
Le Calame : Suite à la polémique concernant le marché de fourniture d’équipements médicaux engagé par l’Armée au profit du ministère de la Santé, qu’est-ce qui a poussé le groupe T2S à s’adresser à l’opinion publique mauritanienne à ce moment précis ?
Maitre Ahmed Salem Bouhoubeyni : Le groupe marocain T2S est présent en Mauritanie depuis vingt ans et ne s’est jamais adressé à l’opinion publique auparavant, tout simplement parce qu’il a toujours été pleinement engagé dans sa mission principale : fournir des équipements médicaux de haute qualité, dans le cadre d’une coopération constructive et responsable avec les autorités administratives et militaires, au service de la santé publique en Mauritanie.
C’est à dire 20 ans de solutions au service de la santé et non des polémiques.
Durant toutes ces années, les efforts du groupe ont été orientés vers la réalisation de ses projets avec sérieux et efficacité qu’il s’agisse de l’équipement des hôpitaux de Nouakchott, Kiffa, Nouadhibou, avec une garantie de trois ans, ou de la maintenance des installations ou de leur suivi. Cette implication constante a conduit le groupe à privilégier le travail de fond, dans la discrétion, plutôt que l’exposition médiatique.
Mais aujourd’hui, face à la diffusion d’informations inexactes et d’enregistrements faussement attribués à l’un de ses responsables, la situation a changé. Il est devenu nécessaire de s’exprimer afin de rétablir la vérité auprès de l’opinion publique, en toute transparence et avec sens des responsabilités.
Nous sommes donc sortis pour clarifier les faits après la diffusion d’enregistrements sonores attribués à tort à Mme Hanane Alami, directrice du développement international du groupe. Il était de notre devoir de replacer les faits dans leur contexte, afin de protéger les personnes concernées et la réputation de l’institution.
Je crois savoir que c’est réussi, l’opinion publique nationale en est consciente aujourd’hui après nos différentes sorties et déclarations publiées d’ailleurs dans le site d’informations Alakhbar qui était l’origine de la publication.
Les enregistrements audio qui circulent sont-ils authentiques ?
Un seul enregistrement est reconnu par Mme Hanane Alami. Il a été obtenu sans son consentement et son contenu est strictement technique, relatif aux réglages des équipements médicaux.
Le second enregistrement dans lequel on lui attribue des contacts avec des militaires, en revanche, est totalement faux. Nous le considérons comme une usurpation manifeste de son identité et une fabrication visant à lui nuire.
Des doutes ont été soulevés quant à l’origine et à la qualité des équipements. Que répondez-vous ?
Ces allégations sont infondées. Les équipements fournis par T2S par le passé sont d’origine américaine à hauteur de 80 % et allemande à 20 %. Ils sont parfaitement conformes aux cahiers des charges, assortis d’une garantie de trois ans et d’un suivi technique continu.
Quel est le parcours du groupe T2S en Mauritanie ?
D’abord permettez-moi de vous dire que T2S est une société qui œuvre pour le développement de systèmes de santé performants, résilients et innovants au Maroc et en Afrique.
T2S fournit le matériel le plus performant des constructeurs qui lui ont fait confiance.
Présent dans plusieurs pays africains, le groupe a une ambition constante : mettre l’innovation technologique au service d’une santé de qualité.
En Mauritanie, le groupe T2S opère depuis vingt ans et au Maroc depuis plus de trente-cinq ans. Il a réalisé d’importants projets structurants au profit des hôpitaux relevant du ministère de la Santé et de l’administration militaire, dans le cadre de partenariats responsables et durables.
Que répondez-vous à ceux qui mettent en doute la crédibilité du groupe ?
La continuité est la meilleure des preuves. Une entreprise qui exerce depuis un quart de siècle dans un pays ne construit pas sa réputation par hasard, mais sur la qualité, l’engagement et la confiance mutuelle avec ses partenaires, autrement elle aurait réussi une affaire et se verrait exclue du marché.
