
Passif humanitaire : le FONADH réclame vérité et justice transitionnelle avant toute indemnisation
Le Forum des Organisations Nationales de Droits Humains en Mauritanie (FONADH) a rendu publique une déclaration dans laquelle il dit suivre, avec attention, les démarches engagées par l’État mauritanien visant à résoudre la question du passif humanitaire, issue des graves violations des droits humains ayant marqué l’histoire récente du pays. Tout en reconnaissant les efforts entrepris par les autorités pour indemniser les victimes, le FONADH estime que ces mesures ne sauraient être efficaces ni durables, sans l’inscription de ce processus dans un cadre global de justice transitionnelle. Une démarche qui, selon le Forum, doit garantir la vérité, la reconnaissance officielle des souffrances, le devoir de mémoire et des réparations justes, en vue d’une réconciliation nationale authentique.
Dans sa déclaration, le FONADH relève que la société mauritanienne demeure divisée sur la question : si certaines victimes souhaitent une indemnisation immédiate, d’autres rejettent toute compensation en l’absence d’un processus préalable de vérité et de justice permettant d’établir les responsabilités. Le Forum souligne qu’« il est impossible de bâtir une Mauritanie solide, juste et durable sur la base du silence, du mensonge ou de l’oubli ». Il insiste sur le fait que la vérité constitue la première étape indispensable à toute réconciliation réelle et définitive, et que la cohésion nationale ne peut se construire sans la reconnaissance de la dignité des victimes. Le FONADH appelle ainsi l’État à engager un dialogue inclusif, impliquant toutes les parties concernées, notamment les victimes ; à assurer une communication transparente sur le processus en cours et à mettre en place un mécanisme indépendant, crédible et clairement défini de justice transitionnelle, avant toute décision finale liée aux indemnisations.
La déclaration fait également référence au drame d’Inal, où vingt-huit soldats mauritaniens avaient été pendus en 1991 ; rappelant ainsi que la célébration de l’Indépendance ne saurait s’accompagner de l’oubli de ces événements tragiques. Pour le Forum, seule une confrontation courageuse avec le passé permettra à la Mauritanie de se réconcilier avec elle-même. Enfin, le FONADH invite les autorités à s’inspirer des expériences du Maroc et de l’Afrique du Sud en matière de justice transitionnelle. Il réaffirme sa disponibilité à contribuer activement à tout processus visant la vérité, la réparation et la réconciliation nationale, pour une Mauritanie unie, respectueuse des droits humains et tournée vers un avenir apaisé.
Vers une Encyclopédie nationale pour préserver et valoriser le patrimoine artisanal mauritanien
Un atelier national de validation du Projet d’Encyclopédie de l’Artisanat mauritanien, une initiative majeure destinée à préserver, documenter et transmettre un patrimoine immatériel menacé, s'est tenu le 25 Novembre dernier. Organisé par le ministère de la Formation professionnelle, de l’Artisanat et des Métiers, l’évènement marque une étape décisive dans la mise en place d’un outil national inédit : une encyclopédie dédiée aux savoir-faire artisanaux du pays. Face aux mutations économiques, à l’industrialisation croissante et à l’évolution des modes de production, de nombreuses activités artisanales traditionnelles – tissage, cordonnerie, poterie, maroquinerie, teinture, tressage… – se retrouvent aujourd’hui fragilisées. Sans une action de sauvegarde, plusieurs de ces pratiques risquent de disparaître, emportant avec elles une part essentielle de la mémoire culturelle du pays.
C’est dans ce contexte que le gouvernement a inscrit la fondation d’une Encyclopédie de l’Artisanat mauritanien au rang de priorité nationale, comme l’a rappelé le ministre de la Formation professionnelle, Mohamed Melaynine ould Eyih, lors de la cérémonie d’ouverture. Il a souligné que cet outil scientifique répond à un impératif de préservation d’un patrimoine d’une richesse exceptionnelle, transmis oralement et rarement consigné de manière systématique. L’Encyclopédie ambitionne de devenir la première référence nationale dédiée aux métiers, techniques, objets et savoir-faire de l’artisanat mauritanien. Selon le secrétaire général de la Commission nationale pour l’éducation, la culture et la science, r Mohamed Sidi Abdallah, elle constituera «l’un des fondements de la sauvegarde du patrimoine culturel national », tout en garantissant une transmission fidèle des connaissances artisanales aux générations futures.
Le vice-président du comité scientifique, Kane Mamadou Hadia, a insisté sur la dimension unificatrice du projet : en valorisant les traditions artisanales de l’ensemble des communautés du pays, l’Encyclopédie contribuera à renforcer l’unité nationale et à promouvoir une identité culturelle partagée, sur les plans régional et continental. La coordinatrice du projet et directrice générale de l’Artisanat, madame Mariem Kane, a présenté l’Encyclopédie comme un « instrument de mémoire nationale fondé sur une méthodologie rigoureuse ». Le projet prévoit la collecte, la classification et la description détaillée des métiers et techniques artisanales, ainsi que la numérisation des contenus, afin de garantir une accessibilité durable. À travers ce projet d’envergure, la Mauritanie s’engage dans une démarche structurée de préservation de son patrimoine immatériel. Une fois achevée, l’Encyclopédie de l’Artisanat mauritanien deviendra un outil scientifique, pédagogique et culturel incontournable, garantissant la transmission d’un héritage pluriséculaire et renforçant la place de l’artisanat dans le développement national.
Nouvelle flambée de violences à Haayre Gollere
Des heurts ont éclaté, le 23 Novembre dernier, entre habitants peuls et haratines dans la localité de Waalo (Bababé, Brakna), faisant six blessés graves dont deux victimes de fractures, qui ont été transférés vers l’hôpital de Boghé. Ce nouvel épisode s’inscrit dans un conflit foncier persistant autour des terres agricoles. Deux agriculteurs, Samba Diallo et Silèye Penda Thiatel, auraient été agressés alors qu’ils travaillaient dans leur champ. Les positions restent opposées : certains estiment que les terres auraient été attribuées aux Haratines en 1989, tandis que les Peuls affirment les exploiter depuis le XVIIème siècle. Dans ce contexte de tensions croissantes, les autorités sécuritaires ont procédé à de nombreuses arrestations. Malgré les médiations menées l’an dernier, les habitants redoutent une nouvelle escalade dans la commune de Haayre Mbar.




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