux commerciaux qu’ils génèrent ont enregistré une croissance régulière, atteignant une moyenne de 6% par an, grâce aux politiques nationales de développement économique et social inscrites dans un contexte garantissant l'intégration de l'économie mauritanienne dans les économies régionales et internationales.

À cet égard, il convient de noter qu'il existe d'autres facteurs contribuant à accroître la demande, notamment les stratégies sectorielles adoptées, la proximité de l'Europe offrant des opportunités de libre-échange et de circulation des industries et de la logistique, en plus de la cristallisation du concept de « hub » (conteneurs et vrac), et l’ouverture de l’économie mauritanienne sur le Monde. Ils offrent de nombreuses opportunités au niveau national et extérieur, ce qui nécessite d’énormes investis-sements et l’allocation d’espaces pour le développement des ports. Parmi les stratégies sectorielles les plus importantes qui entraîneront une augmentation de la demande, on citera les stratégies adoptées dans les secteurs de l'énergie, de l'industrie, de la logistique, de la pêche côtière et du tourisme.

 

 

 

L'impact de ces politiques et stratégies sur la production

L'impact de ces politiques et stratégies sur la production et la consommation, outre l'exploitation des opportunités disponibles, entraînera une augmentation du rythme de la demande de ports d'ici 2030 et ce rythme sera intensifié par la pêche en haute mer et par les divertissements, activités qui se développent remarquablement. Face à cette forte demande future qui pourrait atteindre un chiffre d’affaires de plus de trois cents millions de dollars par an, il est nécessaire d’assurer la qualité des services offerts et améliorer la performance et la compétitivité du trafic portuaire afin que le système fournisse, sans délai, les réponses adéquates.

Les évolutions enregistrées et les transformations attendues à réaliser dans les tendances des espaces portuaires constitueront les traits fondamentaux du système portuaire au cours des vingt prochaines années. Toutefois, ces transformations doivent prendre en compte la relation harmonieuse entre la ville et le port, et, à mon avis basé sur ma conception technique portuaire, mon expérience et mes compétences, la stratégie portuaire doit adopter une nouvelle approche pour améliorer les performances et renforcer la compétitivité. Lancée avec le début de la mise en œuvre de la réforme du système portuaire, cette vision doit pouvoir produire de la valeur ajoutée pour tous les acteurs du secteur, renforcer la compétitivité de l'économie nationale et réaliser le développement des différentes entités, conformément à la régionalisation dans laquelle nous nous sommes engagés. Compte-tenu de son importante situation géographique, notre pays aspire à occuper une position de premier plan sur le marché du transbordement dans l’océan Atlantique et à exploiter toutes les opportunités disponibles dans la région.

La politique portuaire que je vous propose vise à répondre simultanément aux exigences économiques et politiques, en répondant à la demande de ports et en contribuant à la réalisation des objectifs politiques nationaux, qui se traduisent principalement par l'appréciation des avantages comparatifs et l'obtention d'une part appropriée dans les échanges commerciaux à travers l’océan Atlantique et par la contribution à établir les équilibres régionaux, tout en soutenant le dynamisme économique.

 

Stratégie portuaire pour les vingt prochaines années

Cette stratégie repose sur la contribution au développement économique et social aux niveaux national et régional, bénéficiant à toutes les parties prenantes. Cette contribution s'incarne dans la fourniture d'infrastructures, d'installations et de services portuaires aux normes internationales, ainsi que dans l'amélioration des opportunités et la production de valeur ajoutée pour les opérateurs économiques et les citoyens, tout en respectant les normes d'exploitation responsable et durable de l'environnement.

La stratégie portuaire repose sur les sept axes suivants : chercher à améliorer la performance en encourageant l'innovation ; améliorer les performances logistiques ; évaluer au mieux les infrastructures portuaires ; se positionner dans le contexte national، régional et international ; profiter du rôle structurant des ports ; intégrer les objectifs environnementaux et urbains dès la conceptualisation des projets d'investis-sement ; savoir s'adapter aux changements qui surviendront à long terme.

Cette stratégie s'appuie également sur neuf pôles portuaires contribuant à instaurer une régionalisation stratégique autour d’un grand port jouant un rôle central et essentiel dans l'aménagement du Territoire et la mise en œuvre des stratégies sectorielles. Les autres ports jouant un rôle complémentaire ou de spécialisation, l'aspect général de chaque pôle va changer au cours des deux prochaines décennies. Chacun d’eux a des missions particulières. La mise en place d'infrastructures dans le secteur portuaire au cours des vingt prochaines années nécessite des investissements très importants et l'alignement, entre les ambitions de la stratégie portuaire et la demande croissante, en raison des transformations majeures que celle-ci connaîtra au cours des dix prochaines années, dépendra de la mise en œuvre progressive de ces investissements, selon des priorités préalablement définies et des tendances, garantissant une réponse adaptée aux nouvelles demandes des ports, en fonction des changements qui pourraient survenir ultérieurement.

Le programme d'investissement porte, soit sur le financement de projets stratégiques essentiels pour façonner l'avenir du système portuaire, soit sur le financement de projets importants qui peuvent être reportés, en attendant le moment et les conditions appropriées nécessaires à leur lancement, soit encore sur le financement de projets liés à des opportunités d'investissement ou des projets industriels autour desquels certains doutes surgissent. Ces investissements sont financés par l'État, les agences portuaires, ou des acteurs privés du secteur, dans le cadre de contrats de concession ou celui d'un partenariat entre les secteurs public et privé.

La mise en œuvre de la stratégie portuaire que je vous propose repose sur l’idée principale de s’appuyer sur une planification ouverte et non pas sur un programme d’investissement pluriannuel prévu sur les vingt prochaines années. Tout au long de la phase de mise en œuvre, le programme d'investissement serait modifié et adapté à l'élaboration des stratégies sectorielles nationales et internationales, à celle des stratégies des acteurs nationaux et internationaux, ainsi qu'à l'évolution de la demande réelle en ports, afin permettre à notre pays d’exploiter les opportunités disponibles.

Concluons. Pour que la stratégie portuaire soit pratique, les pouvoirs publics doivent disposer d'un outil de suivi qui leur permette de déterminer le moment approprié pour réaliser l'investissement et de déterminer la préparation adéquate à celui-ci. Cela s'applique à chaque port dans le cadre de sa vision à long terme au sein du système portuaire mauritanien. C'est pourquoi cet outil s'appuie sur des parcours d'investis-sement couvrant différentes options afin de répondre à la demande de ports lorsque l'offre devient inadaptée. Il s'appuie également sur des indicateurs d'alerte permettant à la gouvernance portuaire de prédire l'évolution de la demande.

 

Cheikh Ahmed ould Mohamed

Ingénieur

Chef du service « Etudes et développement »

Établissement portuaire de la Baie du repos (Nouadhibou)