Certains s’interrogent sur le fait que l’Armée ait pris en charge un dossier relevant du secteur de la Santé. Comment l’expliquez-vous ?
Il faut être clair : c’est une démarche parfaitement louable. Lorsqu’il y a urgence sanitaire, nous devons nous allier, et non nous opposer. L’implication de l’Armée nationale, aux côtés de T2S, vise précisément à faciliter et à accélérer les procédures afin que le matériel soit disponible le plus rapidement possible.
Vous savez comme moi que lorsque les procédures sont engagées exclusivement par le ministère de la Santé, elles peuvent être longues, complexes et soumises à des délais rigoureux. L’Armée, elle, n’est pas soumise à ces mêmes contraintes administratives, ce qui permet d’agir plus rapidement lorsque l’enjeu est vital.
Grâce à cette procédure, le matériel sera livré dans un délai d’environ trois mois. Dans le cas contraire, il aurait fallu s’attendre à des délais beaucoup plus longs, difficilement compatibles avec l’urgence médicale. Or, la santé des malades ne peut pas attendre.
C’est précisément pour cela que nous devons être cohérents : nous qui défendons régulièrement le droit à la santé et dénonçons l’absence de mesures spécifiques pour le garantir, nous ne pouvons pas critiquer un mécanisme qui permet concrètement d’assurer une prise en charge plus rapide des patients. L’objectif est clair et partagé : gagner du temps, et donc sauver des vies.
Ça va dans le sens du rapport que j’ai présenté au président de la République au nom de la commission nationale des droits de l’homme sur la santé.
Des allégations de corruption ont également été évoquées dans ce dossier. Quelle est votre position sur ce point ?
Sur ce plan précis, je ne dispose d’aucun élément pour juger et ne suis pas habilité à cet effet.
En revanche, je constate — et c’est malheureusement devenu une habitude ces derniers temps — que des accusations graves sont souvent lancées de manière gratuite, sans éléments établis.
Ces accusations portent atteinte à l’honneur des personnes visées, qui les encaissent pourtant avec beaucoup de dignité. Certains choisissent de ne pas répondre, dans une démarche que l’on peut juger discutable, mais qui reste compréhensible : c’est une façon de dire « je n’ai rien à me reprocher».
Cela dit, je ne peux pas laisser passer l’occasion de rappeler clairement une chose : mon engagement contre la corruption et contre le détournement des deniers publics est constant et immuable. C’est un principe fondamental qui guide mon action, sans exception.
Chez moi, il n’y a aucune ambiguïté : toute personne ou toute démarche qui défend réellement l’intérêt de ce pays mérite d’être soutenue, et toute pratique contraire à l’éthique et à la loi doit être combattue, sans complaisance
Envisagez-vous des actions en justice ?
Nous privilégions toujours l’explication et le dialogue. Toutefois, le groupe se réserve pleinement le droit d’engager toutes les procédures judiciaires nécessaires, pénales comme civiles, contre toute personne auteur de la fabrication, l’usurpation d’identité ou la diffusion d’informations mensongères. J’ai reçu mandat à cet effet.
Quel message souhaitez-vous adresser à l’opinion publique ?
Je pense que les messages ont été suffisamment relayés ces derniers jours pour ne plus avoir besoin d’interpeller l’opinion qui sait déjà d’une part que le second enregistrement audio imputé à madame Hanane Alami est un faux et que d’autre part T2S n’a jamais en 20 ans livré de matériel douteux.
Je conclus cependant en vous posant une question à mon tour : Trouvez-vous normal que l’on mette en doute la performance d’un matériel qui n’a pas encore été livré, alors que le même fournisseur T2S équipe les hôpitaux de la Mauritanie (Nouakchott, Nouadhibou, Kiffa) depuis vingt ans avec des équipements installés conformément aux normes, garantis trois ans, régulièrement maintenus par T2S et à ce jour non seulement pleinement opérationnels mais dont certains sont arrivés à leur fin de durée de vie?
C’est pour le moins incohérent et dénote d’une volonté de nuire à la société.
Propos recueillis par Ahmed Ould Cheikh




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